Entourages n°9 : la nouvelle ère des collabs - Spleen Doctor - nominations
La lettre des métiers politiques - 5 novembre 2021 - n°9
Faites connaître Entourages autour de vous :
Une personne, un métier
“Les collaborateurs parlementaires vivent un changement d’époque”
Maxime Torrente, secrétaire général de l'association française des collaborateurs parlementaires, revient sur les évolutions du métier et les parcours individuels.
Entourages : Faut-il être diplômé en sciences politiques, doctorant, enseignant, comme vous l’êtes pour devenir assistant parlementaire ?
Maxime Torrente : Il n'y a pas de pré-requis absolu pour être collaborateur parlementaire. Je voulais faire une carrière universitaire, être prof de droit ou maître de conférence. Comme je me spécialisais en droit constitutionnel, un ami de promotion m'a dit : tu devrais faire un stage à l’Assemblée. Donc quand Eric Diard (LR) m'a proposé de travailler avec lui s'il était élu, j'ai accepté parce que cela me permettait de prendre des informations relatives à ma thèse. Le métier a été très prenant, je suis resté. Il faut un intérêt pour le droit et la politique. Cet intérêt mène à des études de droit ou à Sciences po. La plupart de mes collègues arrivent aussi dans la profession un peu par hasard, par des rencontres, des stages... Pour les collaborateurs spécialisés en communication ou les relations presse, beaucoup sont recrutés dans les écoles de communication ou de journalisme, ce sont des profils assez variés.
- Vous êtes secrétaire général de l'association française des collaborateurs parlementaires (AFCP) ; n'y a-t-il pas une vraie difficulté des collaborateurs à être représentés dans l’institution ?
J'ai deux engagements : l’AFCP (93 adhérents à l’Assemblée nationale), et représentant syndical des collaborateurs pour la CFE-CGC. Ce sont deux fonctions très différentes mais qui se complètent bien. Pour l'AFCP, je vois cela comme un comité d'entreprise, à dimension politique car nous voulons rassembler les collaborateurs de la droite et du centre, qui organise des réunions thématiques, mais aussi des sorties culturelles, des afterworks, pour resserrer les liens entre collabs.
Le syndicat a des sollicitations de collaborateurs qui ont des problèmes avec des parlementaires : refus de signer les congés payés, collaborateurs dont l'élu voulait leur imposer de venir à l'Assemblée malgré le confinement, harcèlement moral... On dialogue en permanence avec la questure et la présidence de l'Assemblée, pour ce qui est des accords relatifs au statut des collaborateurs parlementaires. On va gérer, conseiller, orienter vers la cellule anti-harcèlement ou la questure, éventuellement les aider à trouver un autre député grâce à notre réseau.
- Ces dernières années, on a vu apparaître des collaborateurs moins “militants” et plus diplômés, pourquoi ?
On est dans un "changement d'époque", car on a professionnalisé la fonction de collaborateur parlementaire, alors que c'était une fonction politique. A Paris, il y a une sorte de "clash des générations" entre les collaborateurs de la "vieille école", qui sont là depuis l'ère Mitterrand-Chirac, qui ont un profil militant, vont faire campagne à l'extérieur de leur travail au siège du parti, rédiger des notes. Ils ont une pratique professionnelle, une vision du métier, et c'est auprès d'eux que j'ai appris le plus. Ils sont rares, mais très facilement identifiés au sein de chaque groupe. Ils voient souvent d'un mauvais œil les collaborateurs qui changent régulièrement d'élu. Mais ce profil "militant" existe de moins en moins, sauf en circonscription, où les collaborateurs sont généralement des militants.
Les autres ont un profil plus diplômé et plus "technicien". On peut être diplômé et militant, mais ces collabs vont pouvoir changer d'élu sans être trop gênés. Ceux-là voient plus le métier comme une carrière, et peuvent changer de député comme on change de service, et changer de groupe parlementaire comme on changerait d'entreprise. Ils savent qu'ils seront là pour un temps court, et iront ailleurs, passeront de concours, iront dans le privé. L'Assemblée est pour eux plus un tremplin, une ligne sur le CV avant de faire autre chose. Mais pour rester avec un parlementaire, il faut partager plus que l'essentiel des convictions. Certains découvrent qu'ils ne sont pas forcément d'accord et vont changer de parlementaire, voire changer de groupe.
Propos recueillis par Fabrice Pozzoli-Montenay
A savoir
Les syndicats et associations de collaborateurs parlementaires ont obtenu cette année un accord collectif permettant à chaque collaborateur de bénéficier d'une prime d’ancienneté dans la profession, de 5% tous les deux ans, même en cas de changement de député. Auparavant seul était pris en compte le temps passé avec le député. La prime peut se transférer du Sénat à l'Assemblée nationale ... à condition que le sénateur devienne député, ce qui est très rare. Par contre, si le député devient sénateur, la prime d'ancienneté est maintenue. Cette ancienneté n’est pas reconnue pour les collaborateurs de groupe politique, et ne fonctionne pas avec le Parlement européen.
