Entourages n°25 : Dons, convois, réfugiés : l'Ukraine fait irruption dans les communes
La lettre des métiers politiques
Cette semaine dans Entourages :
Ces dircabs qui gèrent les opérations de solidarité avec l’Ukraine 🇺🇦
Comment la Cour des Comptes veut valoriser la participation citoyenne
les nominations
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Ukraine : comment dircabs et dircoms coordonnent les actions de solidarité
Plusieurs centaines de communes françaises ont lancé des opérations de solidarité avec l’Ukraine depuis l’invasion du pays. Récolte de dons, convois humanitaires, accueil de réfugiés : les cabinets se trouvent au coeur des dispositifs et assurent leurs succès. Entourages partage les expériences et les solutions trouvées pour les collectes, le stockage, le transport, la communication interne et externe, et l’accueil de réfugiés.
➡️ Comment s’est faite la mise en place des opérations ?
Pierre Mareau, chef de cabinet de Nadège Azzaz, maire de Châtillon (Hauts-de-Seine) : “La maire et son adjointe aux solidarités, Linda Fali, ont pris la décision d’organiser une collecte. La coordination a été faite par le cabinet du maire. Suite à l’appel à solidarité de l’association des maires de France (AMF), nous avons contacté la Protection civile car il nous fallait un relais logistique pour l’acheminement du produit de la collecte auprès des populations ukrainiennes. La ville a mobilisé une salle, ainsi que des agents puis des élus afin d’organiser ces deux collectes. Des bénévoles châtillonnais ont également accompagné cet effort.”
Jonathan Dogan, conseiller technique au cabinet de Marc Gricourt, maire de Blois (Loir-et-Cher) : ”Nous avons recueilli une liste de produits de première nécessité auprès des autorités diplomatiques ukrainiennes en France ; elles me semblent être le vecteur d'information le plus sûr car elles sont en lien avec tous les hubs logistiques en Hongrie et en Pologne, et avec le Haut commissariat aux réfugiés pour les déplacés”.
Cécile Carretti, adjointe à la communication de Saint-Pierre-de-Chandieu (Rhône) : ”L’initiative est venue de la présidente de l'association "Les joyeux petits souliers", qui a contacté la mairie le lendemain de l'attaque pour demander de mettre une salle à disposition pour une collecte de dons. La mise en place s’est faite avec l’aide d'élus et des bénévoles de l'association”.
Aurélie Ermont, directrice de la communication et de l'événementiel à la mairie de Baillargues (Hérault) :
”Le maire Jean-Luc Meissonnier a pris la décision, et Jennifer Cuchet, directrice générale des services, a coordonné l'organisation de la collecte. Une salle des fêtes a été réquisitionnée pour accueillir les dons matériels. Les bénévoles ont été sollicités par e-mail. Ils collectent les dons, les trient et les stockent dans les cartons. Le service technique a aménagé la salle des fêtes. Une collègue d'origine ukrainienne qui travaille au service civil a été mise dans la boucle dès le début et accompagne l'organistation de la collecte.
Simon Finkel, directeur de cabinet de Patrick Donath, maire de Bourg la Reine (Hauts-de-Seine) : ”Nous avons suivi la liste communiquée par la Protection civile, j'étais en lien avec eux, et la section locale a aidé à l'empaquetage des colis, avec une réactivé impressionnante.”
➡️La recherche de contacts locaux
Simon Finkel : “Quelques familles ukrainiennes de la commune ont des proches sur place, qui servent de relais locaux. Nous n’avons pas d'association ou de jumelage, le lien se fait difficilement car on a peu de contacts sur place, à part des bribes de contacts individuels.”
Nicolas Flament, directeur de cabinet de Sandra Billet, maire de Saint-Leu-la-Forêt (Val-d’Oise) : ”Nous étions en contact avec un élu local roumain, situé à Sighetu Marmatiei à proximité de la frontière ukrainienne, qui nous a aidé à établir un lien en Roumanie et à préparer le transport.”
