Entourages n°34: Pourquoi (et comment) les cabinets de conseil recrutent d'ex-collaborateurs d’élus - Dircabs et formation professionnelle - nominations - recrutements
La lettre des métiers politiques
Cette semaine dans Entourages :
☑Pourquoi les cabinets de conseil s’intéressent aux collaborateurs d’élus: interview de Vincent Baculard, Pdg de Rouge Vif
☑️Dircabs, comment accéder aux formations professionnelles
☑️Recrutements
☑️Nominations
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Pourquoi (et comment) les cabinets de conseil recrutent des ex-collaborateurs d’élus
Il est rare que l’on soit collaborateur d’élu durant toute sa carrière. Et le passage vers des cabinets de conseils, de communication ou d’affaires publiques est une perspective de reconversion souvent envisagée. La crise du Covid a aussi réduit les déplacements d’élus vers la capitale, et de nombreux cabinets cherchent à “maintenir le contact” en recrutant des consultants locaux. Mais qu’attendent ces cabinets en termes de profils et de compétences ? Vincent Baculard, directeur de l’agence Rouge Vif, détaille son approche en matière de recrutement d’ex-collaborateurs d’élus.
-Vous avez recruté récemment plusieurs anciens dircabs et collaborateurs d’élus au sein du groupe Rouge Vif. Pourquoi ces profils vous intéressent-ils ?
Les collaborateurs d'élus, par définition, connaissent bien le terreau local. Cela nous permet de décrypter les jeux d'acteurs et les tensions qui peuvent exister sur un territoire sur le plan économique, social, géographique. Et la capacité à comprendre le jeu des acteurs locaux est importante, encore plus que l'implantation locale. Ces profils nous intéressent donc, que ce soit d'ailleurs des collabs d'élus au niveau national comme des assistants parlementaires, mais aussi des directeurs de cabinets ou collaborateurs d'élus à toutes les échelles territoriales. Les collabs à l'Assemblée nationale ou au Sénat ont aussi en tête une géographie électorale et territoriale importante.
Nous travaillons pour des acteurs industriels sur le terrain (études de contexte, accompagnement, concertation et communication sur les projets) mais également pour les collectivités, métropoles, pour les problématiques d'aménagement (PLUI), ou Sraddet (schéma régionaux d'aménagement durable). Le recrutement local est devenu un vrai sujet, surtout en cette période de tension sur les recrutements dans nos métiers (conseil, communication, concertation). Nous sommes donc très ouverts à ces profils, d'autant plus qu'on a généralisé le télé-travail dans l'entreprise.
Mais il faut que les candidats n'aient pas seulement un profil politique mais également une capacité d'analyse, de synthèse, sur des sujets plutôt techniques (aménagement, transition écologique) pour qu'ils puissent conseiller nos clients de la même manière qu'ils conseillaient leur élu. Qu’ils aient l'habitude de travailler avec les directions techniques des collectivités. Ce qui intéressant est le mélange des compétences.
-Quand on a une vie de famille, il n'est pas toujours simple d'être dircab d'une métropole ou d'une grande collectivité. Le passage vers le conseil est parfois vu comme une transition vers plus de stabilité.
- Mais il n'est pas toujours simple d'être consultant ! Certains sont à des réunions publiques le samedi soir, prennent le train régulièrement… C'est tout aussi exigeant en terme d'investissement qu'être collaborateur d'élu. La grande différence est la capacité à travailler sur des sujets et des territoires différents ; cela permet de réenchanter le quotidien du travail, car la diversité fait partie de l'intérêt que l'on peut avoir sur les sujets qu'on maîtrise. Il est vrai que des collaborateurs plus âgés peuvent souhaiter changer de parcours après 15-20 années de carrière au sein de l'administration territoriale, et vont passer vers une logique de conseil plutôt que de management.
- Pourquoi ouvrir des agences en régions plutôt que sous-traiter ?
