Entourages n°7 : financer sa campagne aux législatives - ComPol et éloquence - nominations
La lettre des métiers politiques - 22 octobre 2021 - n°7
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Législatives : comment financer sa campagne
Derrière la présidentielle se prépare déjà la campagne pour les législatives, une élection déterminante pour le financement public des partis. Entourages s’est penché sur les différentes stratégies pour organiser et financer sa campagne.
Les gros, les petits et les partis
Il existe trois type de candidats : ceux qui jouent la gagne, ceux qui pensent dépasser les 5 % (et donc être remboursés jusqu’au demi-plafond) et ceux qui auront plus de mal. Pour tous, financer une campagne reste un casse-tête, mais les gros candidats pourront plus facilement décrocher des emprunts.
L’appui d’un parti est important : les partis restent des machines électorales, mais les stratégies différent selon les mouvements. Les candidats de droite gèrent souvent seuls. A gauche, on considère plutôt que c’est au collectif de prendre en charge les frais de base. Le trésorier d’EELV François Thiollet indique que « nous garantissons la prise en charge du R39 (article du code électoral) aux candidats. Les régions peuvent compléter et nous aiderons certaines circonscriptions prioritaires ». Pour une directrice de campagne PS, « c’est au candidat de payer sa campagne, mais la fédération départementales peut l’aider ». Mais si auparavant, être candidat sous étiquette LR ou PS garantissait de dépasser les 5 % et donc d’accéder au remboursement, avec l’augmentation de l’incertitude électorale ce n’est plus le cas, d’autant que les banques sont de plus en plus réticentes à prêter.
Plusieurs partis proposent également des « mutualisations » via des kits de campagne. Le FN avait industrialisé le système avec les très rentables “kits Jeanne”, profitant que ses candidats étaient presque tous remboursables. Dans les autres partis, le kit permet de financer les dépenses de base : modèle de tracts et d’affiches, prises de photo, site Internet, charte graphique,… En 2017 le kit était de 600 € à la FI et de 1000 € à la REM. Souvent les candidats les plus riches peuvent personnaliser ces kits. FN, FI et EELV centralisaient même les impressions R39.
Deux changements sont notables depuis 2017 : avec le décret n° 2020-1397, le don en ligne a été facilité et les candidats sous 5 % avec moins de 4000 € de dépenses n’auront plus à recourir à un expert-comptable. La mode est également au prêt militant.
Autre avantage du parti : la technicité. Respecter les règles électorales est devenu de plus en plus complexe. Les partis politiques installés ont souvent des habitués pour gérer les comptes, souvent via des AFE (association de financement électorale) regroupant plusieurs candidats. En 2017, un marcheur, deux socialistes, trois LR ou communistes, six Insoumis, huit candidats FN et… 25 candidats de Debout la France ont vu leur candidature invalidée par le Conseil constitutionnel. Un amateurisme qui s’est également vu dans la gestion du financement public : dans sa liste adressée au ministère de l’Intérieur, DLF avait omis plus d’une trentaine de candidats - une perte de financement public de 18 000 € par an.
Les astuces du financement public
Si autant de partis présentent des candidats aux législatives, c’est en raison du système de financement public des partis, qui repose sur cette seule élection. Les partis métropolitains ayant obtenu 1 % dans cinquante circonscription sont aidés par l’État pendant les cinq années suivantes. Depuis 2017, cela représente 1,57 € par an et par voix.
Pour accéder au financement public, certains partis s’associent donc pour maximiser leur chance d’obtenir 1 % dans 50 circonscriptions. Un parti peut même présenter plusieurs candidats dans la même circonscription. En 2017, dans la 6e circonscription de Paris, il y avait ainsi trois candidats de l’Alliance écologiste indépendante et trois candidats de Régions et peuples solidaires.
Attention également aux “amendes parité” : l’écart entre le nombre de candidates et de candidats ne doit pas dépasser 2 %. Faute de respecter cette règle, les partis LR et FI perdent respectivement 1,8 millions et 250 000 € par an. Pour éviter de payer les amendes en 2017, l’UDI, Régions et Peuples solidaires et le parti chrétien démocrate avaient utilisé une astuce : présenter des candidates fantômes qui s’inscrivaient en préfecture mais sans imprimer de bulletin de vote. Même en réalisant zéro vote, les candidates fantômes de l’UDI lui ont économisé plus de 330 000 € de pénalités annuelles…
Pierre Januel
En 2017, 60 % des candidats aux élections législatives avaient déclaré des recettes, pour 16.800 € en moyenne. Pour les candidats à plus de 5 %, la dépense moyenne était de 23.025 € (contre 30 265 € en 2012), tandis que pour ceux à moins de 5 % elle n’était que de 5.072€.
17 % des ressources provenaient de dons directs, 30 % de versement personnels des candidats, 22 % d’emprunts bancaires, 5 % d’emprunts à des particuliers, 12 % d’emprunts aux partis, et 10 % de concours des partis. Hors compte de campagne, la dépense la plus importante reste les frais d’impression des bulletins, affiches et professions de foi officiels (le « R39 »), pris en charge directement par les préfectures si le candidat dépasse les 5 %.En 2022, le montant moyen des campagnes devrait encore diminuer. Le Covid-19 rend les rassemblements plus compliqués et il y a moins de militants pour tracter. Par ailleurs, la publicité sur les réseaux sociaux, dont Facebook draine l’essentiel, sera interdite à partir du 1er décembre.