Nicolas Henault, directeur de cabinet de Maider Arosteguy, maire de Biarritz (Pyrénées-Atlantiques) : ”Il fallait trouver des correspondants locaux, et parmi les donateurs nous avions des contacts avec une famille ukrainienne. Nous nous sommes coordonnés.”
➡️La collecte et le stockage des dons
Céline Carole, directrice de cabinet de Gilles Bord, maire de Pontault-Combault (Seine-et-Marne) : ”Les dons ont été récoltés en fonction de la liste établie par la Protection civile. Pas de vêtements, mais des produits d'hygiène et matériels médicaux. Une centaine de cartons ont été remplis.”
Nicolas Henault : “Le service communication a relayé les informations sur le type de dons dont on avait besoin : on était parti sur des vêtements ; mais plus le temps passait, plus on réalisait que sur les frontières le besoin en alimentation et vêtements était moindre, et l'urgence est de fournir médicaments, matériel médical et produits d'hygiène.”
Jonathan Dogan : “J'ai eu une vie militaire, au centre de crise et de soutien au ministère des Affaires étrangères, sur des opérations d'évacuation de ressortissants ou de soutien aux populations. La première cause de décès au combat est l'hémorragie massive. On a donc ajouté récemment du matériel médical d'urgence simple (bandages, compresses, alcool médical, pansements hémostatiques d'urgence, garrots tourniquets). “
Pierre Mareau : “La ville a mobilisé une salle ainsi que des agents puis des élus afin d’organiser deux collectes. Des bénévoles châtillonnais ont également accompagné cet effort. Certains magasins de la ville ont apporté un soutien matériel pour l’organisation, une enseigne a organisé elle-même une collecte dont elle nous a ensuite transféré le produit.”
Simon Finkel : “Nous avons laissé la marie ouverte jusqu’à 21h avant le départ du convoi, pour laisser la possibilité de participer. Un tonne de matériel a été réunie, dont beaucoup de produits d'hygiène, des vêtements, de la nourriture, notamment pour bébés, des kits de premier secours, des pansements...”
➡️L’acheminement et la bonne livraison
Nicolas Henault : “J'ai demandé à la maire "est-ce que vous m'autorisez à m'y rendre à titre personnel et à conduire le camion, et m'absenter durant 3 jours ? Elle m'a dit "allez-y, et assurez-vous que les dons des Biarrots arrivent à bon port et ne soient pas détournés." Je précise que j'y suis allé à titre personnel, en posant des jours de congé. 30h de route à l'aller, et 30h au retour. Retour dimanche matin à 6h, j'étais au travail lundi à 9h. Nous étions trois dans le véhicule, à se relayer au volant. Notre contact en Ukraine est venu charger les dons à la frontière polonaise.”
Céline Carole : “Le transport s’effectue en lien avec l’association BIP Humanitaire, qui effectue le transport et la collecte de fonds avec le Lions Club. Deux camions du service logistique et événementiel de la ville ont été chargés. La dircab vérifie la traçabilité, montre aux habitants où sont partis leurs dons, en lien avec le transporteur. L’association humanitaire a transmis des photos, témoignages de la distribution et a informé de l'arrivée.”
Aurélie Ermont : “La Protection civile est chargée de venir chercher les dons, de les mettrent dans des camions et de les distribuer dans les centres qui acceuillent les réfugiés. Ils viennent une fois par semaine.” (Note : de nombreuses communes nous ont répondu confier le transport à la Protection civile).
➡️Quel type de communication ?
Jonathan Dogan : Sous l'autorité du directeur de cabinet Franck Heyde-Bétancourt, je coordonne une “cellule restreinte” avec le directeur de la communication, le service "vie civile" et la direction du numérique. De façon plus large, nous échangeons entre le cabinet, le dircom externe, la com’ interne, le service logement, le centre intercommunal d'action sociale, la direction du numérique, tous les agents d'accueil et de permanence, le service logistique. On a un espace commun, mis à jour régulièrement, où je partage les informations et les réponses aux questions le plus souvent posées ”.
