Entourages n°24 : bye bye l'Assemblée - frais de campagne - nominations
La lettre des métiers politiques
Cette semaine, dans Entourages :
Fin de la XVe législature : les meilleurs (et les pires) souvenirs des collaborateurs parlementaires
Frais de campagne : les leçons à tirer des décisions de la Commission des comptes de campagne
Recrutements
Nominations
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Bye bye, l’Assemblée nationale ! Les meilleurs (et pires) souvenirs des collaborateurs
Quels souvenirs personnels les collaborateurs parlementaires gardent-ils de cette XVème législature ? Ils confient à Entourages des moments parfois drôles, inattendus, leurs satisfactions mais aussi des témoignages révélateurs de la pression quotidienne, voire de pratiques inacceptables.
Valentine Serino : “Les premiers jours de la mandature, de nombreux collaborateurs n’avaient pas encore leurs badges, étaient perdus dans les couloirs, certains n’avaient pas de bureaux, pas de papier, pas d’enveloppes, et on demandait aux élus de voter la première grande loi sur la moralisation de la vie publique. Et je me souviens aussi de l’ambiance folle durant l’affaire Benalla : on a assisté à un nombre record de rappels au règlement dans l’hémicycle”
Plusieurs collaborateurs : “On se souvient encore des premières minutes en arrivant à l’Assemblée nationale. L’excitation, l’anticipation des projets à mener.”
Maxime Torrente : “Lors du projet de révision constitutionnelle, l’ensemble des oppositions étaient vent debout contre. J’avais préparé 35673 amendements : un pour chaque collectivités locales, pour leur donner le statut de “collectivité à statut particulier” dans la Constitution. Ce qui a mis les services administratifs de l’Assemblée en ébullition quand je les ai prévenus. Puis est arrivée l’affaire Benalla, et nous n’avons pas eu besoin de les déposer. Mais cela reste un de mes meilleurs souvenirs.”
Anonyme : “Le confinement : j’étais chez moi, mon élu m’appelait sans cesse et me demandait pourquoi je ne venais pas au bureau.”
Rebecca Breitman : “Je me souviens du moment où la loi sur les lanceurs d’alerte a été votée à l’unanimité. Des mois de travail, de négociations, d’échanges avec des associations qui aboutissaient. Mais aussi après l’attentat du marché de Noël à Strasbourg : je me trouvais à quelques mètres de l’endroit où le terroriste a été abattu, à proximité de la permanence. Les journalistes ont appelé toute la soirée, je me sentais ailleurs, dans une situation improbable”.
Anonyme : “Pendant le crise des Gilets Jaunes, j’ai été harcelé sur mon profil Facebook ; puis c’est devenu des menaces physiques, et des insultes en public.”
Jacques Desmaisons : “Le salon de l’agriculture que j’avais fait avec Jean Lassalle était incroyable. On a passé deux journées de folie à ne quasiment plus pouvoir avancer dans les allées. Tout le monde était sincèrement content de le voir, de le saluer, d’échanger quelques mots, d’évoquer des problèmes, de prendre des selfies. Beaucoup de producteurs voulaient que Jean déguste leur produits. C’était fantastique.”
Maxime Da Silva : “J’ai été militant gilet jaune. J’ai organisé un mouvement de grève des collaborateurs de l’Assemblée, et distribué des tracts devant les députés. Ce n’est pas courant. Je me suis retrouvé devant des élus qui tenaient des propos atroces sur les Gilets Jaunes, alors que le samedi je manifestais et me prenais des coups de matraque.”
Caroline Fel : “L’immense satisfaction de voir le texte de ma députée Patricia Lemoine (sur l’assurance emprunteur), être voté après deux années de travail intensif, juste à la veille de la fin de la législature, et de le voir affiché sur BFM.”
Anonyme : “Vous avez remarqué que les talons hauts ont disparu de l’Assemblée ? Avec la nouvelle génération de collabs et d’élus, et les grèves des transports, l’obligation pour les femmes de porter des escarpins s’est évaporée”.
Gonzague de Chantérac : “Deux choses me tiennent à cœur : je suis fier d’avoir arraché la reconnaissance de la portabilité de l’ancienneté des collaborateurs parlementaires en tant que délégué syndical. Je pense qu’il y a maintenant une meilleure reconnaissance de notre existence dans la vie de cette Assemblée. Et d’avoir organisé quatre années durant un petit déjeuner “portes ouvertes inter-groupes” sur la situation des minorités chrétiennes persécutées dans le monde”.
Anonyme : “Merci à la députée qui m’a tendu la main alors que j’étais sur le point de craquer et de quitter l’Assemblée, après des mois de harcèlement.”
Anonyme : “Je ne garde aucun souvenir positif. Aucun. Plus jamais je n’y remettrai les pieds, et je ne veux plus jamais entendre parler de politique” (une collaboratrice en procès avec son élu pour harcèlement).