Nous voulons être au plus prêt des clients et du terrain sur lequel s'accomplit notre activité. Nous avons ouvert des agences à Lyon, Nancy et Bordeaux et prochainement à Montpellier. Cela évite des transports et permet de mieux comprendre et connaître les territoires. Ce sont des structures légères. Lorsqu'un conseil nous choisit, c'est pour avoir le conseil ou la com' de Rouge Vif, pas d'un sous-traitant. Si on sous-traite, ce sera sur des métiers que nous ne faisons pas, sur une petite partie d'une prestation. Cela ouvre notre panel de candidats pour les recrutements : nous avons embauché cinq personnes depuis le début de l'année qui sont en région et rattachées à la fois à leur pôle thématique en terme de compétences et à l'agence régionale du périmètre dans lequel ils sont situés.
- L'intérêt est-il aussi de pouvoir identifier au niveau local des oppositions à des projets ?
Identifier les acteurs locaux, c'est la base de la compréhension des problématiques. Amazon, par exemple, n'a pas du tout eu une logique de compréhension du territoire, ils ont fait de l'influence en travaillant avec des élus, à l'ancienne. C'est pour cela que le connaissance préalable des audiences est importante pour faire comprendre les projets et avoir une véritable concertation pour recueillir l'avis des audiences pour pouvoir améliorer son projet. Ce travail doit être bien fait en amont, typiquement pour les implantations industrielles. C'est pour cela que les profils de collaborateurs d'élus sont intéressants car ils ont une bonne connaissance des jeux d'acteurs, et peuvent nous aider à mieux les comprendre. Cela demande des compétences particulières : capacité de discussion, de s'exprimer en public, de synthèse et d'écrire des notes parfois techniques, la capacité de vulgariser une information pour la rendre compréhensible pour le plus grand nombre.
- Une réflexion est entamée sur les règles éthiques pour les collaborateurs d'élus, et la question de leur passage vers le privé. Comment abordez-vous ces questions ?
Comme nous avons des missions très différentes, le collaborateur d'un élu dans une grande ville ne sera pas forcément être utilisé pour des projets dans cette zone en particulier, nous n'avons donc pas de problème de conflit d'intérêt. Et l'on a pas des projets full-time sur un seul territoire : il faut bien qu'il y ait d'autres qualités que l'entregent local, sinon la collaboration ne va pas durer. On embauche sur les compétences et leur capacité à comprendre, plutôt que sur leur influence locale présumée. Et cela a plus d'avenir en terme d'employabilité des collaborateurs d'élus.
- Quelle est votre fourchette de rémunération pour ces profils ?
Cela dépend de l'expérience. Pour les jeunes collaborateurs d'élus, assistants parlementaires, avec deux ans d'expérience, on va les recruter entre 30 et 36K€ ; les dircabs ou directeurs de l'aménagement, en fonction de la taille de leur ville et de la fonction qu'ils vont occuper chez nous, peuvent aller jusqu'à 70-80K€.
Propos recueillis par Fabrice Pozzoli-Montenay
Pour aller plus loin :
"Ne pas négliger les administrations"
Depuis une vingtaine d'années, les Régions et métropoles ont de plus en plus de pouvoir économique. Pour les cabinets de conseil et agences de communication, cette évolution implique une présence locale de plus en plus importante et fine. La connaissance des administrations est aussi importante que la connaissance des élus pour l’accompagnement de projets : "Il existe un découplage entre ceux qui s'occupent d'aménager le territoire et le dynamiser, et ceux qui s'occupent d'appliquer les règles. Il arrive qu’une administration comme la DREAL ou la DRAC bloque un projet. Leur mission est que la règlementation soit respectée. Or la règlementation en France est complexe. Il faut donc quelqu’un qui sache gérer les relations avec les différentes administrations locales, mais aussi au niveau régional, où se mène souvent l’instruction des dossiers” explique Samuel Le Goff, consultant en stratégie et communication chez Commstrat.