Pierre Mareau : “La direction de la communication a déployé en urgence l’information sur la collecte et la liste de dons via l’affichage municipal, le site internet, les réseaux sociaux et la newsletter de la ville.”
Nicolas Henault : “La communication s'est faite sur les réseaux sociaux, internet, des communiqués de presse, on a aussi briefé les agents d'accueil, et a ensuite évolué en fonction des besoins.”
Nicolas Flament : “Il était important de prévenir la population d'arrêter de donner des vêtements, qui représentent un gros volume et ne sont pas le besoin prioritaire.”
Cécile Carretti : “Nous avons communiqué via les réseaux sociaux (énorme succès), les panneaux lumineux et affiches. Nous consacrons deux lignes téléphoniques pour accueillir les appels, car l’accueil de la mairie est saturé. Nous avons des appels de citoyens qui proposent d'héberger des enfants réfugiés, ou qui demandent ce qu'il faut apporter pour la collecte de dons.”
➡️L’accueil des réfugiés
Cécile Carretti : “L’accueil d'enfants ukrainiens se fait grâce à l'association "Les joyeux petits souliers" qui est liée à la ville de Lviv en Ukraine, dans le cadre de l’accueil d’enfants artistes. Un rapatriement d’une cinquantaine d’enfants ukrainiens a eu lieu la semaine dernière. Il n’y a pas eu de démarche avec la préfecture car leur rapatriement s'est fait dans le cadre de la collaboration habituelle avec la ville ukrainienne. Il s’agit maintenant de leur donner un statut de réfugié. On espère qu’ils pourront intégrer des classes au collège. Des enseignants bilingues bénévoles interviennent pour continuer les cours de français dans une salle de l’école maternelle.”
Simon Finkel : “Nous avons déjà des réponses pour l'hébergement, et on a lancé une boite mail dédiée "solidarité Ukraine”. Nous sommes en lien avec la préfecture, on attend des nouvelles sur l'accueil des Ukrainiens soit chez l'habitant, soit dans des locaux de la ville qui seraient disponibles.”
Jonathan Dogan : “La ville de Blois avait déjà répondu sur l'accueil de réfugiés de Syrie et d'Afghanistan. La préfecture travaille avec une association locale, qui gère la relation avec les réfugiés. On a commencé à voir arriver quatre ukrainiennes, hors de tout circuit humanitaire, qui se sont présentées spontanément à la Croix Rouge. La doctrine est simple : au niveau de la ville, on récolte les propositions, on les envoie à la préfecture, qui se charge d'assurer le recueil des besoins en lien avec l'association. Il est important que les gens qui arrivent se présentent tout de suite à la préfecture pour être régularisés, puis se mettent en lien avec l'association qui les accompagne vers une visite médicale, l'éducation nationale pour les enfants, et un logement.”
NDLR : Ces témoignages sont des exemples de l’élan de solidarité des communes et ne représentent qu’une infime partie des actions menées en France. Comme l’indique l’AMF , “ce sont plusieurs milliers de collectivités qui ont répondu présents en souhaitant contribuer à l’aide d’urgence en faveur du peuple ukrainien.”
Liens utiles :
La Protection civile : https://don.protection-civile.org/soutenir
FACECO (fonds d’action extérieure des collectivités locales) : https://www.diplomatie.gouv.fr/IMG/pdf/faceco_ukraine-03-03-22_cle8bcdba.pdf
La plateforme dédiée à l'accueil des familles ukrainiennes en France : https://parrainage.refugies.info/
Fabrice Pozzoli-Montenay et Marie Genty
La Cour des comptes lance ses consultations citoyennes
La vénérable Cour des Comptes a inauguré le 9 mars sa “plate-forme de consultation citoyenne”. Une démarche “participative et collaborative” expérimentale mise en place dans le cadre de son programme de modernisation "JF 2025" ("Juridictions Financières 2025"), pour une durée de 2 mois. Le but est de permettre “à chaque citoyenne et citoyen de présenter à la Cour ses suggestions de contrôle d’organisme public ou d’évaluation de politiques publiques.” Ces contributions seront par la suite examinées par la Cour et les propositions citoyennes les plus intéressantes seront intégrées à sa programmation.
