Entourages n°47 : préparation du budget des collectivités locales, outils, recrutements, nominations
La lettre des métiers politiques
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Rentrée : quels sont les dossiers brûlants dans les collectivités locales ?
“La rentrée ? C’est le budget. Et le budget.” Sous cette réaction un brin ironique se cache une réalité évoquée par de nombreux directeurs de cabinet au cours de l’été : les finances publiques 2022-2023 s’annoncent compliquées à gérer. “Notre facture d’énergie a doublé : nous sommes passés de 400K€ à 800K€ en un an” constate ainsi Emmanuel Torrès, directeur de cabinet de Pascal Montécot, maire de Pélissanne. Une charge importante pour la commune, dont le budget s’élevait à 16,7M€ en 2021. L’inflation qui touche l’économie mondiale n’est pas le seul facteur de tension. La hausse du point d’indice de la fonction publique de 3,5% aura aussi un impact, ainsi que la hausse du SMIC (+2,1%).
“Nous avons constitué des groupes de travail sur les mesures d’économie réalisables” indique Emmanuel Torrès. Certaines communes envisagent des réductions d’effectifs, des diminutions d’heures d’ouverture de certains services publics comme les médiathèques. Ou bien des augmentations d’impôts, ce qui n’est bien sûr pas populaire. Si les inquiétudes sont toutefois à relativiser, selon Clément Bousquet, spécialiste des finances territoriales (lire son interview ci-après), les collectivités locales vont devoir revoir leurs stratégies d’investissement.
On assiste aussi à la augmentation de la précarité. “On voit arriver dans les services sociaux des gens, souvent retraités et/ou veufs, qui vivaient chichement mais avaient honte de demander de l’aide. Aujourd’hui ils n’ont plus les moyens de règler la facture d’électricité ou de gaz” s’inquiètent des équipes de petites communes rurales.
Des collaborateurs d’élus nous indiquent aussi une montée de l’agressivité des personnes envers les personnels : insultes, comportements méprisants, exigences non fondées. “Le phénomène n’est pas nouveau, mais les tensions sociales sont réelles et contribuent à une colère, parfois mal dirigée. Des parents qui insultent le personnel municipal parce que nous avons du réduire les heures de garde d’enfants, des familles qui demandent qu’on leur trouve immédiatement un nouveau logement et agressent les services sociaux… On ne sait plus comment réagir” soupire un directeur de cabinet d’un département du centre de la France.
Certaines communes ont été particulièrement affectées par la sécheresse exceptionnelle de cet été 2022, et réfléchissent aux mesures à prendre dans le futur pour anticiper, ou au moins limiter, les pénuries d’eau. “Mais le sujet n’a fait que commencer à émerger, nous sommes encore dans la concertation et la réflexion” reconnaissent plusieurs dircabs interrogés.
La mise en place d’outils de concertation et de participation citoyenne devient une vraie tendance. Les expérimentations et les projets se multiplient. Par exemple, la ville de Ploemeur (18000 habitants) déploie un budget participatif à hauteur de 10 euros par habitant, avec une limite par projet de 30000 euros.
Dans ces situations, les directeurs de cabinet vont mener la médiation entre les services communaux et les élus, voire entre les élus eux-même. “Le budget n’est pas une chose abstraite. C’est un débat entre l’humain, l’affectif et les flux financiers” selon Emmanuel Torrès. “En tant que directeur de cabinet, je crée du lien, du dialogue, je dois expliquer les décisions, leur logique”. Les services vont défendre leurs domaines d’action, et les négociations vont durer jusqu’à la fin de l’année. Cette période peut aussi être l’opportunité d’impliquer les administrés dans le débat. Mais les réticences restent fortes : “Communiquer, expliquer, oui. Mais la décision doit rester au maire. Il n’est pas question que l’opposition s’empare d’un débat citoyen pour court-circuiter les choix de la majorité élue” rappelle un dircab.
Entre chauffer la piscine du centre nautique et le chauffage de l’école, entre la médiathèque et l‘installation de panneaux solaires, le dircab peut exposer les choix qui se posent à son élu, et présenter les logiques financières en jeu. Et jouer son rôle de courroie de transmission entre les différents intervenants du débat budgétaire.
