Entourages n°33: être spin doctor en 2022; une école pour les dircabs ; recrutements ; nominations
La lettre des métiers politiques
Cette semaine dans Entourages :
☑Récit, langage et politique : la chronique de Mahaut Chaudouët-Delmas
☑️Une formation pour devenir directeur de cabinet
☑️Recrutements
☑️Nominations
Partagez Entourages auprès de vos contacts LinkedIn, Twitter ou Facebook
La politique, c’est avant tout le langage: être spin doctor en 2022
En politique, tout est une affaire de récit. En témoigne le poids des discours : l’attrait d’un Jean-Luc Mélenchon ou d’un Dominique de Villepin repose en grande partie sur leur capacité oratoire et leur rapport extraordinaire au langage. La question de la communication ne se réduit pas à des techniques ou des outils, mais elle se situe réellement au cœur de l’exercice du politique. Il s’agit de décider ensemble de ce qu’on propose comme horizon commun, ce qui passe forcément par le dialogue, l’échange, le processus délibératif, l’adresse aux électeurs, la communication.
D’où l’importance des conseillers en communication. Un des rôles les plus connus du collaborateur politique, c’est bien celui de communiquant. Comme une antenne, ce “collab” sert à émettre, à rayonner et à capter. A relayer la parole de son élu et à lui donner de l’écho, à trouver le sens de la formule et des mots, pour marquer le cours des événements, accompagner une réforme, prévenir une crise. J’ai moi-même été conseillère en communication auprès de responsables publics, politiques et d’élus. J’ai rédigé des discours, géré les relations presse ou conçu ce qu’on appelle dans le milieu les “éléments de langage” : en confrontant mon vécu avec celui d’autres nombreux collaborateurs dans le podcast Les Ombres, j’ai compris que nous faisions face aux mêmes problématiques et enjeux quotidiens dans ce métier.
Le rôle le plus connu du conseiller en communication, c’est d’abord celui de “plume” : quand on écrit pour quelqu’un d’autre, la première chose qu’on apprend sur le tas est qu’il ne faut pas se mettre à sa place en se demandant “et si c’était moi l’élu ?”. Être plume, c’est au contraire partir de la personne pour laquelle on travaille : comprendre son contexte (on n’écrira pas avec la même emphase pour un ministre, un député ou un élu local), ses besoins (préfère-t-il avoir des éléments techniques ou faisant appel au registre des émotions ?), sa façon de prononcer (se détache-t-il de ses notes ou lit-il sa feuille mot pour mot ?). Avant même de poser le stylo sur le papier, voilà ce qu’il faut se demander. Car penser à la place de quelqu’un est une chose complexe, on est d’ailleurs rapidement soumis aux cheminements personnels de l’élu, comme en témoigne les innombrables versions du discours de 2003 (“Et c’est un vieux pays la France…”) que caricaturent parfaitement la BD et le film Quai d’Orsay.
Mais la place du “spin doctor” dépasse l’écrit : ultra exposées médiatiquement, les personnalités politiques s’entourent d’ailleurs de plus en plus de responsables presse. Et ceux-ci ne font pas exactement le même travail que leurs homologues dans le secteur privé : ils parlent sans cesse aux journalistes, parfois directement à la place de leur élu, souvent en utilisant le sujet “on”, signe ultime de la fusion qui peut s’opérer entre un conseiller et son élu, et dont il était question dans Entourages n°29. Et ce même sur des sujets ultra sensibles, où toute phrase sortie de son contexte peut coûter cher.
Être conseiller en communication, notamment en relations médias, c’est un travail multiple : on doit lire (la presse, les réseaux sociaux), écouter (la radio, la télévision), écrire (les éléments de langage, les discours) et parler (aux journalistes). On doit être réactif mais réfléchi. On doit expliquer des choses complexes en mots simples, et faire en sorte d’éteindre tous les feux, si possible avant même qu’ils ne s’allument. C’est un travail stressant, où l’on se doit de répondre promptement aux médias - sans quoi votre silence suspicieux est rendu public le lendemain -, et où l’on ne doit surtout pas répondre de façon improvisée - sans quoi cette annonce imprévue est rendue aussi publique le lendemain.
Enfin, le conseiller en communication d’un élu joue un rôle de baromètre. Sans être un institut de sondage à lui-même, le conseiller politique doit en effet prendre la température de l’opinion, de la presse. Cela passe par la constitution, souvent prescrite par l’élu, de relations étroites et parfois même amicales avec les journalistes, ce qui soulève de réels enjeux éthiques. Cela peut aussi participer du ton dégradé de la presse politique, qui préfère parfois le “off”, la “popol” aux questions de fond. “Un proche de tel…”, “un membre de l’entourage de…” : ces petites phrases qui abondent l’actualité politique viennent souvent d’un collaborateur dont la parole ne peut ni être engagée, ni jugée, ni évaluée… provoquant un travail d’enquête invérifiable où le off a une place démesurée, et nourrit un climat malveillant et délétère. Interdites aux Etats-Unis ou en Belgique, ces méthodes devraient nous interroger, a fortiori à l’heure où la défiance à l’égard de la politique n’a jamais été aussi grande.
