Entourages n°31: Quel bilan de l'après-Covid pour les dircabs ? Gestion d'équipe, technologies, changement de pratiques, un tour d'horizon complet ; recrutements ; nominations
La lettre des métiers politiques
Cette semaine dans Entourages :
☑Dossier : gestion d’équipes, technologies, pratiques au quotidien : ce que le Covid a changé au sein des cabinets
☑Les recrutements
☑Les nominations
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Gestion d’équipes, technologies : ce que le Covid a changé au quotidien des cabinets
Après plus de 27 mois de crise sanitaire mondiale, la France retrouve un semblant de normalité : les cinémas et salles de spectacles retrouvent leur public, les touristes internationaux reviennent, les commerces fonctionnent, les décès dus au Covid-19 sont en forte baisse. Pour les collaborateurs d’élus, c’est la fin d’une longue traversée, souvent épuisante, durant laquelle ils ont été sur le pont sept jours sur sept. Entourages les interroge sur le bilan qu’ils tirent de cette période, sur ce qui a changé dans leur travail quotidien, et les expériences qui sont devenues des pratiques. Ils racontent l’épuisement, la gestion des équipes, la mise en œuvre des nouvelles technologies, et les nouvelles façon de collaborer.
”Au début de la pandémie, les gens étaient terrifiés, on ne savait pas contre quoi on luttait, et nous étions les premiers relais sur le terrain” se souvient Tom Lanneau, chef de cabinet de Stephen Hervé, maire de Bondy. “Il n'y avait plus rien d'autre à gérer, tout était à l'arrêt. Nous avions une conférence tous les jours ou presque avec le préfet”. Les protocoles sanitaires se multiplient, le confinement se met en place, le nombre de malades et de décès progresse. Les équipes municipales et régionales font face, avec les moyens du bord. “Au début, on pensait : "c'est une crise qui va passer". Puis on a réalisé que les protocoles se succèdent, que la crise s'installe sur le moyen, voire long terme. Comment s'adapter? ”
Mélanie Bartosik, directrice de cabinet de Jean-François Copé à Meaux, voit les effet de l’incertitude s’installer. “Quand les spectacles se sont arrêtés, que tous les événements étaient stoppés, il y a pu avoir une perte de repères, certains agents s’interrogeant sur “dans ces conditions, quel est mon métier ?” Tous les dircabs interrogés se souviennent des protocoles sanitaires reçus le vendredi, qu’il faut mettre en application le lundi. “Chaque protocole est un nouveau process pour les équipes, qui sont parfois resserrées. Politiquement, on nous dit comment on va les appliquer, comment on va communiquer. C'est un travail permanent.” Dans cette tourmente, elle apprécie les coopérations internes. “Le dircab et le directeur général ont toujours des liens assez étroits : on ne fait pas le même travail, on n'a pas le même métier, mais pour autant on travaille en binôme.”
La gestion des équipes, une tâche qui se complexifie au fil de la pandémie
Au fil des semaines, puis des mois, les absences pour maladie se multiplient, rendant les tâches plus ardues. “Les absences ont posé quelques problèmes. Ceux qui étaient présents ont pris le relais, ce qui ajoutait à leur charge de travail.” Jean-François Legat, directeur de cabinet d’Hervé Reynaud, maire de Saint-Chamond, s’interroge : “ Faut-il alors embaucher quelqu'un en plus ? Ou prendre des free-lance, pour des périodes de remplacement qui sont limitées ? Ce sont des postes qui demandent une prise en main, une formation, un accompagnement, ce qui prend du temps.”
Les choses se dégradent parfois : “Une démotivation s’est installée progressivement dans les équipes. L’absentéisme a augmenté la deuxième année, puis les dépressions, l’épuisement. Des agents ne comprenaient plus le sens de leur travail. Des tensions sont apparues entre les présents et les absents. Il a fallu des semaines pour que les choses se remettent en place et que nous retrouvions un service normal” reconnait un directeur de cabinet du nord de la France.