Fabrice Pozzoli-Montenay, fondateur d’Entourages
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☑️Clément Bousquet : « les collectivités locales vont devoir revoir leurs stratégies d’investissement »
☑️Le Parapheur, un outil pour centraliser les demandes des administrés
☑️Un “Trombinoscope des cabinets ministériels”
☑️Idopia, nouveau réseau politique
☑️Recrutements
☑️Nominations
Clément Bousquet : « les collectivités locales vont devoir revoir leurs stratégies d’investissement »
Clément Bousquet est spécialiste des finances locales, formateur, et dirigeant de CBG Territoires.
-La préparation du budget des collectivités locales agite déjà les esprits et les inquiétudes montent. Cela vous parait-il justifié ?
La situation financière des collectivités locales n'a jamais été aussi saine depuis 10 ans. C’est une chance au niveau macro-économique. Elles ont de la trésorerie, et il n'y a pas de "bombe à retardement". Le chômage reste bas. Mais elle doivent faire face à une situation inédite : l'inflation. Car depuis 1982, nous n'avions pas eu de forte inflation. Et il n'y avait pas de crise énergétique.
La hausse du prix de l'énergie entraîne l'inflation, qui entraîne la hausse de l'indice, et qui entraîne aussi la hausse du prix des travaux publics. Les collectivités locales, en particulier les grandes, ont énormément de trésorerie, mais doivent avoir une vraie stratégie pour dépenser rapidement cette trésorerie avant qu'elle ne perde trop de valeur. Il leur faut mener rapidement des investissements qu'elles peuvent financer avec de la trésorerie, voire encore avec des emprunts, les taux d'intérêts étant encore mesurés ; sur les dépenses courantes, elles ont une difficulté car leur épargne va chuter.
-Quelles évolutions sont à prévoir pour le budget ?
Il va falloir parfois faire des clauses de revoyure, comme cela avait été le cas en 2014. Il faudra prendre en compte la diminution des ressources, l'augmentation du prix de l'énergie, et la nécessité d'investir dans une transition énergétique. Ces trois contraintes vont conduire à revoir les stratégies d’investissement et, peut-être, revoir les grands projets pour les redéployer ou redimensionner. Ce qui crée de l'anxiété chez les élus et directeurs de cabinet. Est-ce que l'Etat pourra aider ? Sa situation financière est catastrophique, il pourra cependant accompagner les collectivités locales les plus en difficulté. Mais il n'y a pas de solution pérenne. Il y a la préconisation de mieux acheter l'énergie, mais cela ne viendra pas dégager une nouvelle marge financière. Dans ce contexte inflationniste, il n'y a pas de solution structurelle, et quand on regarde le rapport du Haut Conseil des finances publiques, on voit bien que l'inflation risque d'être importante et la croissance plus faible.
-Dans ce contexte, de quelle marge de manœuvre disposent les maires et leur cabinet ?
Contrairement à ce qui a pu être fait en 2014, je pense que l'essentiel est de faire trois choses :
- sans dramatiser, expliquer les contraintes financières qui arrivent.
- pour les communes, il y a une nécessité de concerter et de dialoguer pour savoir quel investissement sont maintenus ou pas.
- il faut être vigilant sur un troisième point : on parle beaucoup de la hausse des tarifs de la cantine scolaire. Les collectivités locales ont un pouvoir d'appréciation sur les tarifs. J'alerte ces collectivités sur la nécessité de mettre en place un comité de suivi en lien avec le comptable public pour regarder les impayés sur tout ce qui est service public essentiel. Car on voit parfois des personnes qui ont du mal à payer la cantine. Et on ne peut pas avoir une vision uniquement budgétaire, si les citoyens n'ont plus la capacité à payer.
Aussi, certains envisagent de ne pas renouveler les contrats des vacataires ou contractuels ou de limiter leurs nombres d'heures. Ce sont des mesures faciles, mais est-ce vraiment judicieux vis à vis de la population ? Il faut faire des mesures d'impact sur chaque mesure d'économie, sans obligatoirement aller au plus facile.