Alexandre Renoux : “J’ai été parmi cette nouvelle génération de collaborateurs, avec l’envie de faire de la politique d’une nouvelle manière. J’ai eu le sentiment de voir deux mondes : l’un tourné vers l’opacité, l’autre moins élitiste. Mais le prix de l’apprentissage a été très lourd pour les “nouveaux collaborateurs” : beaucoup ont arrêté, certains en burn out, le turn over a été très élevé. Une entraide s’est mise en place, un apprentissage, et après cinq ans j’ai beaucoup progressé. Et suis prêt à y retourner.”
Propos recueillis par Fabrice Pozzoli-Montenay et Marie Genty
Frais de campagne: les leçons des élections régionales
Entourages a étudié les différentes décisions de la Commission nationale des comptes de campagne (CNCCFP) pour les régionales 2021. La commission a notamment pris des décisions novatrices sur trois points : les dépenses d’affichage, le flocage des véhicules et les logiciels de procurations.
🗹 Plus de flocage des véhicules et des permanences
Depuis 2019, la CNCCFP s’était fait plus stricte contre la publicité illégale, n’hésitant pas à sanctionner d’une baisse de remboursement les campagnes d’affichages en dehors des panneaux officiels. En se basant sur l’article L51 du code électoral, la commission a refusé que soit prise en charge des dépenses de flocage des véhicules aux couleurs d’une campagne, que ce soit pour des bus, des voitures voir des permanences électorales.
🗹 Le pataquès de l’affichage officiel
Autre décision importante, qui concerne une soixantaine de candidats, de toutes tendances : le refus par la CNCCFP de payer une partie de l’affichage officiel. La société France affichage plus dispose d’un monopole de fait pour l’affichage sur les panneaux officiels. Cette prestation est directement payée par les préfectures au titre du R39, avec un barème fixé par arrêté.
Or, contrairement aux élections européennes (qui ont permis à la société de dégager plus d’un million d’euros de bénéfices), le barème n’assure pas la rentabilité de la prestation pour les régionales. La société a donc exigé que les candidats payent en plus une facture à cinq chiffres sur les comptes de campagne. Malgré les assurances préalables du ministère de l’Intérieur sur la conformité de l’opération, la CNCCFP a refusé que cette prestation soit payée deux fois. Une décision logique, qui interroge sur le monopole laissé à une société.
🗹 Pas d’application pour les procurations
La plupart des têtes de liste LR, ainsi que Marc Fesneau, avaient fait appel au logiciel Procumatcher de la société Hatis. En utilisant les récents assouplissements du droit des procurations, le logiciel proposait de faciliter l’établissement des procurations des sympathisants d’un candidat. Une solution au coût élevé (entre 18 000 et 21 000 € par liste). Or, la CNCCFP a considéré que ce logiciel concernait les opérations préparatoires, susceptibles de favoriser la participation au scrutin, mais qui ne « visent pas directement à promouvoir la personnalité ou la campagne » du candidat.
En rupture avec des décisions passées, la commission a refusé que cette facture soit remboursée par l’Etat. Une vision restrictive et contestable de la notion de dépense électorale. Selon nos informations, plusieurs têtes de liste LR ont déposé un recours sur ce point. La société Hatis a aussi fait appel au cabinet Briard pour accompagner les candidats qui souhaitent faire un recours. La société Plebiscit, qui commercialise un outil semblable (Previoo), indique n’avoir reçu aucune notification de la CNCCFP, ou d’un candidat.
🗹 Autres décisions
Comme l’avait indiqué La Lettre A, Valérie Pécresse s’est fait sanctionner de 5000 euros pour avoir inséré une vidéo dans 137000 ordinateurs offerts aux lycéens franciliens.
Thierry Mariani s’est vu refuser la prise en charge des frais d’hébergement de sa collaboratrice parlementaire, la CNCCFP rappelant que le rôle d’une assistante parlementaire européen n’était pas de faire campagne.
La CNCCFP n’a pas sanctionné le fait que le secrétaire d’État Laurent Pietraszewski se soit rendu dans sa région pour 14 visites officielles durant la période de campagne, dès lors que ce n’était pas des événements de campagne.
Plusieurs candidats se sont fait refuser des factures de maquillage. Des honoraires d’avocat ont également été refusés, comme des frais de réparation de voiture ou des coûts de dépôt de marque auprès de l’INPI. Enfin, le calcul de la durée de paiement des intérêts des prêts bancaires suscite toujours autant de difficultés.
Pierre Januel
Recrutements
➡️ Le Groupe Rouge Vif recherche un Consultant Concertation/Communication pour Rouge Vif territoires, agence conseil spécialisée sur les stratégies de communication et les démarches participatives pour les projets des acteurs publics et privés ayant des impacts sur les territoires.
Conditions : avoir été été en poste dans une agence de communication publique ou un cabinet de conseil et vous avez une expérience de 5 ans minimum sur la communication/concertation de projets pour les maîtres d’ouvrage ou les collectivités publiques. Formation Bac +4 demandée.