Eric Alario, directeur de cabinet d’Antoine Homé, à la mairie de Wittenheim, a aussi dû gérer ce type de difficultés. “Nous avions énormément de collègues détachés au centre de vaccination. Pendant ce temps-là, la charge de travail était la même, voire plus importante, et continuait à peser sur ceux qui restaient là.” Mélanie Bartosik accompagne aussi la transition vers le “retour à la normale” : “c’est une question à gérer pour ceux qui ont traversé deux années sans autre mission”. Un constat partagé par Alexandre Mora, directeur de cabinet de Jean Rottner à la région Grand Est « Lors du retour du travail physique, à la fin des confinements, certains agents avaient rompu le lien social et voulaient rester chez eux. On a ouvert une ligne dédiée avec une cellule psychologique pour permettre la réinsertion des agents qui s’étaient éloignés. Chez nous, plus de 150 personnes étaient fragiles, avaient des pathologies qui ne leur permettaient pas d’être exposées à la Covid. On a des gens qui ont quitté le conseil régional durant plus de 12 mois, qui étaient en télétravail. »
La crise a aussi contribué a resserrer des liens, et la solidarité s’est renforcée. “Durant deux ans et demi, on a travaillé à flux tendu, avec une tension constante. Les équipes de l'événementiel, de l'associatif, ont été très aidantes, se mettaient à la disposition pour d'autres tâches, notamment pour la distribution de masques” apprécie Tom Lanneau. “L'opinion publique aime à se moquer un peu des fonctionnaires, mais on a bien vu pendant le Covid que ces dernirs cherchaient tous à être utiles, à aider les populations. Ce qui va me rester en tête, c'est la place prépondérante des communes dans la vie de nos citoyens. Ils se sont tout de suite tournés vers nous. On recevait des dizaines de mails les premiers jours du confinement. Le maire postait tous les jours des vidéos sur Facebook. Des centaines de personnes attendaient les annonces de l'Etat, et les mesures mises en place par la commune.” Un constat partagé par Jean-François Legat. "La continuité de service a été remarquable. Il y a eu un gros travail de communication externe pour expliquer les mesures, la création de magazines numériques spécifiques Covid, un chatbot sur le site web de la commune... On a travaillé non-stop, les informations ne s’arrêtaient pas. Nous avons amélioré les procédures et le fonctionnement. "
Le numérique s’installe dans la pratique quotidienne, mais…
Avec le télétravail, les limitations de rencontres physiques, les réunions en visioconférence deviennent la norme. “Avant, un entretien en visio donnait l’impression à la personne d’être mal reçue, que c’était un entretien de seconde zone. Cet élément de déconsidération du rendez-vous digital a disparu aujourd’hui. Il y a même des gens aujourd’hui qui vous le demandent. Avec les confinements, le renouvellement et les assemblées à distance, on a de nouveaux élus qui ne se sont quasiment jamais vus. Paradoxalement, on a redonné du lien à travers la visio. On a introduit quelque chose qui n’existait pas, le débat démocratique en visioconférence. L’interaction digitale est aujourd’hui possible, on peut débattre de manière digitale” apprécie Alexandre Mora.
A Saint-Chamond, “la crise a été un accélérateur de cette pratique. Et la municipalité a mis en place un accord avec les syndicats sur le télétravail, sous réserve d'accord du chef de service" détaille Jean-François Legat.
”On a découvert que les collectivités n’étaient pas forcément équipées pour travailler en distanciel. Les premières semaines, j’ai payé un abonnement Zoom pour que l’on puisse faire des réunions avec la présidente de région” se souvient Arthur Denez, conseiller de la présidente Marie-Guite Dufay en région Bourgogne-Franche-Comté. “Ça montre de manière générale le manque d’anticipation des enjeux du numérique, notamment pour les collectivités. On a découvert le télétravail. Il a fallu commander des ordinateurs. Maintenant on fait moins de réunions en présentiel, on se déplace moins. Durant la crise, tout se décidait en direct dans la même salle. Tout allait plus vite. C’est beaucoup plus simple de faire une réunion à 50 en visio à 15h que de chercher toutes les disponibilités de tous les acteurs économiques en physique.”
Certains se montrent plus réservés, et voient sans déplaisir la diminution des réunions virtuelles. “Les régions, départements et préfectures ont gardé l’habitude des réunions en visio, ce qui permet de limiter les déplacements. On le propose encore, mais plus pour les réunions d’équipe ou les échanges avec les citoyens : on préfère se voir, être sur le terrain” évalue Mélanie Bartosik. “Le télétravail reste compliqué pour les collaborateurs. Son usage dépend beaucoup du métier et de la personnalité. Un cabinet, c’est une équipe, et j’avais le sentiment d’avoir perdu ce lien au début de la pandémie.” Une approche partagée par Tom Lanneau : "Je suis assez old school, j'aime bien voir les gens; s'il y a des choses importantes à dire, je préfère les dire en face. Je trouve que tout est plus long en télétravail, et je ne suis pas du tout fan des réunions Zoom”. Et si les dircabs apprécient de ne plus avoir à faire des kilomètres de route pour rencontrer les préfets ou des élus, tous estiment que le travail du cabinet ne se conçoit qu’en direct, par des échanges et des rencontres sur le terrain. “La visio ne remplace pas le présentiel : il y a un besoin de ressenti, de discussion directe. Nous faisons un métier qui demande beaucoup d’interactions. Faire un recrutement en visio, par exemple, est loin d’être idéal” souligne Jean-François Legat.
