Entourages n°53 : Lola Escorsa, Nicolas Thibault, Dextera, Civis, nominations
La lettre des métiers politiques
Lola Escorsa, de la « cage dorée » européenne au travail d’arrondissement à Lyon
Passer directement du Parlement européen à un cabinet de collectivité locale, voilà un parcours qui n’est pas courant parmi les directeurs de cabinet français. Lola Escorsa, directrice de cabinet de Pierre Oliver (2e arrondissement de Lyon) nous explique son parcours, ses choix et ses missions.
-Vous avez commencé votre parcours dans les sphères européennes, comment êtes-vous devenue directrice de cabinet de Pierre Oliver, maire du deuxième arrondissement de Lyon ?
Alors que je faisais des études en école de commerce, j'ai suivi un double diplôme "droit européen des affaires", puis décidé de faire une année de césure. J'ai alors eu la chance de trouver un stage au Parlement européen, auprès de Jérôme Lavrilleux, via un ami qui était en stage dans son bureau. J'avais une passion pour les grandes institutions : les institutions européennes, mais aussi humanitaires comme l'ONU. Après quelques mois de stage, l'opportunité d'un poste d'assistante parlementaire est apparue, et j'ai postulé. J’ai été acceptée et suis donc devenue assistante parlementaire accréditée. Je me suis aussi inscrite à SciencesPo Grenoble pour finaliser un Master en gouvernance européenne à distance pour deux ans. J'ai eu beaucoup à apprendre d'un coup ! Avec mon député, je suivais la commission Emploi, alors que de gros dossiers affluaient : travailleurs détachés, volet social du paquet mobilités, coordination des systèmes de sécurité sociale... et les week-ends, j’étudiais pour mon Master.
J'ai été au bout du mandat avec Jérôme Lavrilleux, qui ne s'est pas représenté, et j'ai alors rejoint le bureau de Geoffroy Didier. Un an plus tard, un ami de Lyon connaissait Pierre Oliver, nouveau maire du 2e arrondissement de Lyon, et m'a indiqué qu'il recherchait quelqu'un à son cabinet. J'ai fait un petit bilan : après quatre années au Parlement européen, j'avais un peu fait des différentes missions qui pouvaient m’être confiées, et j'ai eu un peu peur de m'enfermer dans la "cage dorée" européenne, de ne plus avoir l'opportunité de partir et de me confronter à la "vraie vie". Les choses se sont faites très rapidement, j'ai écrit, on s'est appelé, et je suis devenue sa directrice de cabinet.
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🎤 La suite de l’interview de Lola Escorsa
🏛 Nicolas Thibault, 20 années comme collaborateur au Parlement
👩💼👨💼Statut des dircabs : Dextera rencontre Stanislas Guerini
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- Vous n'aviez donc aucune implication personnelle à Lyon ? On dit souvent que le dircab a une relation importante avec le terrain.
Lola Escorsa : Il n'y a pas de manuel du directeur de cabinet : il faut être en relation avec les acteurs territoriaux, institutionnels... Chaque directeur de cabinet a un quotidien différent. Le maire voulait surtout quelqu'un qui sache écrire, rédiger des notes, des communiqués de presse, en ayant un cabinet jeune, comme lui. C'est ma troisième rentrée à la mairie du 2e, et je me sens maintenant à l'aise avec les acteurs. Nous sommes une équipe jeune, ce qui peut créer parfois un manque de confiance. Cela a été un travail de longue haleine de créer un vrai fonctionnement du cabinet.
- Il est rare, chez les dircabs français, d'avoir cet "angle" européen.
J'ai adoré mon expérience au Parlement européen, mais j'avais un peu peur de m'y enfermer. Un assistant devient soit fonctionnaire européen, soit passe dans le lobbying, les évolutions sont assez limitées. Directrice de cabinet, j'ai une équipe, et le niveau local reste essentiel pour réaliser ce qui est fait au niveau législatif. Les directives et règlements européens ont des impacts très globaux, les transpositions concrètes ne se ressentent presque pas en arrondissement. Passer par le niveau local permet d’en comprendre réellement les enjeux.
- Quelles sont vos tâches principales en tant que directrice de cabinet ?