Et un carnet d'adresse ne suffit pas : il faut connaitre, être connu, savoir qui est qui, à quelle porte aller frapper, à quel bon moment aller voir un élu… “En réalité, il faut avoir fréquenté les mêmes soirées, les mêmes barbecues, les mêmes cérémonies locales, tout ce qu’un consultant parisien ne peut pas connaître” s’amuse un ex-directeur de cabinet passé dans le privé. “Le terrain, ce sont les associations professionnelles, les chambres de commerce, les militants associatifs, les syndicats, savoir qui est représentatif et/ou radical” poursuit-il. “Et que tout ce tissu social vous apprécie et soit prêt à vous parler. Ce qui ne sera pas le cas d’un jeune consultant d’une grosse agence“ conclut-il.
FPM
Dans quelle mesure les dircabs ont-ils accès aux formations professionnelles ?
Les directeurs de cabinet, acteurs de l’ombre par excellence, sont restés pendant longtemps dans l’ombre des dispositifs de formations professionnelles. Pourtant, peu de métiers exigent autant de polyvalence, tant en termes de savoir-faire que de faire-savoir. Une fonction exigeante à la jonction des grandes dynamiques que nous traversons : multiplication des crises (sanitaires, économiques, sociales, environnementales…), complexification du mandat des élus et hystérie normative.
Les exigences citoyennes sont aussi de plus en plus fortes : il faut réaliser une équation de performance publique parfois difficilement tenable (maintenir un service public de qualité tout en faisant des économies, sans augmenter les impôts et dans un contexte de baisse des dotations), une demande grandissante de transparence et de déontologie (y compris directement pour les collaborateurs de cabinet depuis la loi du 20 avril 2016), la mise en place de dispositifs de démocratie participative au niveau local …
*De quels dispositifs de financement peuvent-ils bénéficier ?
Les collaborateurs de cabinet dans les collectivités disposent de deux dispositifs de financement : d’une part le budget Formation de chaque collectivité et d’autre part, pour certaines formations certifiantes éligibles au sein de notre catalogue, de leur Compte Personnel de Formation (CPF). Deux dispositifs qui sont trop peu actionnés par les collaborateurs de cabinet, parfois par manque de connaissance de ces financements mais aussi parfois par manque de temps. Il s’agit d’une fonction chronophage, c’est pourquoi, comme nous le faisons pour les élus, nous proposons également des formations en soirée et le week-end.
*Comment l'élu est-il impliqué dans la formation de son dircab ?
Il n’y a pas d’idéal-type en matière d’implication de l’élu dans la formation de son Dircab. Certains élus vont être moteurs, par exemple pour former un collaborateur qui occupe cette fonction pour la première fois après d’autres expériences. D’autres vont simplement valider le principe sans pour autant s’impliquer, c’est notamment le cas des collaborateurs qui utilisent leurs CPF qui, comme son nom l’indique, est un crédit de formation personnel.
*Quels sont les modules les plus recherchés ?
Initiation à la gestion de crise : beaucoup de collaborateurs de cabinet ont été confrontés brutalement à la gestion de crise lors de la crise sanitaire et plus particulièrement lors des premiers confinements. D’une façon variée en fonction des territoires, les dircabs se sont souvent retrouvés au front, devant gérer les urgences dans un contexte totalement incertain et une panique générale. Comme sa définition l’indique, la crise est processus qui, sous l’effet d’un événement déclencheur, met en éveil une série de dysfonctionnements. Face à la multiplication des crises, les collaborateurs cherchent désormais une méthodologie solide et des retours d’expérience face à des cas concrets.
Maîtriser les subtilités du protocole : les nouveaux collaborateurs de cabinet en collectivité souhaitent monter en compétences autour de ce thème, bien connu des dircabs expérimentés. Il n’y a souvent rien d’intuitif dans les règles protocolaires et pourtant, elles sont au cœur des dispositifs notamment lors des cérémonies publiques.
Faire rimer éthique et politique, transparence et déontologie des élus et de leurs collaborateurs : le collaborateur doit-il faire une déclaration à l’HATVP ? L’élu local peut-il se prononcer sur l'évolution de la carrière d'un membre de sa famille au sein de la collectivité ? L’élu municipal entrepreneur peut-il travailler pour sa commune ? L'élu faisant usage des moyens matériels de sa collectivité (voiture, téléphone, tablette...) : peut-il les utiliser ? A quel titre ? Sous quelles conditions ?