L’opération s’est montée avec la participation de l’agence Open Source Politics, avec son outil open source de démocratie participative Decidim, et la coopérative Datactivist qui a assuré l’animation des ateliers et la conférence de présentation virtuelle, avec Gather Town.
Podcast : Le “décodeur de la com”
Laurent François, directeur de l'agence Maverick Communication, a diffusé son 50e podcast, sur le thème “Je prends mes fonctions de dircom”, avec les conseils de Frédéric Fougerat, directeur Communication d'Emeria. Des conseils pratiques, qui s’adressent aussi bien aux vétérans qu’aux débutants.
Pour écouter les podcasts : https://podcast.ausha.co/decodeur-de-la-communication
Nominations
Collectivités
Christophe Brun est nommé directeur de cabinet du maire de Montélimar (26) et président de Montélimar agglomération, Julien Cornillet (LR).
Jean-Charles Lallouet directeur adjoint de la communication de la Métropole européenne de Lille (MEL), est nommé adjoint de la DGA communication et attractivité de la ville et de l’agglomération de Saint-Nazaire (44), en remplacement de Mickaël Fairand.
Quentin About est nommé directeur de cabinet du maire des Clayes-sous-Bois (78), Philippe Guiguen (DVD).
Julien Pierre est nommé chargé de communication de la mairie du 12e arrondissement de Paris.
Pierre-Jean Drouet est nommé directeur du dialogue citoyen et de la communication de la ville de Rezé (44).
Maxime Le Quellec a été nommé directeur de cabinet du maire de Montaigu-Vendée (85), Florent Limouzin et du président de la communauté d’agglomération de Terres de Montaigu, Antoine Chéreau.
Politique
Clément Leonarduzzi, conseiller spécial et responsable pôle communication de la présidence de la République, et Jonathan Guémas, conseiller discours, rejoignent l’équipe de campagne présidentielle d’Emmanuel Macron où Domitille Fafin, ex-VP “global external communications” chez L’Oréal, a récemment été nommée directrice adjointe de la communication.
Gouvernement
Alexandre Fabre est promu chef de cabinet, conseiller parlementaire au cabinet du secrétaire d’État chargé de la transition numérique et des communications électroniques, Cédric O.
Rémi Decout-Paolini, directeur adjoint, est promu directeur de cabinet du garde des Sceaux, Éric Dupond-Moretti en remplacement de Véronique Malbec nommée au Conseil constitutionnel.
Ce qu’ils deviennent
Caroline Duchêne, ex-conseillère conseillère presse, communication et opinion au cabinet de la ministre déléguée chargée de la citoyenneté (2018-2021), devient directrice conseil chez Elabe.
Éric Barthez, directeur de cabinet du maire de Vendôme et président de son agglomération depuis 2014, est nommée directeur général des services.
Ludivine Vanthournout, ex-directrice de cabinet du maire d’Épinay-sur-Seine (93), et présidente de l’association de directeurs de cabinet Dextera, est nommée directrice relations collectivités de Nexity, et quitte son mandat associatif.
Yohan Chacun, chef de cabinet du maire de Cachan (94), est nommé chargé de projet de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP).
Amaury Dumay, directeur adjoint de cabinet du président de l'Assemblée nationale depuis 2018, est nommé directeur de cabinet du président-directeur général du groupe ADP, Augustin de Romanet.
Bénédicte Gosset, cheffe de pôle veille et analyse médias au ministère de la justice, est nommée directrice de la communication de la chaîne LCP-Assemblée nationale.
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