Entourages n°87 : Harcèlement et déloyauté • Le protocole, objet politique • Recrutements • Nominations
La lettre des métiers politiques
Au sommaire de ce numéro 87 :
🚩Harcèlement : accuser ses collaborateurs de « déloyauté » n’est pas une bonne stratégie. Une tribune énervée d’Entourages.
💂♂️ “En matière de relation politique, toutes les règles sont soumises au protocole”. Règles de préséances, cadeaux, comment s’adresser à un élu, organisation de manifestations… Fabrice Jobard est conseiller en communication institutionnelle et a écrit « Le petit guide du protocole » qui réunit les règles écrites et tacites de savoir-vivre, de politesse et de relations publiques. Notre Interview sur la relation entre protocole et politique.
🤯 Quand le protocole dérape. La gestion du protocole, les directeurs de cabinet y sont confrontés au quotidien. Parfois, cela peut amener à quelques écarts… plus ou moins cocasses. Témoignages.
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🚩Harcèlement : accuser ses collabs de « déloyauté » n’est pas une bonne stratégie
Invoquer une “déloyauté” des collaborateurs parlementaires est une stratégie de défense relativement classique en politique face aux accusations de harcèlement. Mais elle ne correspond plus à la réalité du métier des collaborateurs parlementaires. Une tribune de Fabrice Pozzoli-Montenay.
Lors du récent procès pour harcèlement de Laetitia Avia, l'un des avocats de l’ancienne députée a accusé les ex-collaborateurs parlementaires de « trahison » et de « déloyauté ». Avec tout le respect qui nous devons à ce ténor du Barreau, nous estimons à Entourages que ce n’est pas une bonne stratégie.
Lorsque cinq ex-collaborateurs sentent le besoin d’aller en justice, après avoir alerté le déontologue et les services de l’Assemblée, on peut considérer qu’un vrai souci se pose dans la gestion de l’équipe parlementaire. L’ex-députée conteste les accusations, et évoque des « blagues » et « gamineries ». Une défense que d’autres élus ont parfois tenté, et qui ne produit pas les résultats attendus.
Il faut savoir distinguer le professionnel de l’affectif : non, les collaborateurs ne sont pas des « membres de la famille ».
Non, les collaborateurs ne sont pas à la disposition de l’élu(e ) 24h/24, 7 jours sur 7.
Non, un collaborateur qui pleure sur son lieu de travail n’est pas « en train d’apprendre le métier ».
Oui, les collaborateurs ont le droit de se reposer.
Non, des propos sexistes, racistes, homophobes n’ont pas plus leur place dans les bureaux de l’Assemblée nationale que dans toute entreprise ou lieu public.
Une fiche de poste définit les missions et tâches à accomplir de chaque collaborateur, ce n’est pas une simple formalité administrative mais un document contractuel.
Si une « culture de l’informel » existe bien dans les milieux politiques, cela n’autorise l’abolition du formel dans le cadre professionnel. Car il arrive que les élus ne réalisent pas que leur comportement franchit les limites professionnelles. Ils ont souvent évolué dans des milieux militants, où l’engagement et le bénévolat sont monnaie courante. De nombreux nouveaux députés n’ont pas la pratique de la gestion d’équipe, n’ayant pas exercés de mandat local auparavant. Une conséquence, parmi d’autres, du non-cumul des mandats. Le passage à l’Assemblée marque un changement d’environnement qui n’est parfois pas pleinement perçu. Mais après quelques mois, cette évolution doit être menée à bien et mise en œuvre.
Comme l’écrivait Tris Acatrinei, de Projet Arcadie, dans notre « Guide des relations entre élus et collaborateurs parlementaires » :
« Certains députés, mis sous pression, ne se rendent pas toujours compte que leur attitude n’est pas correcte. Dès lors, si le député formule des demandes en dehors du cadre prévu par la fiche de poste, le collaborateur peut refuser. Un collaborateur parlementaire n’est pas un assistant personnel : il ne garde pas les enfants de son député employeur, il ne va pas faire ses courses, il ne l’accompagne pas en vacances, etc. Il ne dort pas non plus à l’Assemblée nationale : cela est strictement interdit, pour des raisons de sécurité. De la même manière, le député n’est pas le confident des collaborateurs parlementaires. Les échanges doivent rester strictement professionnels. Le vouvoiement est conseillé. Le collaborateur parlementaire doit veiller à ne pas faire état de sa vie privée — sauf cas spécifiques — sur son lieu de travail. »
Les députés votent les lois. Elles s’appliquent dans les entreprises et la société civile. Il est indispensable qu’ils s’appliquent les règles du droit du travail qu’ils ont voté, même s’ils estiment que leur fonction est « particulière ».
La procureure de la République a requis un an d'emprisonnement avec sursis, cinq ans d'inéligibilité et 10000 euros d'amende à l'encontre de l'ex-députée.
On peut cependant se réjouir d’une chose : l’ex-déontologue de l’Assemblée nationale indique dans son rapport 2022 que « la cellule d’écoute anonyme, très professionnelle, n’a rendu compte cette année que d’un très petit nombre d’agissements suspects et que je n’ai pas eu à mettre en œuvre les pouvoirs d’enquête qui sont désormais confiés au Déontologue. » Douze signalements ont été effectués en 2021, dont un a été transmis à l’autorité judiciaire, indique-t-il. Peut-être que les relations collaborateurs-élus connaissent enfin une phase de normalisation. Ce qui serait une excellente nouvelle pour les métiers politiques.
Fabrice Pozzoli-Montenay, directeur d’Entourages
▶️Le livre blanc d’Entourages « Bienvenue à l’Assemblée nationale : guide des relations entre élus et collaborateurs parlementaires » est en téléchargement libre
💂♂️ “En matière de relation politique, toutes les règles sont soumises au protocole”
Fabrice Jobard est conseiller en communication institutionnelle et a écrit « Le petit guide du protocole ». Les règles de préséances, la manière d’offrir un cadeau, la façon de s’adresser à quelqu’un, l’organisation de manifestations… l’ouvrage réunit les règles écrites et tacites de savoir-vivre, de politesse et de relations publiques.
-En quoi le protocole est-il politique ?
Fabrice Jobard : Le protocole, c’est la consolidation des rapports de force institutionnels à un instant t. En France, le protocole s’appuie sur le décret de 1989 qui a été très peu actualisé, créé à la demande de François Mitterrand, à l’époque de l’arrivée à maturité des lois de décentralisation. C’est l’époque des maires entrepreneurs. À l’arrivée de nombreuses compétences locales, ils prennent le pouvoir notamment de façon symbolique dans les manifestations publiques. Mitterrand demande donc à un préfet de repenser l’ordre de préséance en mettant l’État en première ligne. Le protocole est politique parce qu’il cristallise ces rapports de force et remet l’État au centre du village.
…
(excusez-nous de l’interruption, mais c’est important)
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