Entourages n°23 : Antoine Lévèque et Michel Barnier, Napoléon à Rouen, nominations
La lettre des métiers politiques
Cette semaine, dans Entourages :
Comment Antoine Lévêque, chargé des médias dans la campagne de Michel Barnier pour la primaire des Républicains, a boosté la notoriété de son candidat
Nous revenons sur la consultation citoyenne qui s’est tenue à Rouen : pourquoi cette approche a-t-elle été choisie par la municipalité ?
Vous trouverez aussi les nominations des cabinets et des liens utiles.
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Antoine Lévèque : avec Michel Barnier, “il fallait montrer que nous pouvions déjouer les scénarios écrits d’avance”
Actuel directeur du cabinet de conseil aux dirigeants The Arcane, Antoine Lévèque a régulièrement accompagné Les Républicains depuis 2013. Il nous raconte sa campagne des primaires à l’automne 2021, en tant que responsable médias de l’équipe de Michel Barnier.
- Vous avez accompagné Michel Barnier durant la campagne des primaires du parti Les Républicains. Quel a été votre place dans le dispositif de campagne ?
Ma mission principale a été d’imaginer et bâtir, avec le candidat et toute l’équipe de campagne, une stratégie médiatique qui intégrait à la fois la la presse traditionnelle et les nouveaux médias. Pour cela, je coordonnais les prises de parole et le tempo médiatique de la campagne de Michel Barnier en lien permanent avec son agenda personnel, les thèmes programmatiques de la campagne (défense, sécurité intérieure, économie, éducation, écologie), l'agenda de la majorité (s'exprimer sur les sujets d'actualités pour donner notre vision), et ses déplacements de campagne.
Cette stratégie a été mise en place autour du candidat, avec la directrice de campagne, Marie-Claire Carrère Gée, le chef de cabinet, Franck d’Aboville, les conseillers politiques et les chargés de réseaux sociaux. Les réflexions sur nos actions étaient débattues ensemble, mais j’ai disposé d’une grande autonomie.
-Lorsque vous commencez, les fonctions européennes de Michel Barnier l'avaient éloigné du paysage politique français.
Il souffrait d'un déficit de notoriété par rapport aux autres candidats. Dans un sondage Ifop en septembre, deux tiers des Français disaient ne pas le connaître. Il avait été un élu local pendant longtemps, puis ministre ; mais c'est quelqu'un qui préfère l'action. Donc il faut le faire émerger dans tous les styles de médias. Le second enjeu est celui de la crédibilité. Un candidat doit pouvoir répondre à des questions essentielles : « suis-je un bon candidat pour mon camp, et pour les citoyens français ? Est-ce que je suis capable psychologiquement et physiquement ? est-ce que j'en ai l'envie ? « Est-ce ai-je des propositions qui vont répondre aux problématiques des Français ? »
A partir de ce constat, nous avons travaillé sur ces deux axes : notoriété et crédibilité, en tenant compte de la procédure ouverte jusque mi-novembre pour ceux qui voulaient s'inscrire au congrès LR. Il s’agissait alors de convaincre les actuels ou anciens adhérents, et les électeurs de droite séduits par un candidat et qui voudraient participer à l’élection. Ce qui constituait tout de même être un corps électoral assez restreint, d’environ 100 à 150000 personnes selon les estimations à cette période.
Dans ce contexte, l’objectif était alors de ne pas réitérer certaines erreurs du passé, en s'enfermant dans une position trop clivante et partisane, où le candidat s’adressait uniquement à ces adhérents. Pour cela, il était indispensable de se projeter dans l’après-Congrès en plaçant le rassemblement et la solidité du projet comme objectifs cardinaux.
- Quelle a été votre stratégie média ?
D’abord, la télévision : parce qu'il y avait un enjeu de notoriété, il était très important que les citoyens et les sympathisants LR identifient le visage de Michel Barnier ; puis la radio et la presse écrite. Avec un dénominateur commun : les réseaux sociaux, qui étaient à chaque fois chargés de synthétiser ces passages médias, les diffuser au plus grand nombre.