De nouvelles manières de travailler
Ces deux dernières années ont vu les schémas traditionnels de travail et de collaboration évoluer. Arthur Denez, conseiller de la présidente en région Bourgogne-Franche-Comté relève par exemple un point positif : “la région travaille beaucoup avec les intercommunalités, qui partagent les compétences économiques, donc la relation région/interco s’est renforcée. On a appris à mieux travailler ensemble, un peu dans l’urgence mais de façon collaborative.”
Pour Eric Alario, l’évolution majeure est “la transversalité. Énormément de transversalité. On était, comme toutes les administrations, un système pyramidal. On travaille de plus en plus en direct, les uns avec les autres. Cela a fluidifié les rapports. Avec le recul, je pense que le Covid a eu cet impact-là. On a travaillé beaucoup plus rapidement.”
”Cette crise a bien illustré que la ville reste un élément essentiel pour les Français” estime pour sa part Tom Lanneau. “Nous nous sommes affirmés comme élément central de la gestion de la crise."
Une crise qui n’est pas terminée
Si ce printemps 2022 semble voir un retour à la vie normale, que les équipes retrouvent un rythme plus classique, l’histoire n’est pas terminée. “La levée des restrictions sanitaires s'est accompagnée de plusieurs dizaines de collaborateurs dans la mairie qui ont eu le Covid dans les jours qui ont suivi. Mais on panique moins. Au moment de la réouverture des écoles, le moindre cas positif m'était remonté dans l'heure. Aujourd'hui, ce n'est plus le cas. On a pris de nouvelles habitudes sanitaires, on sait à quoi on a affaire” constate Tom Lanneau. “Je ne considère pas que nous sommes dans l'après-Covid. La vie sociale, culturelle, sportive, a repris. Mais nous sommes toujours en logique de crise sanitaire, avec moins de restrictions" rappelle Jean-François Legat, qui vient de passer une semaine en isolement… pour cause de virus du Covid. La vigilance reste de mise.
Dossier réalisé par Marie Genty et Fabrice Pozzoli-Montenay
Recrutements
Directeur/directrice adjoint à la directrice de la communication
La ville de Limeil-Brévannes (94) recherche un directeur/directrice adjoint à la directrice de la communication, de l'événementiel et de la culture.
Les missions : organisation d’expositions, de manifestations événementielles, festives et protocolaires de qualité.
Pour postuler envoyez votre mail de candidature et CV à recrutement@limeil.fr
Pour plus d’information : https://www.linkedin.com/feed/update/urn:li:activity:6922584947425722368/
Collaborateur/rice parlementaire au Sénat
Bernard Delcros, sénateur du Cantal, recherche un collaborateur parlementaire à Paris pour l’accompagner dans ses différentes missions.
Les missions :
-accompagner le Sénateur dans son activité parlementaire et plus particulièrement au sein de la Commission des Finances au Sénat.
- suivi législatif prioritairement des lois de finances
- proposer /rédiger des amendements, des propositions de loi ou des questions orales/écrites
- préparer les réunions de la Commission des Finances
- assurer une veille législative assidue
- gérer l’agenda et répondre aux sollicitations du sénateur
Pour en savoir plus :
https://www.emplois-politiques.fr/post/collaborateur-rice-parlementaire-bernard-delcros-s%C3%A9nateur-du-cantal
Nominations
Collectivités
Nicolas Hubert est nommé directeur de la communication et de l’information citoyenne du conseil régional d’Occitanie.
Raphaël Perrin Autissier est promu responsable de la communication externe et des relations presse de la ville de La Courneuve (93).
Ève-Marie Ganczarczyk est nommée cheffe de cabinet du président du conseil départemental de la Mayenne, Olivier Richefou (UDI), en remplacement de Timothé Dupuy.
Bérangère Diffetocq est nommée responsable de la communication de la ville de Mormant (77), à compter du 1er juin.
Gouvernement
Benoit Coquille, conseiller en charge des politiques de jeunesse et du service national universel, est nommé directeur du cabinet de la secrétaire d’État chargée de la jeunesse et de l’engagement, Sarah El Haïry. Thomas Coulon, chargé de mission, est promu conseiller jeunesse et discours.
Ce qu’elles/ils sont deviennent
Alice Lefort, ex-conseillère technique transport à l’Élysée et à Matignon (202-2022), est nommée directrice stratégie et transformation France de Transdev.
Timothé Dupuy, ex-chef de cabinet du président du conseil départemental de la Mayenne est nommé responsable des affaires publiques du cabinet de conseil en communication Ohwood .
Pascal Gudefin, ex-directeur de cabinet du maire de Besançon (2017-2022), lance son cabinet de conseil en management de projet et stratégie.
Amélie Rodrigues, magistrate et ex-conseillère justice à Matignon (2020-2022) est nommée conseillère en charge des relations internationales auprès de la cheffe du Parquet européen, Laure Codruta Kövesi selon Acteurs Publics.
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