Pour en savoir plus et postuler : https://www.linkedin.com/jobs/view/2885486892/
➡️ La métropole européenne de Lille cherche son/sa prochain.e directeur/trice adjoint.e de la communication. Il/elle vient en soutien de la directrice de la communication pour l’élaboration, la mise en œuvre et le suivi des stratégies et dispositifs de communication ainsi que pour le suivi RH, administratif et financier de la Direction.
Profil : Diplômé.e d’une école de communication, d’un IEP ou titulaire d’un Bac+5 en communication, vous disposez d’une expérience significative (10 ans) dans le domaine de la communication publique et institutionnelle.
La fiche de poste : https://lillemetropole.gestmax.fr/3698/1/directeur-rice-adjoint-e-de-la-communication
➡️ Le cabinet Saper Vedere, spécialisé en “intelligence sur les réseaux sociaux”, recherche un Front-End Developer Medior pour le développement et l’amélioration de différents projets web, l’intégration de nouvelles features, le testing et refactor de code.
Les compétences demandées : Excellente maitrise de Javascript (ES6), bonne connaissance du DOM, HTML, CSS (Sass), expérience professionnelle dans l’un des framework JS (Vue, React, Svelte…)
Pour en savoir plus et postuler : https://www.saper-vedere.eu/2021/10/05/emploi-front-end-developer/
Nominations
Collectivités
Jérémy Renaud est nommé directeur de cabinet du maire de Neuilly-Plaisance (93), Christian Demuynck (LR).
Harold Michel a été nommé directeur de la communication de la ville de Bezons (95).
Céline Carole est nommée directrice de cabinet du maire de Pontault-Combault (77), Gilles Bord (PS).
Marianne Greenwood ex-conseillère de la ministre de la transition écologique, Barbara Pompili, est nommée conseillère en charge des sujets environnement au cabinet du maire de Marseille, Benoît Payan (PS), selon Acteurs Publics.
Marie-Laure Denis, directrice du budget et des finances, est nommée directrice de cabinet du président de la Polynésie française, Édouard Fritch.
Sophie Cabanel est nommée directrice de la communication du conseil départemental de la Dordogne.
Éric Legrand a été nommé directeur de la communication du conseil départemental de l’Indre.
Céline Ducoin est nommée directrice du service communication, marketing territorial, démocratie citoyenne de la ville de Firminy (42).
Parlement
Yohan Engel, conseiller communication et presse au cabinet du président de la Métropole européenne de Lille, est nommé conseiller communication du président du groupe Les Républicains à l’Assemblée nationale, Damien Abad.
Gouvernement
Aurélien Sarrosquy est promu conseiller presse et réseaux sociaux au cabinet de la ministre déléguée chargée du logement, Emmanuelle Wargon, en remplacement de Julien Bosdonnat.
Julia Beurton est promue conseillère culture, communication, régulation numérique, et cheffe de pôle, au cabinet du premier ministre, Jean Castex, en remplacement de Florence Philbert.
Mathilde Van Renterghem est nommée conseillère technique communication au cabinet de la ministre de la transition écologique, Barbara Pompili.
Xavier Rauffet est promu conseiller technique en charge de la communication numérique du ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et des sports, Jean-Michel Blanquer.
Agnès Thibault-Lecuivre est promue directrice adjointe du cabinet du ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin.
Gwenaëlle Juan est nommée directrice adjointe du cabinet de la ministre déléguée chargée de l'insertion, Brigitte Klinkert. Antoine Evin est nommé chef de cabinet, et Emmanuel Coquand conseiller spécial.
Vous changez de fonction ? Pensez à nous le faire savoir : redaction@entourages.media
Spin doctors, les nouvelles tendances de la communication politique
Le 23 mars, le magazine Stratégies organise une matinée de conférence avec des “spin doctors” français, pour mieux comprendre le rôle de conseiller en communication politique et pour décortiquer les phénomènes marquants en cette période de campagne présidentielle, ceux qui vont influencer le scrutin à l'heure des réseaux sociaux et du tout info. Avec entre autres Franck Louvrier, Philippe Moreau-Chevrolet, Gaspard Gantzer, Raphaël Llorca…
Le programme complet et l’inscription : https://www.strategies.fr/conference-strategies-spin-doctors-les-nouvelles-tendances-de-la-communication-politique
Le slogan reste-t-il «l’arme fatale d'une campagne» ?
France Culture revient sur un outil un peu méprisé mais qui peut être une arme redoutable en politique. Accrocheur ou surprenant, le slogan est «ce qui reste quand on a tout oublié», affirme le publicitaire Jacques Séguéla. Mais pour qu’il soit performatif il doit «casser les codes»
Les partis politiques nous espionnent-ils pour mener leur campagne présidentielle ?
Ouest France s’est demandé quelles données étaient recherchées par les équipes de campagne, à l’ère du big data électoral. Un «trésor de guerre» pour ceux qui ont réussi à croiser données publiques et politiques, leur permettant de toujours mieux cibler les électorats.
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