Des formations pour les (futurs) collaborateurs parlementaires :
Maxime Torrente a suivi le cycle de perfectionnement des collaborateurs parlementaires de l’Ecole Nationale d’Administration (ENA) ; mais la mise en place de l'Institut national du service public (INSP) le 1er janvier 2022, qui remplacera l’ENA, pourrait entraîner une refonte des programmes et l’école n’a pour l’instant “pas de visibilité” sur l’avenir de cette formation.
L’université de Paris-I Panthéon Sorbonne propose un “Master parcours Affaires publiques parcours administration du politique” en formation continue, destiné “aux collaborateurs d’élus nationaux et locaux désirant perfectionner leurs connaissances et évoluer dans leur carrière.”
L’Université d’Orléans a pour sa part un “Parcours métiers de l'accompagnement politique” dans le cadre de son master 2 en droit public, conduisant “aux emplois de conseiller en communication des élus locaux et d'attaché parlementaire”.
ComPol
SpleenDoctor, le podcast “politique et bonne humeur”
Créé et animé par Louis Duroulle, expert en stratégie digitale, ex-agence Havas, et directeur des programmes à l’ISCOM, souvent accompagné de François Gombert, conseiller en stratégie de communication, ce podcast réunit communicants, experts, conseillers dans une ambiance détendue. Il s'intéresse aux coulisses du débat public et à ses acteurs, avec un maximum de pédagogie et d'ouverture d'esprit.
Pour écouter les épisodes :
https://spleendoctor.lepodcast.fr/
Emploi
L’association Régions de France recrute un Chef de cabinet : les candidatures sont à adresser à direction.generale@regions-france.org
Nominations
Collectivités
Eliott Savy été nommé chef de cabinet du président de Bièvre Isère communauté (38), Yannick Neuder (LR). Il était assistant de la déléguée interministérielle à l'aide aux victime au ministère de la Justice.
Slim Mazni est nommé directeur de cabinet du maire de Bourg-en-Bresse (01) et président de Grand Bourg agglomération, Jean-François Debat (PS). Cet ancien journaliste était secrétaire général du groupe socialiste au conseil régional Auvergne-Rhône-Alpes depuis 2017
François Pirola, directeur de projets internationaux chez Ipsos depuis 2019, est nommé secrétaire général du groupe socialiste au conseil régional Auvergne-Rhône-Alpes, présidé par Najat Valaud-Belkacem, dont il a été le conseiller spécial au cours de ses fonctions ministérielles (2012-2017).
Alexis Teillet, conseiller départemental de l’Essonne, a été nommé directeur de cabinet de la maire de Juvisy-sur-Orge (91), Lamia Bensarsa Reda (DVD).
Julien Paudoie, chargé de mission du chef de cabinet du président, est promu chargé de mission du président du conseil régional de Provence-Alpes-Côte d’Azur, Renaud Muselier (LR).
Adam Barkia est nommé adjoint directeur de cabinet de la maire de Taverny (95), Florence Portelli (SL). Il était chargé de mission développement des territoires au conseil régional d’Île-de-France.
Damien Bordeloup est nommé directeur de cabinet du maire d’Éragny-sur-Oise (95), Thibault Humbert (SL). Il était collaborateur de cabinet de la maire de Taverny (95) depuis 2017.
François Buteau est nommé directeur de cabinet du maire de Saintry-sur-Seine (91), Patrick Rauscher (DVD).
Antoine François est nommé directeur de cabinet adjoint du maire de Marseille, Benoît Payan (PS). Il était jusque-là chef, puis directeur de cabinet du président du conseil régional de Centre-Val de Loire (2007-2019).
Frédérique Cadet est nommée directrice de la maison de la Région Grand Est-Sarre à Paris. Elle était directrice de cabinet du président de Paris Saclay (91), Grégoire de Lasteyrie (LR).
Michaël Roncier, directeur de cabinet du maire d’Évreux et président d'Évreux Portes de Normandie depuis 2020, a été nommé directeur de cabinet de la présidente de la Province Sud (Nouvelle Calédonie), Sonia Backes.
Gouvernement
Le collaborateur parlementaire Boris Mazeau est nommé conseiller parlementaire de la ministre déléguée auprès de la ministre du travail, de l'emploi et de l'insertion, chargée de l’insertion, Brigitte Klinkert, en remplacement d’Amélie Rocca-Serra, qui est nommée conseillère parlementaire.
Claire Cussemane, cheffe adjointe du cabinet d’Élisabeth Moreno, est nommée cheffe de cabinet au cabinet de la ministre du travail, de l’emploi et de l’insertion, Elisabeth Borne, et remplace Charlotte Mailly.
Lucie Normand est nommée cheffe adjointe de cabinet, chargée des relations avec les élus locaux au cabinet de la ministre de la transformation et de la fonction publique, Amélie de Montchalin.
Juliette Fraile est nommée conseillère presse et communication au cabinet de la ministre de la cohésion des territoires et des relations avec les collectivités territoriales, Jacqueline Gourault.
Mathilde Colas est promue cheffe de cabinet adjointe de la ministre déléguée au Logement, Emmanuelle Wargon. Maëlle Charreau, cheffe de cabinet, chargée du suivi de l’exécution des réformes, le quitte.