Entourages n°6 : Collabs de cabinet : où sont les femmes ? -Un nouvel outil de projection électorale - nominations
La lettre des métiers politiques - 15 octobre 2021 - n°6
Pour s’abonner à la newsletter :
Interview
Ludivine Vanthournout : “Les femmes sont beaucoup plus nombreuses que les hommes à quitter des fonctions de collaboration politique”
La présidente de l’association de collaborateurs de cabinet Dextera nous détaille les parcours et profils des collaborateurs de cabinet, et le décalage important dans l’égalité professionnelle hommes/femmes à ces fonctions.
- En tant que présidente de Dextera, comment voyez-vous les profils de dircab évoluer ces dernières années ? Voit-on plus de parcours universitaires, militants, ou issus du monde de l'entreprise ?
Ludivine Vanthournout : Sous la Ve République, le métier de collaborateur politique s’est transformé, il s’est institutionnalisé. Des formations universitaires aux métiers du politique se sont créées, spécialisées, développées. En enseignant ou en intervenant ponctuellement dans ces formations, on peut constater l’évolution du profil de ces étudiants qui deviendront, pour certains, des directeurs de cabinet. Le parcours universitaire est dorénavant structurant.
Si le parcours est de moins en moins strictement militant, c’est aussi que la concurrence s’est intensifiée. Il y a de plus en plus de diplômés et pas plus de postes, qui sont réglementés et limités. Pour accéder à un poste, on est bien souvent diplômé, en ayant à son actif des expériences réussies associatives, militantes, professionnelles. Actuellement, les partis politiques et syndicats comptent de moins en moins de militants, y compris de jeunes militants. Même si certains nouveaux présidents de ces mouvements de jeunesse suscitent de nouvelles adhésions, tendanciellement les militants se raréfient. Les militants savent désormais qu’ils doivent passer par un parcours universitaire pour valider certaines de leurs compétences acquises sur le terrain. Ainsi, la majeure partie des profils militants obtienne un master en science politique avant de prendre des fonctions en cabinet.
Si le diplôme spécialisé est la règle, le parcours militant ne l’est pas forcément pour entrer dans la fonction. En revanche, un profil de « militant – diplômé » restera souvent plus longtemps dans le métier, alors qu’un diplômé utilisera davantage son poste de collaborateur comme un point de passage vers d’autres secteurs professionnels.
Sur l’ensemble de la profession, le profil idéal typique ne se modifie donc pas tant que ça. En revanche, il est probable que l’on note davantage de turn-over au sein des équipes de collaborateur dans les prochaines années. Une des questions que l’on entend de plus en plus est : “combien de temps reste-t-on directeur de cabinet ?”
- Les Régions ne comptent que 3 femmes dircab (sur 18) : Blandine Vinagre-Rocca (AURA), Salomé Pahlavan (Bourgogne Franche-Comté), et Magali Lamir (Ile de France). Est-ce représentatif de la proportion des femmes à cette fonction dans les collectivités ? Avez-vous des données sur l'évolution du nombre de femmes à ces postes ?
Les femmes sont inégalement présentes selon les collectivités (Région, Département, Agglomération, Ville, la strate de la Ville…), selon les responsabilités exercées (directeur de cabinet, chef de cabinet, chargé de mission) et selon les domaines de spécialisation (droit, communication…).
Parmi nos membres actifs, c’est-à-dire les collaborateurs politiques en poste, 30% sont des femmes. A l’inverse, parmi nos membres associés, c’est-à-dire les collaborateurs politiques qui ont quitté leur fonction pour partir dans le privé ou le para-public, 57% sont des femmes. Ainsi, le décalage est fort, on peut voir qu’elles sont beaucoup plus nombreuses à quitter des fonctions de collaboration politique. La prochaine étape pour nous est de savoir à quoi correspond ce départ. Ce départ est-il subi ou choisi ? Quelles en sont les variables explicatives ?
Avec la constitution d’une délégation thématique à l’égalité professionnelle, nous posons les bases d’un observatoire, qui nous permettra de récolter les données essentielles pour analyser les transformations à l’œuvre, accompagner notre réflexion métier et agir sur la représentation même de notre métier.
Quand on est collaborateur de cabinet, on ne compte pas ses heures. Or, devant cette flexibilité et ce niveau d’investissement, nous ne sommes pas tous égaux. Dans l’équilibre entre vie professionnelle, vie sociale, vie familiale, on connait les écarts entre les hommes et les femmes. La conciliation entre ces différents domaines est souvent une raison invoquée, mais ce n’est pas la seule, on le sait.
Alors, bien sûr, ces trajectoires ne sont pas linéaires. On peut quitter un poste de directeur de cabinet, pour partir dans un autre secteur d’activité, avant de reprendre un poste de directeur de cabinet. Il n’en demeure pas moins que les femmes restent plus nombreuses à quitter définitivement ce métier.