Propos recueillis par Fabrice Pozzoli-Montenay
Outils
Le Parapheur, pour centraliser les demandes des administrés
“Pourquoi les poubelles n’ont-elles pas été ramassées cette semaine ?” ; “C’est inadmissible, des tags ont été peints sur le mur de ma résidence ! Que fait la mairie ?”, “Ma grand mère a besoin d’aide à domicile, pouvez-vous l’aider ?”
Les collectivités reçoivent chaque jour des demandes des citoyens, auxquelles elles tentent de répondre. C’est en étant confrontés à ce type de messages à la mairie de Sens que les créateurs du “Parapheur” ont développé leur projet. “Nous avons construit l’outil en relation constante avec le cabinet de la mairie, la direction générale des services (DGS), avec les agents, pour trouver le moyen de centraliser toutes demandes des administrés et pourvoir en organiser simplement le suivi” expose Paul de la Taille, l’un des créateurs et responsable commercial du projet. L’accès se fait en ligne, via un navigateur et un accès sécurisé. L’interface permet de regrouper demandes transmises par mail, courrier, téléphone, réseau social, et de les orienter vers les services concernés et les bonnes personnes.
Les agents peuvent ensuite traiter la demande, répondre, et le suivi du traitement est consultable par les responsables. L’interface s’inspire des tableaux Kanban utilisés en gestion de projet, avec un système de colonnes et de cartes. Elle permet au DGS et au cabinet d’avoir une vision d’ensemble des demandes, de leurs suivis, des réponses apportées. Petite touche élégante et bien pensée : les réponses sont personnalisées avec l’habillage graphique de la collectivité (logo, mise en page, informations de contact…).
Le Parapheur s’adresse en priorité aux communes de “1.000 à 70.000 habitants, car au delà, les volumes deviennent trop complexes” reconnaît Paul de la Taille. La facturation se fait par abonnement annuel, avec un tarif basé sur le nombre d’habitants. L’outil peut aussi être utilisé par les équipes parlementaires qui souhaitent coordonner leurs réponses au niveau local et national.
Un “Trombinoscope des cabinets ministériels”
Le cabinet spécialisé en communication d’influence Comfluence a publié sa deuxième version du “trombinoscope des cabinets ministériels”. Mis à jour en août, il recense l’ensemble des équipes du gouvernement Borne : directeurs/rices de cabinets, chefs de cabinet, conseillers.
➡ Pour le télécharger (format Pdf)
Idopia, nouveau réseau politique
Le principe d’Idopia est de “faire participer à un débat sur un sujet à impact, pour partager réflexions et contributions sur des “problématiques d’aujourd’hui”. La plate-forme s’adresse dans un premier temps à une population jeune, car “les jeunes ont beaucoup de choses à dire, par exemple sur l’éducation, la sécurité, les relations hommes-femmes” selon Pierre Rakotovao, cofondateur d'Idopia. Les échanges sont anonymisés, mais l’accès nécessite d’établir un profil démographique. Chaque débat dure entre dix heures et trois jours. On trouve ainsi des thèmes comme “Faut-il légaliser le cannabis en France ?” ou “Doit-on imposer une formation à la transition écologique pour tous les politiques ?” “Nous pouvons ensuite faire émerger les grandes tendances, et les principales idées émises, synthétiser et chiffrer”.
Encore en version beta, Idopia devrait développer des fonctionnalités destinées aux collectivités territoriales. L’accès se fait en version web et application, actuellement limitée à l’Appstore.
https://www.idopia.com/
6emes Rencontres européennes de la participation
Les 6e Rencontres européennes de la participation se dérouleront à Rennes du 24 au 26 octobre 2022. Une occasion de partager les pratiques en matière de participation citoyenne, de rencontrer des acteurs de tous horizons et de contribuer aux réflexions autour de la question "La participation : partout et pour tous ?"
