Entourages n°86: A-t-on vraiment besoin de conseillers ministériels ? • Claire-Marie Duvivier, Super-dircab et Super-maman • Recrutements • Nominations
La lettre des métiers politiques
Au sommaire de ce numéro 86 :
🧨 Les conseillers politiques doivent-ils disparaître ? Dans sa chronique, Mahaut Chaudouët-Delmas s’interroge sur la nécessité des conseillers ministériels. Elle revient sur leur origine, leur nature et propose une comparaison avec nos voisins allemands.
🦸♀️ Claire-Marie Duvivier, Super-Dircab et Super-Maman. Avant d’être directrice de cabinet de Rodolphe Amailland, le maire de Vertou, Marie-Claire Duvivier a été consultante en cabinet de conseil. Cette liberté inhérente à la profession libérale lui a permis de développer des compétences précieuses pour le poste qu’elle occupe aujourd’hui, mais aussi de vivre une vie de famille pleine et entière.
Sondage Entourages : des collaborateurs volages ?
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🧨 Les conseillers ministériels doivent-ils disparaître ?
La chronique de Mahaut Chaudouët-Delmas, ancienne conseillère politique, chargée d’études au Haut conseil à l’égalité.
Dans la lettre n°59 d’Entourages, nous nous demandions déjà si l’exigence de loyauté des collaborateurs ne confinait pas parfois à un système “d’adorateurs ou d’obligés dont la compromission serait totale sur le plan des convictions”, et, si, à ce titre, elle ne justifiait pas à elle seule une suppression stricte des entourages politiques au sein des administrations.
Le film L’Exercice de l’État de Pierre Schoeller (2011) illustre avec éloquence l’ambiguïté des rapports entre conseiller et responsable politiques. Lors de la mise en oeuvre de la réforme qui les opposent, le ministre des Transports, Bertrand Saint-Jean (Olivier Gourmet), dit, larmoyant, à son directeur de cabinet (Michel Blanc) « Ce n’est pas quelques cars qui vont bousiller 10 ans d’amitié comme la nôtre, pas toi Gilles ! Cette amitié nous oblige, toi comme moi ». En entretenant des relations étroites, privilégiées, parfois amicales, “obligées”, le personnel direct des plus hautes figures qui nous gouvernent ne perd-il pas en pertinence et en neutralité pour orienter les arbitrages politiques ?
Les conseillers ministériels, une nécessité ?
Les responsables politiques ont certes besoin d’être accompagnés techniquement, juridiquement, stratégiquement, politiquement dans leurs prises de décision. Mais ont-ils besoin de professionnels directement à leur main, au sein d’une équipe rapprochée et choisie, pour être éclairés de la sorte ? Car bien souvent les responsables politiques naviguent dans des organisations dans lesquelles ils peuvent d’ores et déjà s’appuyer sur des fonctionnaires et agents publics très compétents, qui ne font pas partie de leurs cabinets.
L’entourage des politiques, un principe ancien en France
Les cabinets ministériels sont pourtant particulièrement pléthoriques en France, contrairement par exemple à nos voisins allemands, qui connaissent des conseillers moins bien nombreux auprès des ministres ou des responsables des länders. Le site du ministère fédéral des Affaires étrangères allemand fait par exemple apparaître que la ministre est assistée par 5 collaborateurs, soit 10 conseillers ministériels de moins que le cabinet de son homologue française. La politisation des ministères est bel et bien une caractéristique française. Il s’agit depuis longtemps, dans la tradition napoléonienne, de faire des cabinets ministériels des structures de gouvernance au service d’une vision politique, comme un îlot autonome de l’administration. Ce faisant, le cabinet fonctionne tantôt en marginalisant tantôt en dictant ses vues aux services, puisque les ministres ont aussi besoin de l’administration pour mettre en place leur vision, ce qui ne manque pas de créer une relation très ambigüe entre cabinets et administrations.