ComPol
Call Pol, le compte Instagram qui raconte la Présidentielle
Mis en place par Anne Claire Ruel, Call Pol diffuse des screens de conversations avec Jean-Laurent Cassely (co-auteur avec Jérôme Fourquet de La France sous nos yeux, Le Seuil, octobre 2021), Raphaël Llorca (La marque Macron - Désillusions du Neutre, Éditions de l’Aube, avril 2021), Olivier Mauco (Game in Society), Pauline Rocafull (scénariste et présidente de la Cité Européenne des Scénaristes), Laurent-David Samama (journaliste et auteur d’Eloge de la défaite, Éditions de l’Aube, février 2020) et Elena Scappaticci (rédactrice en chef de la nouvelle plateforme en ligne d'Usbek & Rica). Des invités interviennent aussi au fil des jours : humoristes, philosophes, dessinateurs…
https://www.instagram.com/callpol_/
Qui sont les “spin doctors” ?
Le podcast “C’est tout com’” animé par Laetitia Krupka et Gaspard Ganzer revient sur les travail de ces conseillers en communication de l’ombre, qui ont depuis longtemps un rôle très spécial auprès des politiques, et nourrissent parfois des fantasmes. Leur but : convaincre l’opinion publique. A écouter sur :
https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/c-est-tout-com/presidentielle-2022-faut-il-avoir-peur-des-spin-doctors_4804683.html
Se former à l’éloquence
Marlène Reux, Béatrice Toulon et Perrine Hanrot, toutes trois expertes en prise de parole, ont regroupé leurs expertises pour créer La Rhetoric Factory. Elles organisent formations et coaching à l’éloquence, “l’art de persuader”, et transmettent leurs savoirs sur la communication persuasive, la gestion du stress, la prise de parole en public, l’efficacité des messages.
Des formations de deux jours sur le thème « Parlez pour embarquer ! » se dérouleront les :
- 30 novembre et 1er décembre
- 14 et 15 décembre
en présentiel à Paris.
Contact : beatrice.toulon@larhetoricfactory.com
Dans l’actu
L’équipe de campagne de Zemmour
Le site Mediapart a diffusé une liste de l’équipe de campagne d’Eric Zemmour, “onze personnes au service du futur candidat” : on y trouve bien sûr Sarah Knafo, sa conseillère et directrice de campagne, aux côtés de membres de la communauté du renseignement économique, de la sécurité, de la chaîne russe RT France, et des collaborateurs parlementaires.
Nominations
Dans les cabinets des collectivités
Amandine Moniot, directrice marketing territorial de la ville et de la métropole de Troyes, a été nommée directrice adjointe de cabinet du maire de Troyes, François Baroin (LR), et remplace Martin Gabriel, désormais directeur des fédérations, des adhésions et de la formation des Républicains.
Lily Munson est nommée conseillère du premier adjoint à la maire de Paris, Emmanuel Grégoire (PS). Elle était directrice adjointe de cabinet du maire de Paris Centre, Ariel Weil (PS) depuis 2020.
David Lebon a été nommé directeur de cabinet du maire de Saint-Denis (93), Mathieu Hanotin (PS), après avoir été dircab (2020-2021) du maire de Plaine Commune (93).
Tania Assouline , directrice adjointe, a été promue directrice de cabinet du président du conseil départemental de la Seine-Saint-Denis, Stéphane Troussel (PS), en remplacement de Gildas Maguer devenu directeur général de Plaine Commune développement (93). Arnaud Bontemps, conseiller référendaire à la Cour des comptes, responsable de départements à la CPAM de Seine-Saint-Denis, est nommé directeur de cabinet adjoint.
Laurent Benayoun, journaliste à La Dépêche du Midi depuis 1995, a été nommé directeur de cabinet du président du conseil départemental du Tarn-et-Garonne, Michel Weill (PRG).
Loan Santiago a été promu directeur de cabinet du maire de Saint-Maur-des-Fossés (94), Sylvain Berrios (LR) dont il était collaborateur de cabinet depuis octobre 2020.
Matthieu Lamarre, ex-conseiller de la maire de Paris (2016-2019), est nommé conseiller communication et presse auprès de la directrice générale de l’Unesco, Audrey Azoulay.
Dans les cabinets ministériels
Aurélia du Vignau, conseillère presse et communication au cabinet de la directrice générale de l’Unesco, est nommée conseillère presse, communication et opinion au cabinet de la ministre déléguée chargée de la citoyenneté, Marlène Schiappa.
Pierre-Gaël Bessière est promu chef de cabinet de la ministre déléguée chargée du logement, Emmanuelle Wargon, et David Juin, chargé de mission, est promu conseiller rénovation énergétique et construction en remplacement d’Emmanuel Constantin.
Ariane Vincent, directrice de la communication de Konbini, est nommée conseillère à la stratégie, la communication et la presse de la ministre déléguée chargée de l’égalité entre les femmes et les hommes, de la diversité et de l’égalité des chances, Élisabeth Moreno. Elle remplace Caroline Sueur.
A l’Elysée
Plusieurs conseillers du président de la République ont vu leur périmètre d’action évoluer :
Victor Blonde, en poste depuis 2020, devient conseiller technique participations publiques, consommation et concurrence.
Julia Clavel, conseillère technique parlementaire à Matignon est nommée conjointement conseillère technique petites et moyennes entreprises, artisanat, tourisme et économie sociale et solidaire du Premier ministre et du président.
Philippe Englebert, conseiller technique à l’Élysée depuis 2020, devient conseiller technique entreprises, services financiers, attractivité et export du Premier ministre et du Président.
Anne-Sophie Bradelle, conseillère technique depuis 2020, est promue conseillère communication internationale et remplacera
Quitterie Lemasson, conseillère technique depuis 2020, est promue conseillère presse nationale au cabinet du Président de la République.