Philippe Guibert : "Le rôle du chef n'est pas d'être un simple gestionnaire"
La lettre des métiers politiques
Philippe Guibert a été directeur du Service d’Information du Gouvernement lors du quinquennat Hollande, de 2012 à 2014. Il a conseillé des personnalités socialistes, et a dirigé la revue « Medium » de Régis Debray.
Aujourd’hui chroniqueur à CNews, consultant et enseignant, il publie "Gulliver enchaîné, le déclin du chef politique en France” (ed. du Cerf). Entre "mythe du sauveur", isolement, capacité à rester en contact avec son électorat, et contraintes juridiques, il s’interroge sur ce point fondamental de la démocratie : quel est le rôle du chef ?
Entourages : -Quand on conseille un politique, on doit lui apporter quelque chose, tout en étant soumis à son autorité. Vous avez travaillé avec des politiques, comment voyez-vous la relation entre l'équipe du politique et son élu, en tant que rapport hiérarchique ?
La première difficulté est le phénomène de cour : c'est un fondamental que j'ai retrouvé à peu près partout. C'est vrai particulièrement pour le cabinet, mais cela peut s'étendre à des hauts fonctionnaires et adjoints dans le cadre d'une collectivité locale, qui forment une équipe rapprochée. Par définition le chef est exposé aux regards de ses électeurs, des médias, ce qui est stressant et inquiétant. Ce phénomène demande de trouver le bon équilibre entre le fait de rassurer et de sécuriser l’élu, et de le placer dans un système où on ne lui dirait plus de choses négatives. C'est variable en fonction du tempérament de l'élu.
On risque un phénomène classique, que ce soit un maire, un président de région ou un ministre : qu’il s'enferme dans sa bulle et considère qu'il fait bien les choses, et que les critiques sont des ennemis qui complotent contre lui, veulent sa place… et finalement il ne réfléchit plus. Cet équilibre me parait déterminant. La tentation de rassurer va toujours jusqu'à la courtisanerie. Et la courtisanerie est mortelle, je l'ai vécu.
- Le contrat qui lie l'équipe à l'élu est assez pervers, car il s’agit de contrat précaire qui n'encourage pas à prendre le risque de fâcher et de rompre le contrat.
J'ai fréquenté beaucoup de personnes en cabinet qui préféraient leur carrière à la sincérité vis à vis de l'élu. Quand on a un poste intéressant, à responsabilité, pas trop mal payé, la tentation est grande de sacrifier son éthique ou sa sincérité à sa carrière, en préférant garder son poste plutôt que de d'affronter l'élu.
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