Je joue un rôle de relation avec les acteurs locaux, avec un maire qui est très présent sur le terrain. Je gère aussi les problèmes du quotidien, de la demande de salle à la taille des arbres. En arrondissement, on est dans la proximité. Je travaille beaucoup la préparation des conseils d'arrondissement et conseils municipaux ; j'ai une fonction RH en tant que directrice de cabinet, avec six personnes à gérer. Il y a la partie organisation, gestion de l'agenda et des déplacements du maire ; je suis en même temps directrice de la communication, ce qui est classique en arrondissement. On gère toute la partie « animation » de l'arrondissement, avec le pôle "animation et évènementiel", composé de trois personnes. Et il y a les relations avec les élus : quand il y a un projet, c'est notre rôle d'accompagner les élus, de voir la faisabilité, de faire le lien avec le Maire.
- Travailler dans un arrondissement dont la couleur politique n'est pas celle de la mairie de Lyon (dirigée par Grégory Doucet, EELV), cela change-t-il quelque chose à votre activité ?
Je n'ai pas vécu la situation où la Mairie d’arrondissement était de la même couleur politique que la majorité. Mais en arrondissement il est difficile d'exister, encore plus quand on est dans l'opposition, car on n'adhère pas à 100% au projet municipal. Pour exister, nous devons être dans une opposition assez frontale et démontrer point par point, chaque jour, les actions de la majorité qui ne nous paraissent pas adaptées à la réalité du terrain. Nous avons ce rôle de proximité avec les habitants qui permet de se démarquer, tout en ayant peu de moyens d'agir. C'est assez ambivalent, difficile d'être force de proposition quand on n'a pas les moyens de faire les choses derrière. Pourtant, c’est notre rôle de mairie d’arrondissement d’opposition : je dirais que les moyens sont différents que si on était au pouvoir. Pour se faire entendre, il faut faire appel à la presse, réagir sur les réseaux sociaux presque systématiquement et être présent partout, le plus possible, pour toujours avoir les infos et être en capacité de réagir.
Propos recueillis par Fabrice Pozzoli-Montenay
Nicolas Thibault, 20 années comme collaborateur au Parlement, “aucune lassitude”
Nicolas Thibault signe son premier contrat en tant que collaborateur parlementaire le 20 septembre 2002 avec le député du Rhône Bernard Perrut (LR). Après 15 ans d’accompagnement de différents députés à l'Assemblée nationale, il poursuit sa carrière aux côtés du sénateur du Val d’Oise Arnaud Bazin (LR) en 2017. Le 20 septembre 2022, Nicolas Thibault a fêté sa vingtième année au Parlement. Un record. Il témoigne de l’évolution de son métier.
-Les collaborateurs parlementaires restent en moyenne 5 ans à un même poste. Comment expliquez-vous votre longévité et, à contrario, cette courte durée de vie généralisée ?
Dans les années 2000, beaucoup de profils faisaient carrière. Puis nous avons assisté à un changement dans le recrutement et dans le profil des collaborateurs. Sont venus de jeunes collaborateurs issus de Sciences Po. Ils ne font pas carrière, restent moins d’un mandat puis repartent. Cela ne représente pour eux qu’une simple expérience.
-Qu’est-ce qui, selon vous, a changé dans le profil des collaborateurs ?
Si je prends l’exemple du collaborateur parisien , c'est souvent plutôt un juriste - c’est au Parlement qu’on va rédiger les amendements et les questions écrites- donc, à mon époque, les députés recrutaient ces profils. Il n'y a jamais eu de profil type. J’ai des collègues qui ont étudié les lettres classiques, d’autres qui ont étudié l’histoire. C’est un métier où l’on peut apprendre sur le tas. Il est possible d’apprendre à rédiger un amendement sans avoir étudié le droit. Les missions se sont diversifiées, les réseaux sociaux prennent plus de place dans la vie du Parlementaire, le collaborateur peut avoir une fonction communicante plus importante qu'au temps du papier.
Cet élargissement du recrutement s’explique par le fait que la candidature est beaucoup plus ouverte. Il y a 20 ans, la candidature auprès d’un parlementaire se faisait sur papier. Aujourd’hui, avec Linkedin notamment, les offres sont déjà postées et accessibles. On peut avoir accès au Parlementaire plus facilement grâce au numérique. Mais la concurrence est plus rude aussi.
-Comment la représentation publique du collaborateur a-t-elle évolué ?
Quand je suis arrivé, on disait que les collaborateurs étaient des secrétaires. C’était une profession de l’ombre, le métier n’était pas médiatisé. Il est devenu un peu plus visible en particulier avec ce qu’on a vécu en 2017 (NDLR : l’affaire Fillon). Mais je lis rarement des articles positifs sur la profession. On parle d’affaires de harcèlement, ou d’emplois fictifs. Cela pourrait dissuader certains alors que c’est un magnifique métier. Après 20 ans, je n’ai aucune lassitude, chaque jour est différent. Mes cheveux ont blanchi, mais ma motivation du premier jour reste intacte. À chaque mandat, j’ai traité des problématiques différentes, selon la région. Mes champs de compétence se sont élargis et j’ai pu apprendre beaucoup de choses. Ce métier attend toujours d’être valorisé dans l’opinion.
