Entourages n°21, spécial élections législatives : des outils numériques pour les équipes de campagne ; les collabs parlementaires face à des choix décisifs ; les nominations
La lettre des métiers politiques - vendredi 11 février 2022
Faites connaître Entourages autour de vous :
Outils
Législatives : des outils numériques pour les équipes de campagne
Entourages vous présente une sélection d’applications qui peuvent accompagner les candidats aux élections législatives 2022.
Plebiscit déploie un éventail d’outils électoraux
Plebiscit joue à fond la complémentarité : agence de communication et de stratégie politique, elle propose 5 outils numériques pour gérer sa campagne électorale. Plus orientée “local” que ses concurrents, l’agence met en avant la sécurité des données, hébergées en France dans un “coffre fort” crypté, et l’interaction entre gestion géographique de la campagne et la gestion budgétaire, les dépenses étant exportables vers le mandataire financier au format Cerfa, selon la nomenclature de la commission des comptes de campagne.
1/Predeect, l’analyseur de scrutins
Présenté comme un “algorithme aidant à anticiper les résultats électoraux et à déterminer les zones prioritaires”, cette plate-forme peut être partagée entre les membres d’une équipe de campagne pour aider à déterminer les secteurs à “travailler”, via les résultats électoraux, leur évolution et les reports de voix. Couplée avec les données INSEE (revenu médian, diplômes, logement, CAF…) on peut établir une cartographie de l’électorat local.
L’algorithme établit aussi le “socle électoral naturel” d’un candidat et lui indique son objectif de voix nécessaires pour être élu, et les lieux où des reports de voix sont envisageables.
Le site : https://predeect.fr/
2/Previoo, l’outil de gestion de campagne
Créé en 2015, Previoo s’est inspirée des outils campagnes de terrain aux Etats-Unis et les ont adapté aux conditions françaises. En croisant la cartographie électorale établie par Predeect, il permet de coordonner la gestion des équipes militantes (porte à porte, collages, événements, collecte de fonds, appels…) avec une vision rue par rue de l’électorat et des adhérents. Comme dans les CRM, l’intégralité des échanges entre l’équipe de campagne et les électeurs est tracée.
Il permet d’intégrer les thématiques préférées des électeurs rencontrés (par exemple la culture, le social, l’écologie..) pour diffuser des messages ciblés et personnalisés.
Le site : https://previoo.com/
3/”Je vote dimanche”
Pour contrer l’abstention, l’agence propose un outil permettant la génération de formulaires Cerfa de procuration électorale pour les électeurs ne pouvant se déplacer, puis la mise en relation avec un mandataire qui ira voter après avoir validé la procuration auprès d’un officier de police.
Le site peut s’intégrer directement dans les pages de campagne d’un candidat.
Le site : https://jevotedimanche.fr/
Deux outils gratuits :
”Budget de campagne”
Pour chaque circonscription, cette application vous donne le montant du plafond de campagne et le montant remboursable auprès de la commission nationale des comptes de campagnes et des financements politiques (CNCCFP), et vous permet de visualiser l’ensemble des dépenses engagées et leur plafond. Elle peut s’intégrer à Previoo et Predeect.
Sur Google Play
Sur l’App store
“Jour de vote”
Une app mobile pour suivre les résultats des bureaux de vote en temps réel lors du dépouillement.
Sur Google Play
Sur l’App Store
Les plus : les outils Plebiscit se complètent et couvrent tous les aspects d’une campagne, y compris le budget
Le moins : la multiplicité des outils et le mix “communication politique”/“campagne de terrain” peuvent rebuter certains candidats
Poligma : RECIT mise sur le croisement massif de données
Nous avons présenté les fonctionnalités de l’outil RECIT dans Entourages n°19 : en croisant open data, données électorales, informations recueillies par l’équipe de campagne, mais aussi via des partenariats avec Ze Cible ou Cluster17, Poligma se positionne en leader de l’analyse fine des segments d’opinion. L’objectif est de ”mettre en place des campagnes de communication, du porte à porte, comprendre, analyser, trouver des stratégies, trouver le socle électoral, établir des campagnes de terrain, et faire de la prospection vers des gens que l'on ne rencontrerait jamais”, selon le PDG Stéphane Boisson.
Présidentielle et législatives, NationBuilder derrière la campagne de Reconquête!