Si on prend l’exemple de la déclaration de candidature, cette dernière a été articulée autour du JT de 20h de TF1, depuis sa terre d’origine, en Savoie. Nous l'avons liée à une interview dans Le Figaro pour s’adresser à nos potentiels électeurs. Et dès le lendemain, l'ancrage local, via la presse régionale et le groupe Ebra. On voulait tout de suite frapper fort avec un tryptique : grand JT, journal national, et journaux locaux.
Barnier s'est déclaré quasiment le dernier, fin août. A ce moment, les médias annonçaient un match Bertrand-Pécresse. Mon rôle a été de dire aux journalistes "attention, n'écrivez pas trop vite l'histoire. Il y aura d'autres candidats qui vont émerger et bousculer ce match". Il était indispensable que Michel Barnier s’installe rapidement dans la compétition pour montrer que nous pouvions déjouer les scénarios écrits d’avance et qu'il apparaisse comme le 3eme homme. Et très vite, en septembre, il va être ce 3e homme. Pourquoi ? Par son expérience nationale, européenne, internationale et locale. Il avait des positions claires, et une capacité à rassembler dans son camp des élus de tous bords : libéraux, souverainistes, des sarkozystes, des juppéistes, qui ont fait de lui un candidat crédible, suscitant l’adhésion d’une part importante des adhérents LR. Les ovations lors des rassemblements LR, la multiplication des soutiens, élus ou parlementaires et les sondages en progression ont alors amplifié cet élan. Michel Barnier est devenu le 3ème homme de la campagne. Il a fallu ensuite garder son calme, modérer l'emballement médiatique et rappeler que l'élection est longue.
- Vous êtes intervenu sur les dispositifs de débats télévisés ?
Oui. Avec la direction des chaines et les équipes des autres candidats, nous avons travaillé à l’organisation des quatre débats, que ce soit sur les choix des thématiques, des rubriques ou des timings d’interventions. De mon côté et pour le candidat Barnier, j'ai toujours veillé à ce que l'international et l’Europe soient mis en avant le plus possible.
- Vous n'avez pas été frustré par la place qu'ont prises les questions migratoires, qui ont repoussé les autres thèmes en fin de soirée ?
Toutes les réunions préparatoires des débats avec les chaines ont été constructives, mais ce sont d’abord elles qui ont fixé cette thématique de l’immigration au programme des débats qu’elles organisaient. Même au quatrième débat, France Télévisions dit "nous parlerons de sécurité et d'immigration". Dire que «Les Républicains se sont enfermés dans les thématiques immigration et sécurité", était injuste car nous n'étions pas totalement maîtres de ces choix. Injuste aussi, car l’ensemble des questions prioritaires (santé, énergie, éducation..) pour les Français ont été évoquées sur l’ensemble de ces débats.
- Après le vote, qui a été très serré, quelle est votre regard sur cette primaire ?
C'était un tremplin. Les candidats ont construit les bases de l'après-primaires : le public a vu ce que proposaient Les Républicains. Tout le monde a fait cette campagne des primaires en ayant à l'esprit la suite et le rassemblement, qui n’avait pas eu lieu en 2016.
Après une belle campagne où il a su fédérer et imposer plusieurs de ses propositions dans le débat public, Michel Barnier se classe à la 3ème place en rassemblant presque 24% des voix, devant Xavier Bertrand (22,36%) et Philippe Juvin (3,13%), mais derrière Eric Ciotti (25,59%) et Valérie Pécresse (25%). Un score qui fait de lui un personnage central à droite qui va compter pour la suite.