Comprendre le budget d’une collectivité : le budget est une acte politique fondateur et le dircab doit être capable de maîtriser le jargon budgétaire (M14, M57, DOB, ROB, RAR, BP, BS, DM etc…) afin de pouvoir s’assurer de la mise en place de la politique souhaitée par son élu.
Arnaud Bonduelle, directeur de mission chez LiBRA Formation & Conseil
https://agencelibra.com
Le cabinet LiBRA propose une offre de formation spécifiquement dédiée aux collaborateurs de cabinet, aussi bien destinée aux membres de cabinet en poste, nouveaux comme expérimentés, qu’aux futurs collaborateurs.
Le nouveau bureau de l’association Dextera
L’association de directeurs de cabinet de la droite et du centre Dextera a un nouveau bureau composé de :
Président : Aurélien Mallet
Vice-présidente : Olivia Hamelin
Vice-président : Pierre-Marc Dufraisse
Trésorière : Marie Faujas
Secrétaire Général : Jacques Batardière
Secrétaire Général Adjoint : Fabien Leroy
Secrétaire Général Adjoint : Eric Fournier
Formation : quelle évolution professionnelle ?
Collaborateur d'élu, fonctionnaire ou contractuel de la fonction publique, vous vous interrogez sur votre évolution professionnelle à court, moyen ou long terme ? Voici un webinaire (gratuit, sur inscription) animé par Bénédicte Baradel, qui pourra vous intéresser. Il se donne comme objet de répondre aux questions suivantes : “Mon travail est-il en adéquation avec mes valeurs ? Quelles sont mes perspectives d’évolution ? Que pourrais-je faire d’autre ?”
La prochaine session se tient le 17/05 à 18h30.
Pour en savoir plus et vous inscrire
Dans l’actualité
L’édifiant inventaire des députés maltraitants
A l’occasion de la comparution de deux députées de la majorité ce 10 mai à la suite de plaintes de collaborateurs, Médiapart a établi à une longue liste de députés employeurs envoyé devant les Prud’hommes par leurs anciens salariés, «sans que ni les partis ni les institutions ne trouvent à redire au fait que ceux qui votent la loi la profanent allègrement» (sur abonnement).
Recrutements
• L’établissement public territorial Est Ensemble (93) recrute un.e adjoint.e au directeur de la communication
• La ville de Châlons-en-Champagne (51) recherche un collaborateur de cabinet (H/F).
• Le groupe majoritaire Gauche sociale et écologique du conseil départemental des Côtes d’Armor recherche un.e collaborateur.trice de groupe.
Nominations
Collectivités
Colin Duret a été promu chef de cabinet du maire du 18e arrondissement de Paris, Éric Lejoindre (PS).
Patrice Schumacher est nommé directeur de la communication de la Collectivité européenne d’Alsace.
Nathalie Arys a été promue directrice communication et rayonnement de la ville de Villeneuve-d’Ascq (59).
Raphaël Perrin-Autissier a été promu responsable de la communication externe et des relations presse de la ville de La Courneuve (93).
Nicolas Varenne a été nommé directeur de la communication de la ville de Valence (26).
Élisa Sombart a été nommée chargée de protocole - relations internationales et européennes à la communauté urbaine du Grand Reims (51).
Macit Aktas a été nommé attaché de presse de la ville de Saint-Ouen (93).
Frédéric Capouillez a été nommé directeur de cabinet adjoint du maire de Saint-Médard-en-Jalles (33), Stéphane Delpeyrat-Vincent (DVG).
Ce qu’ils/elles deviennent
Olivier Ray, ex-conseiller affaires globales au cabinet du président de la République, est nommé directeur exécutif du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), en charge des partenariats, de la mobilisation de ressources, de la communication et des relations au Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.
Chloé Mathieu, ex-cheffe de cabinet du directeur général de la Caisse des dépôts, est nommée secrétaire générale de la direction régionale des Hauts de France de la Banque des Territoires.
Théo Hudelist, collaborateur parlementaire, est nommé au sein de l’agence d’analyse de l’opinion et de conseil en stratégie CNTVRS.
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