À ce titre, une des promesses du président Macron était de réduire les conseillers au nombre de 10 par cabinet, expérience activée par un décret de mai 2017, mais qui a tourné court avec les besoins urgents et décuplés pendant la pandémie de la Covid-19. Le temps de son effectivité cependant, les sollicitations à l’administration, notamment aux directeurs d’administration centrale, ont été en toute logique bien plus nombreuses. La responsabilisation politique de l’administration s’est traduite concrètement par une plus grande production de notes d’aide à la décision, un effort de concision et de projection stratégique dans le conseil, une participation accrue aux réunions de cabinets ou aux entretiens ministres, comme le décrit un article d’Acteurs publics dédié à ce sujet.
Les profils administrateurs, des ressources clés
Si la question est donc de savoir s’il faut des personnes capables de satisfaire le besoin de technicité inhérent à toute décision publique ou politique que va prendre un responsable, on répond évidemment. Mais si la question est de savoir si ce besoin de technicité incombe à des fonctionnaires de toute administration ou à une équipe rapprochée, très rapprochée, qui a priori aura plutôt la spécificité d’être idéologiquement alignée avec la personnalité qu’elle sert, c’est moins sûr.
Si elle pose certes des enjeux de neutralité de la fonction publique qu’il faut bien anticiper et cadrer, la responsabilisation politique de l’administration dans les projets politiques est intéressante à plusieurs égards : d’abord, elle instaure de la souplesse dans l’organisation hiérarchique et dans des appareils souvent qualifiés de bureaucratiques. Elle redonne aussi du sens à l’action publique pour certains métiers administratifs qui sont parfois en recherche d’impact et de terrain. Enfin en constituant des équipes stables et anciennes pour aider les responsables à s’approprier l’agenda politique et à construire une feuille de route, elle permet de diversifier les profils de ministres, notamment issus de la société civile.
Les conseillers politiques ne sauraient donc être totalement supprimés, mais ils pourraient travailler de concert avec l’administration, souvent gage d’une plus grande technicité, d’une épaisseur historique sur le fond des sujets du fait de leur longévité, et d’une impartialité naturellement plus importante, qui permet notamment d’éviter de potentiels conflits d’intérêt.
Mahaut Chaudouët-Delmas
Lire aussi dans Politico l’interview de François Hollande : “La politique, ce n’est pas seulement pour “gonfler son carnet d’adresses”
“Je pense qu’il y a trop de conseillers ministériels”, tranche l’ancien président, tout en rappelant qu’Emmanuel Macron avait pourtant tôt fait le vœu d’en réduire le nombre. “Ce qui peut heurter, c’est des personnes qui ne sont pas membres de l’administration et qui par les positions, les informations qu’elles ont pu acquérir, vont ensuite dans le secteur privé.”
🦸♀️ Claire-Marie Duvivier, Super-Dircab et Super-Maman
Avant d’être directrice de cabinet de Rodolphe Amailland, le maire de Vertou, Claire-Marie Duvivier a été consultante en cabinet de conseil. Cette liberté inhérente à la profession libérale lui a permis de développer des compétences précieuses pour le poste qu’elle occupe aujourd’hui, mais aussi de vivre une vie de famille pleine et entière.
À 41 ans, vous avez quatre enfants et pourtant aucun trou dans votre CV, comment avez-vous fait ?
Lorsque j’étais à mon compte, j’emmenais mes enfants partout. C’était naturel pour moi. Tous mes clients les ont vu. Je n’imaginais pas arrêter de travailler, je n’ai jamais pris de congé maternité. Je suis tout à fait capable de travailler avec mes enfants sur les genoux, et si ça ne convenait pas aux clients, ils pouvaient engager d’autres consultants. Je ne voyais pas les choses autrement. Je ne me voyais pas arrêter de travailler, mais je ne me voyais pas non plus renoncer à ma vie de famille.
Je me revois avec mon ainée. Nous habitions à Paris, elle avait 15 jours, j’animais une conférence, elle était sur moi, dans son porte-bébé. Ce n’était pas un frein et j’étais très contente de les avoir avec moi. Quand j’ai pris mes fonctions à Vertou, j’en ai discuté avec mon mari et il a pris le relais pour s’occuper des enfants. Aussi, j’ai la chance de vivre et travailler au même endroit. Je ne pourrais pas assumer cette fonction sans tout faire dans un rayon de quelques kilomètres. Dircab, c’est une fonction qui vous absorbe complètement, elle prend possession de vous.
…
(excusez-nous de l’interruption, mais c’est important)
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