En marge de notre assemblée générale, le 16 novembre prochain, nous préparons une rencontre avec Laurence Garnier, sénatrice Les Républicains, qui viendra nous présenter la proposition de loi qu’elle porte et qui vise à accélérer l'égalité économique et professionnelle. Les auditions qu’elle a menées sont très stimulantes et invitent à un questionnement sur les principes de sélection lors de l’embauche, la rémunération (combien de femmes touchent 90% du salaire du Directeur Général des Services, plafond légal, contre combien d’hommes ?), le déroulement de la carrière, la durée de l’exercice du métier… Ce sera pour nous l’occasion de poursuivre nos réflexions en la matière.
Propos recueillis par Fabrice Pozzoli-Montenay
Outils
Predeect, un nouvel outil de projection électorale
L’agence Plebiscit présente un nouveau logiciel de projection électorale, dénommé Predeect. Cet outil permet de consulter et d’analyser 5 millions de données électorales issus des scrutins depuis 2014 (circonscriptions, Régions, départements, cantons, communes) par bureaux de vote, et la base de données socio-démographiques de l’INSEE : âge, logement, revenu médian, catégorie socio-professionnelle, diplôme… Le but : établir des cartographies électorales, visualiser les transferts de vote, comparer les résultats par bureaux de vote.
Predeect s’adresse donc aux équipes de campagne : directeur de campagne, responsable communication, qui ont la capacité d’analyser des données à des fins opérationnelles. “Le but est de permettre aux équipes de campagne de mieux connaître leur électorat, de définir leur stratégie électorale et cibler les bureaux de vote prioritaires” détaille Bastien André, consultant chez Plebiscit, lui-même ancien directeur de campagne. Un algorithme permet de créer des projections de résultats en fonctions de typologies politiques.
Développé en interne, « 100% français », l’utilisation de Predeect se fait en ligne, moyennant un accès illimité, facturé 1500€ ht le 1er mois d’utilisation, puis 500€ par mois.
FPM
A lire sur le sujet : « Data : pourquoi il n’y a pas (encore) de campagne électorale 2.0 en France »
Agenda
Les deux principales associations françaises de directeurs de cabinet organisent bientôt leurs assemblées générales :
DirCab (association des directeurs de cabinet des collectivités locales à direction socialiste et républicaine) qui regroupe environ 400 membres, le 17 novembre 2021.
Dextera (association des collaborateurs de cabinet de la Droite et du Centre), qui revendique 1000 membres, le 16 novembre 2021.
Nominations
Emily Pagès est nommée conseillère économie et enseignement supérieur au cabinet de la présidente du conseil régional d’Occitanie, Carole Delga (PS).
Arnaud Jayet a été nommé directeur de cabinet du président du conseil départemental de la Côte-d’Or, François Sauvadet (UDI). Il était jusque-là chef de cabinet du secrétaire d’État chargé du tourisme, des Français de l’étranger et de la francophonie.
Vincent Cocusse est nommé chargé de mission au cabinet du maire d’Auxerre (89), Crescent Marault (LR). Il était depuis janvier 2020 collaborateur de cabinet du maire de Montluçon (03).
Éric Defouilhoux, directeur de cabinet du groupe Front de gauche au conseil régional d’Île-de-France, est nommé directeur de la communication de la ville de Tremblay-en-France (93).
Sarah Jacob a été nommée directrice de cabinet adjointe du maire de Suresnes (92), Guillaume Boudy (LR). Elle était auparavant cheffe de cabinet du maire de Levallois (92).
Julie Hétroy, dircom de Conflans-Sainte-Honorine (78), est nommée directrice de la communication, de l’événementiel et des relations internationales de la ville de Suresnes (92).
Agnès Callou, ex-directrice de la campagne des régionales de Marc Fesneau (MoDem) est nommée cheffe de son cabinet, en charge de la communication et des relations avec la presse au ministère délégué chargé des relations avec le Parlement et de la participation citoyenne.
Rémy Crépin, DGS du département de la Haute-Savoie, est nommé directeur de cabinet du président du conseil départemental du Val de Marne, Olivier Capitanio (LR).
Agathe Boggio, conseillère presse et communication du député Laurent Saint-Martin (LaREM), est nommée consultante au cabinet de conseil stratégique en communication Taddeo.
Cabinet du ministre de l’éducation nationale :
Théo Tedeschi , ex collaborateur parlementaire, est nommé conseiller en charge des discours
Amel Cogard, directrice de l’unité “éducation” chez France Télévisions, est nommée conseillère en charge de la culture, de la mémoire et des projets éducatifs.
ComPol
“Influence, les armes de la com”
La chaîne ARTE diffuse un documentaire de 84 minutes sur “L'ascension et la chute du défunt magnat de la com politique Timothy Bell, qui a promu tour à tour Margaret Thatcher et Jacob Zuma, Pinochet et Asma el-Assad”, et fondateur du cabinet international de “reputation management” Bell Pottinger.
L’émission est consultable en ligne jusqu’au 3 décembre :
https://www.arte.tv/fr/videos/083969-000-A/influence-les-armes-de-la-com/