Propos recueillis par Fabrice Pozzoli-Montenay
À Rouen, comment une consultation citoyenne a remis Napoléon à sa place
« Que faire de la statue de Napoléon ? » Fin 2021, le maire de Rouen, Nicolas-Mayer Rossignol (PS) lance une consultation citoyenne pour répondre à cette question. Favorisant une « approche mémorielle plus moderne » selon les mots de la conseillère municipale Laura Slimani, la ville de Rouen propose la mise en place d’une statue de femme sur le parvis de l’Hôtel de Ville, pour ouvrir le débat sur la place de la femme dans l’espace public. Laura Slimani estime que la consultation est nécessaire pour ne pas agir « contre les Rouennais ».
Ce mode de décision participatif est caractéristique de la politique du maire. Dès son investiture, il crée la Direction des transitions, chargée de la participation citoyenne, avec à sa tête Florence Sacchettini. Ce pôle travaille à l’organisation de la consultation. La direction de la communication se charge de communiquer sur la méthode.
Florence Sacchettini fait appel à l’association « CRD, Citoyens pour le Renouvellement Démocratique » pour sélectionner et accompagner un panel de citoyens. L’association compose un groupe de travail avec les habitants. Quatre soirs, les volontaires travaillent sur le questionnaire destiné à être soumis au vote. Amina N’Diaye, experte en civictech, avertit sur cette démarche. Selon elle, « à l’heure des possibilités d’élargissement offertes par le numérique », un panel restreint de citoyens « peut laisser penser que le processus est verrouillé ». La direction des transitions crée aussi un forum pour accueillir des propositions.
La maire assume sa préférence pour une statue de femme sur le parvis de l’Hôtel de Ville. Un parti-pris qui gêne certains, comme l’association « Les Normaux », opposée au projet. La municipalité organise quatre conférences avant le vote. Mais l’association estime qu’il n’y a pas eu de débat et déplore que les discussions n’aillent que “dans un seul sens”. Pour Amina N’diaye, “si le but était de susciter le débat autour de la question mémorielle, en dehors des Rouennais ayant participé aux conférences, ces débats ne semblent pas avoir suscité le même intérêt” que pour la statue de Napoléon.
À une période médiatique où le déboulonnement des statues fait débat dans plusieurs pays, l’opération trouve un écho médiatique national, et centré autour de la statue de Napoléon. La question rouennaise a un retentissement national et permet à Nicolas-Mayer Rossignol de faire connaître son positionnement, “malgré certaines tentatives de polémiquer”. Laura Slimani se félicite du succès du vote en ligne avec une participation “record”. Pour les élus, ce succès “démontre la pertinence du débat initié”. Plus de 4 000 Rouennais vont participer au scrutin électronique, hébergé sur le site de la mairie. 68 % d’entre eux votent pour le retour de l’empereur sur la place.
Bien que le résultat du vote ne corresponde pas à ses orientations, le maire s’engage à “suivre les avis exprimés” par les habitants de Rouen. La statue de Napoléon devrait donc faire son retour prochainement, accompagnée de quelques nouveaux noms de rue féminins.
Marie Genty
Webinaire « Être une femme directrice de cabinet »
L’association de directeurs de cabinet DirCab organise, le 8 mars 2022, un webinaire sur le thème « Être une femme Directrice de Cabinet ».
Regards croisés sur la profession et spécificités du statut de collaboratrice de cabinet, en présence de Maître Isabelle Béguin du cabinet OPPIDUM, de Muriel Palmade-Gimenez, Rafika Rezgui, et Aline Weber.