Cela doit aussi nous interroger de façon plus générale sur la surcommunication qui caractérise aujourd’hui le monde politique, que ce soit par la multiplication des canaux, pour tantôt rendre compte de son action, tantôt discréditer le camp adverse, ou par l’immédiateté des réseaux sociaux. Cette omniprésence de la communication politique a des effets négatifs chez les élus, qui passent parfois plus de temps à vouloir contrôler leur image qu’à conduire leur mandat. Situation qui s’est renforcée avec la puissance des réseaux sociaux et l’affaiblissement des partis traditionnels, qui encouragent de concert la promotion d’individus politiques aux dépens de récits collectifs. Et, souvent, cette bascule repose en back office sur les collaborateurs, dont le travail, plus chronophage, est aussi moins galvanisant. Quand on ne s’occupe plus que de la réputation d’une personne, que reste-t-il de politique ?
Mahaut Chaudouët-Delmas, ancienne conseillère politique, chargée d’études au Haut conseil à l’égalité.
Vous pouvez aussi (re)lire nos articles sur le sujet :
L’“Ecole nationale des Directeurs de cabinet” prépare la rentrée 2022
Créée en 2020, l’Ecole nationale des directeurs de cabinet mise sur la professionnalisation de cette activité et le développement de recrutements “classiques” pour pourvoir les postes de dircab. Elle propose de “pouvoir échanger sur un pied d’égalité avec vos collaborateurs ou partenaires dans leur spécialité” et entend fournir “un socle de culture générale nécessaire au bon exercice de la fonction, avec une base de connaissances, une méthodologie, un partage d’expérience, une éthique du métier.” Cette formation dispense un double diplôme, celui de l’école intitulé «Master de Directeur de la vie publique et politique», et le diplôme universitaire «Manager de cabinet» délivré au nom de l’Université de Lorraine.
La formation s’adresse à des salariés déjà en activité (directeurs de cabinet souhaitant valoriser leur expérience par une formation d’enseignement supérieur, collaborateurs de cabinet et de groupes politiques, collaborateurs parlementaires…).
Conditions d’accès :
-Diplôme ou niveau Bac +4 (Master 1 ou diplôme équivalent) ou acquis de l’expérience professionnelle (VAE ou VAP).
Objectifs :
-Maitriser l’ensemble des connaissances managériales, juridiques et médiatiques nécessaires à la direction efficace d’un cabinet tant sur le plan administratif que politique.
Le programme pédagogique s’étend sur 220 heures et est réparti en 27 journées de 7 heures de cours, soit 189 heures.
Pour en savoir plus :
www.directeur-de-cabinet.fr
Recrutements
▶ Le cabinet du président du conseil départemental de l’Ain recrute un.e chargé.e de mission «plume».
Missions: Rédiger des discours, éditoriaux et argumentaires ; réaliser des notes pour les opérations et les rendez-vous du Président et du Cabinet ; suivre l’actualité nationale (parlementaire, réglementaire ...) et savoir enrichir les éléments d’information pour le Président ; rédiger des documents, rapports et synthèses ; rédiger et relire les courriers du Président et suivre ses interventions.
Profil: Diplôme : Bac +5 / Domaine : sciences politiques, sciences humaines ou littérature; expérience souhaitée.
Filière : Administrative
Modalité de recrutement: Contractuel
Poste basé à Bourg en Bresse.
Pour en savoir plus et postuler : https://www.ain.fr/poste/conseil-departement-de-lain-01000-bourg-en-bresse-sans-cadre-demplois-charge-de-mission-plume-h-f/
• La ville de Saint-Maur (94) recrute un.e chargé.e de communication digitale.
• Le directeur de cabinet du maire de Chambéry recrute un.e collaborateur.trice de cabinet (cv et motivations par mail à g.delorme@mairie-chambery.fr).
• Le maire de Saint-Jean de Boiseau (44) recrute un.e responsable de la communication et directeur.trice de cabinet.
• La ville de Gisors (27) recrute un.e directeur.trice de la communication.
• La ville de Bastia (2B) recrute un.e directeur.trice adjoint.e de la communication et de la participation citoyenne.
Nominations
Collectivités
Alexiane Zelinsky est nommée directrice adjointe de cabinet du maire de Paris Centre, Ariel Weil (PS).
Cyrielle Flosi est nommée directrice communication et événementiel de la ville de Garges (95).
Geoffroy Veyradier est nommé collaborateur de cabinet en charge des relations publiques du maire de L’Haÿ-les-Roses (94), Vincent Jeanbrun (Libres !).
Quentin Mongermont est nommé chargé de mission au cabinet du maire du 15e arrondissement de Paris, Philippe Goujon (LR).
Christophe Brun a été nommé directeur de cabinet du maire de Montélimar et président de son agglomération, Julien Cornillet (LR).
Jérémie Martin, est nommé collaborateur de cabinet du maire d’Hendaye (64), Kotte Ecenarro (PS). Il était conseiller au cabinet de la présidente de la Région Occitanie,
Alix Charuet est nommé collaborateur de cabinet du président d’Alès agglomération (30), Christophe Rivenq (LR).
Ce qu’ils/elles deviennent
Lucie Roch, responsable adjointe du département réseaux, partenariats & gestion de crise du Service d’information du Gouvernement est nommée directrice communication et relations externes de la mission French Tech.
Damien Horn, collaborateur parlementaire à l’Assemblée nationale depuis 2017, est nommé PR specialist, corporate communications chez Amazon (Paris).
Vous pouvez nous envoyer vos réactions, témoignages, remarques ou conseils à redaction@entourages.media
Nous les publierons (avec votre accord).