-Qu’en est-il de l’encadrement juridique et social du métier ?
Il y a eu des avancées significatives ces dernières années. Le Sénat a mis en place des instances de dialogue social où des représentants de collaborateurs discutent avec des représentants de sénateurs. Des cursus de formations sont mis en place, cela a aussi permis de proposer un accord sur le télétravail. Des associations de collaborateurs se sont créées, des syndicats ont commencé à défendre les droits des collaborateurs dès 1982. J’ai moi-même présidé l’Association française des Collaborateurs parlementaires. Grâce à ces structures, des accords collectifs ont été signés pour promouvoir la formation, les droits des collaborateurs, la création de cellules anti-harcèlement. Nous signons des contrats de droit privé, mais n’oublions pas que les règles du travail basiques s’appliquent. Malgré ces évolutions, il y a encore des améliorations à apporter, car comme dans toute profession, il peut y avoir des abus.
-À quelles améliorations pensez-vous ?
Comme la passerelle avocats-collaborateurs mise en place il y a quelques années, avec de l’ancienneté, les collaborateurs pourraient passer des concours en interne pour être administrateur ou administrateur adjoint de l'Assemblée nationale ou du Sénat. Il faudrait aussi aboutir à de véritables grilles salariales complètes et étayées et une convention collective.
Propos recueillis par Marie Genty
Pour aller plus loin :
“Le Guide des relations entre élus et leur équipe parlementaire”
“Quel contrat entre le collaborateur parlementaire et son élu ?”
“Le recrutement de collaborateurs se diversifie et se fluidifie”
“À l’Assemblée nationale, une pénurie de collaborateurs de haut niveau”
“L'affaire Fillon a contribué à professionnaliser les collaborateurs d’élus”
Statut des dircabs : Dextera rencontre Stanislas Guerini
L’association de directeurs de cabinet Dextera a rencontré le ministre de la Transformation et de la fonction publique, Stanislas Guérini, accompagné de son directeur de cabinet Paul Peny et de la conseillère en charge de la fonction publique territoriale, Maëlle Renée. Le président de Dextera, Aurélien Mallet, a présenté les transformations inhérentes aux fonctions de collaborateurs de cabinet, et la grande enquête sur la profession que l’association met en place. Alors que le métier de directeur de cabinet évolue, Aurélien Mallet a rappelé que “le statut doit accompagner cette évolution. Les profils techniques sont plus nombreux, plus attachés à un territoire qu’à un militantisme politique”. Un des objectifs est de permettre de mieux garder les directeurs de cabinets au sein du secteur public après 40-45 ans, période où ils sont nombreux à quitter le métier pour rejoindre le privé.
Cette rencontre s’inscrit dans une série d’échanges de Dextera avec les associations d’élus, avec l’objectif de mieux travailler ensemble et d’avoir un meilleur dialogue sur le rôle des collaborateurs d’élus dans les organigrammes. Et aussi de se concerter avec les autres ministères concernés (Collectivités territoriales et de Cohésion des territoires). Un chantier qui devrait évoluer en 2023, avec la mise en route et les premiers résultats de l’enquête sur le profil des collaborateurs d’élus.
▶Pour en savoir plus, lire notre grand interview d’Aurélien Mallet, publié en juillet.
FPM
Civis, outil de concertation multi-usages
L’agence Le Cab’Politique étoffe son offre d’outils destinés aux élus avec Civis, un outil de participation citoyenne conçu pour les collectivités de petite et moyenne taille.
Une des fonctionnalités est particulièrement originale : l’intégration de questions directement sur les pages web de la presse régionale. En partenariat avec Logora, Le Cab’Politique permet ainsi de toucher les lecteurs de proximité. “Civis peut aussi s’intégrer aux sites des collectivités, des élus, et être utilisé sur une tablette pour des questionnaires menés sur le terrain” précise le directeur, Anthony Grally, qui a lui-même une expérience d’élu local. Les données recueillis sont ainsi particulièrement pertinentes géographiquement et permettent d’avoir une vision territoriale. Civis peut aussi intégrer les fonctionnalités du logiciel de gestion de mandat Territoria,
➡ Pour en savoir plus :
https://civis.app/
Recrutement
Consultant(e) affaires publiques - Saper Vedere
Saper Vedere, cabinet de conseil et d’études dédié aux affaires publiques et à la communication, implanté à Paris et Bruxelles, recherche un(e) consultant(e) en affaires publiques.