🖥️ L’événement est ouvert à tous, avec préinscription obligatoire sur https://urlz.fr/hvSH
Civic Techno est de retour
En pause depuis un an, le site Civic Techno a été repris par Amina-Mathilde N’Diaye, consultante en communication politique spécialisée dans les civic-tech. Elle va décortiquer l’univers de ces technologies civiques, avec de grands entretiens mensuels, mensuel. Pour elle, “consultations citoyennes, votes et débats en ligne, budgets participatifs, mobilisations digitales : les technologies changent les politiques, les institutions et les obligent à repenser leur relation au citoyen”
Le Mans université cherche son/sa dircab
Le Mans Université recrute un.e directeur/trice de Cabinet au sein de la Présidence. “Parmi ses missions, il anime le cabinet de la présidence et assure l’ensemble des missions liées au service assure l’interface avec les partenaires institutionnels, la municipalité et la métropole (…) Il contribue à la définition de la stratégie de communication. Il participe à la rédaction des discours et interventions publiques du président. Il rédige les notes de synthèse et d’analyse prospectives sur des dossiers suivis par le président. Il assure, au besoin, la représentation du président”.
Emploi de catégorie A
Poste ouvert aux fonctionnaires et aux contractuels
CDD de 12 mois renouvelable
Prise de poste souhaitée dès que possible
Pour consulter la fiche de poste et postuler : http://www.univ-lemans.fr/fr/universite/s-engager-a-nos-cotes/nous-recrutons/offres-d-emploi.html
Dans la presse
Présidentielle, le mythe du spin doctor
Les conseillers en communication peuvent-ils faire gagner un candidat, s’interroge, dans un long dossier, le quotidien Ouest France ? Franck Louvrier, Gaspard Gantzer, et l’historien Pierre-Emmanuel Guigo analysent l’évolution de leur rôle jusqu’à l’ère numérique.
Élysée, ces conseillères qui parlent aux présidents
L’Élysée compte désormais nombre de conseillères présidentielles. Pour Le Figaro Madame, Constance Rivière (2012-2017), Nathalie Baudon (2017-2020), et Constance Bensussan (toujours à l’Élysée) dialoguent sur leur rôle et les contraintes spécifiques de cette fonction.
Nominations
Collectivités
Rémi Bonnaud a été nommé collaborateur de cabinet du maire de Maubeuge (59), Arnaud Decagny (UDI).
Tanguy Maire du Poset a été nommé collaborateur de cabinet du président de Troyes Champagne métropole (10), François Baroin (LR).
Émilie Sarrazin est nommée collaboratrice de cabinet du président de Bordeaux métropole (33), Alain Anziani (PS).
Benjamin Blanchard, chef adjoint du cabinet, est promu en sus de sa fonction conseiller communication du maire de Paris Centre, Ariel Weil (PS).
Parlement
Maha Jaballi a été nommée collaboratrice parlementaire de la députée du Nord, Valérie Petit (LaREM).
Alexandre Kleitman a été nommé collaborateur parlementaire du député des Français établis hors de France, et président de la commission des affaires économiques, Roland Lescure (LaREM).
Mickaël Chadelle est nommé collaborateur parlementaire, chargé de communication, du député de la Haute-Garonne, Pierre Cabaré (LaREM).
Pierre-René Lavier est nommé collaborateur parlementaire du sénateur de la Haute-Saône, Alain Joyandet (LR).
Gouvernement
Alexandre Brugère, conseiller spécial, est promu directeur adjoint du cabinet du ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin. Clément Méric, conseiller presse et déplacements, est nommé chef du cabinet, en remplacement de Mathieu Lefevre lui-même nommé conseiller spécial du ministre, chargé des relations avec les élus.
Matthieu Ellerbach, conseiller communication, presse et opinion, chef du pôle communication depuis 2020 devient conseiller auprès du ministre, en charge de la communication, et Chrystel Hernio, conseillère technique en charge des élus, est promue cheffe adjointe de cabinet.
Ce qu’elles deviennent
Kéliane Martenon, ex-chargée de la communication numérique de Bruno Le Maire (2015-2018), et de l’Élysée (2020-2021), se lance dans le conseil en communication avec Sur les Internets, «newsletter et studio de formats innovants et créatifs».
Aline Poulain, ex-cheffe de cabinet du ministre de l’Éducation nationale (2020-2021) est nommée directrice associée du cabinet Opinion Personnalités et Stratégie (OPS) de l’agence Angie.
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