L’événement est organisé par le think tank “Décider Ensemble”. https://www.deciderensemble.com/page/948670-rencontres-europeennes-de-la-participation-2022#INSCRIPTION
Recrutements
Chef de projet web éditorial en Ille-et-Vilaine
Sous l'autorité hiérarchique de la cheffe de service information, le.la chef.fe de projet web éditorial anime, élabore des contenus et fait évoluer le site internet tout en participant ou amorçant des projets web.
Profil :
Bac +3, avec une spécialisation en communication
Connaissances techniques du web et de ses contraintes ; maîtrise des plateformes de gestion de contenu
Capacité à concevoir et produire des contenus éditoriaux divers (dataviz, vidéo, etc)
Connaissance des collectivités territoriales / institutions publiques
Pour postuler :
https://www.ille-et-vilaine.fr/offres-emploi/annonce/temp/134801046-134803034
Chargé(e) de mission “participation citoyenne” à Cergy
Les missions :
Participer à la définition de la stratégie en matière de participation citoyenne, assurer sa mise en oeuvre et son évaluation
Contribuer à la définition et à la mise en œuvre opérationnelle des orientations en matière de démocratie participative et de co-construction citoyenne,
Coordonner les diverses démarches de participation citoyenne mises en place par la collectivitéProposer des stratégies d'animation territoriale favorables à la mobilisation du plus grand nombre en présentiel et/ou en numérique
Analyser les résultats des démarches participatives, suivre et valoriser leur prise en compte par les services de la ville, établir un bilan annuel de la participation citoyenne
Accompagner la mise en œuvre de nouveaux outils participatifs : budget participatif, référendum d’initiative citoyenne
Profil :
Titulaire de la fonction publique sur un grade d’Attaché territorial, ou contractuel, vous êtes idéalement issu(e) d'une formation supérieure, (Bac+4 minimum) et être formé(e) aux métiers de la participation citoyenne, de l'innovation publique ou des sciences politiques.
Pour postuler :
https://www.cergy.fr/fileadmin/cergy.fr/2-MAIRIE/EMPLOI/2022_07_07_Annonce_charg%C3%A9_de_mission_Participation_citoyenne_NN.pdf
Le maire de Villemonble (93) recrute un.e chef.ffe de cabinet (candidatures : acote@mairie-villemoble.fr)
Le groupe «Pour une métropole en commun» d’Orléans Métropole cherche un.e collaborateur.trice de groupe.
Nominations
Collectivités
Léna Van Nieuwenhuyse a été nommée conseillère technique communication et relations presse du président de la Région Hauts-de-France, Xavier Bertrand (LR).
Laetitia Matiatos a été promue cheffe de cabinet du maire du Blanc-Mesnil (93), Jean-Philippe Ranquet (UDI).
Vittorio Miroslav a été promu directeur de cabinet et de la communication du maire de Tergnier (02), Michel Carreau (PCF).
Claire Cantero-Trembley a été nommée directrice de cabinet du président de la communauté d’agglomération des Sorgues du Comtat (83), Christian Gros.
Pierre-Louis Rivailler est nommé collaborateur de cabinet du maire de Savigny-sur-Orge (91), Alexis Teillet (LR).
Alexandra Russel-Felli est nommée responsable communication du conseil départemental de la Haute-Savoie.
François Gadbin est nommé directeur de la communication et de la citoyenneté de la ville de Treillières (44).
Moise Fournier a été nommé directeur de cabinet de la maire de Juvisy-sur-Orge (91), Lamia Bensarsa Reda (DVD).
Julien Grousset est nommée conseiller territoire au cabinet de la présidente du conseil régionale d’Île-de-France, Valérie Pécresse (LR).
Parlement
Jérôme Moisset est nommé collaborateur parlementaire du député de la Gironde, Nicolas Thierry.
Gouvernement
Jennifer Rousselle est nommée conseillère parlementaire au cabinet de la ministre déléguée chargée des collectivités territoriales, Caroline Cayeux.
Ce qu’ils.elles deviennent
Stanislas Reizine, ex-conseiller énergie au cabinet du Premier ministre et du président de la République (2020-2022), est nommé vice-président stratégie de fusions-acquisitions du groupe Suez.
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