Profil :
-Minimum 3 à 5 ans ans d’expérience en agence, comme collaborateur parlementaire, en cabinet ministériel ou dans une grande collectivité
Pour consulter l’offre et postuler :
https://www.saper-vedere.eu/2022/10/05/emploi-ap/
Nominations
Collectivités
Paul Bouscatel est promu directeur de cabinet du maire de Toulouse et président de sa métropole, Jean-Luc Moudenc (LR).
Corentin Pirat est nommé chargé de mission, plume au cabinet du président du conseil départemental des Hauts-de-Seine, Georges Siffredi (LR).
Jean-Philippe Boutaric est nommé directeur de cabinet et de la communication du maire de Vendôme (41) et président de la communauté d’agglomération des territoires vendômois, Laurent Brillard (UDI).
Eno Petrucco est nommé directeur de cabinet et de la communication de la maire du Perreux-sur-Marne (94), Christel Royer (LR).
Florent Louise est nommé collaborateur de cabinet du président du conseil départemental de Seine-et-Marne, Jean-François Parigi (LR).
Jean-Philippe Lamoure est nommé directeur adjoint de cabinet de la présidente de Grand Calais Terres & Mer (62), Natacha Bouchart (DVD).
Parlement
Manon de Lalande de Vernon a été nommée collaboratrice parlementaire du député du Val-d’Oise, Dominique Da Silva (Renaissance).
Ornella Petrides est nommée collaboratrice parlementaire du sénateur de la Meurthe-et-Moselle, Olivier Jacquin (SER).
Valentin Barot est nommé collaborateur parlementaire de la député du Val-d’Oise, Émilie Chandler (Renaissance).
Julie Pinchon est nommée chargée de mission auprès du secrétariat général du groupe Renaissance à l’Assemblée nationale.
Alexandre Lançon est nommé collaborateur parlementaire de la sénatrice de Paris, Catherine Dumas (LR).
Politique
Sacha Halphen est nommé chef de cabinet du secrétaire général de Renaissance, Stéphane Séjourné.
Gouvernement
Meziane Rezki est nommé conseiller auprès de la Première ministre, Élisabeth Borne, et Nina Bourgier, conseillère parlementaire, adjointe au chef de pôle (pôle parlementaire, vie démocratique et questions institutionnelles), Frédéric Pacoud.
Antoine Danel est nommé directeur adjoint du cabinet de la ministre déléguée chargée des personnes handicapées, Geneviève Darrieussecq.
Antoine-Mathieu Nicoli est nommé directeur adjoint du cabinet de la ministre déléguée chargée de l'organisation territoriale et des professions de santé, Agnès Firmin Le Bodo.
Chloé Muller est nommée conseillère communication et presse du ministre de l’éducation nationale et de la jeunesse, Pap Ndiaye.
Enseignement supérieur
Yohan Chacun est nommé chef de cabinet de la présidente de l’université Paris 8, Annick Allaigre.
Ce qu’elles/ils deviennent
Shannon Seban, ex-cheffe adjointe du cabinet du ministre de l’économie et des finances (2021-2022), puis candidate aux législatives (LaREM), a été nommée consultante senior en stratégie et politique publique chez Attali & Associés.
Brayen Soorana, ex-collaborateur parlementaire à l’ Assemblée nationale (2017-2022), et secrétaire général de la CFDT-SMA des collaborateurs de députés, est nommé directeur adjoint aux outre-mer pour l’Union sociale pour l’habitat.
Marine Lambert, ex-plume du président du conseil départemental de Seine-Saint-Denis (2018-2022), est nommée plume au cabinet du président du Comité d’organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques de 2024.
Hervé Cochetel, ex-directeur de cabinet du président du conseil départemental des Deux-Sèvres (2015-2022), est nommé directeur général des services de cette collectivité.
Adrien Feraud; ex-chef de cabinet (2019-2022) du maire d’Évry-Courcouronnes (91), est nommé directeur général adjoint ville apprenante, participation citoyenne, vie locale et ESR.
A lire
Arnaud Mounier, bras droit de Jean-Luc Moudenc : «Un directeur de cabinet, c'est un paratonnerre» : sur le départ, le directeur de cabinet du maire de Toulouse retrace son parcours dans un grand interview.
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