Le parti d’Eric Zemmour s'appuie sur NationBuilder. Présenté comme étant avant tout “un outil de gestion interne au parti” par l'un des administrateurs, il permet aux responsables de cartographier et catégoriser, grâce aux données renseignées par les sympathisants. “Cela sert à s’organiser avec ceux qui sont actifs et pour le reste on envoie des mails” précise le membre du parti. Pour organiser un collage dans une zone, il suffit d’appliquer quelques filtres pour trouver les militants compétents et disponibles. Si un meeting est prévu dans une région, un e-mail sera envoyé à tous les sympathisants de celle-ci. Aussi, le parti s’organise déjà « au niveau local, pour les législatives ». Le logiciel permet de “quadriller le département et répartir le travail”. Pour chaque circonscription, les responsables s’apprêtent à « contacter les adhérents, organiser des réunions, des collages », préparant ainsi le terrain pour leurs candidats au scrutin de juin.
Le plus : la référence pour des élections nationales
Les moins : un prix qui monte très vite, une prise en main lourde, et un respect du RGPD à surveiller
Qomon propose une formule « spéciale Législative » pour la campagne de 2022
Pour les élections législatives de 2022, Qomon veut séduire les équipes électorales avec une “formule spéciale” proposant l’ensemble de ses fonctionnalités.
Déjà choisi par l’équipe de campagne de Yannick Jadot, le logiciel met à disposition les tâches classiques (cartographie des circonscriptions, outils de mobilisation, centralisation des contacts), en utilisant des données récoltées par le candidat ou le parti, qui peuvent être croisées avec des données socio-économiques ou électorales accessibles publiquement. Une interface permettant de diffuser des questionnaires a aussi été intégrée récemment.
Le « forfait spécial Législatives » prend aussi en compte les difficultés des équipes de campagnes à maîtriser l’outil. La formule inclut donc une aide à la prise en main et un accompagnement le temps de la campagne. Mais pour profiter d’une véritable formation, il faudra prendre un supplément « service + ».
Le plus : de grandes possibilités d’interfaçage avec des outils externes
Le moins : des lourdeurs dans la gestion de gros volumes de données
Marie Genty et Fabrice Pozzoli-Montenay
Pour aller plus loin
Le communicant Philippe Moreau Chevrolet pose la question : "faut-il mieux réguler la data politique ? De nombreuses plateformes, comme Elyze ou NosLois, collectent désormais des données de nature politique. Qui peuvent aider des candidats ou des puissances étrangères souhaitant interférer avec le vote. Que ces données soient soumises volontairement à un candidat, comme celles des 400000 personnes qui ont voté en ligne pour la Primaire populaire et ont dû renseigner leurs noms, prénoms, coordonnées bancaires, via Neovote. L'extrême-droite, de son côté, privilégie la collecte de données via le lancement de pétitions” écrit-il.
Entre plateformes qui récoltent à tous vents, les votes en ligne, les pétitions plus ou moins fantaisistes, les hackers, les brokers, la régulation semble compliquée et inadaptée face à la facilité de mise en place de ces outils.FPM
Métier
Les collaborateurs parlementaires à l’heure des choix
Alors que les politiques s’impatientent dans les starting blocks à l’approche des élections législatives, les collaborateurs des députés se trouvent aussi face à des choix de vie qui auront des conséquences à long terme.
“Est-ce que je continue ?”
C’est la question que se posent de très nombreux collaborateurs parlementaires aujourd’hui. “Toute cette législature a vu un turn-over très marqué, certains élus ont eu 30 collaborateurs en 5 ans, souvent des jeunes dont c’était la première expérience professionnelle” relève Astrid Ribardière, collaboratrice parlementaire depuis douze ans et secrétaire générale adjointe du syndicat Unsa Uscp.
De nombreux observateurs estiment aussi que, quel que soit le résultat de l’élection présidentielle, un renouvellement massif de la composition de l’Assemblée va de nouveau avoir lieu. De nombreux candidats attendent encore l’investiture officielle de leur parti, qui n’interviendra parfois qu’après la présidentielle. On assiste à une multiplication des partis. “Une incertitude qui ne permet pas aux collaborateurs de se projeter dans l’avenir” souligne Brayen Soorana, collaborateur parlementaire et secrétaire CFDT. Le travail d’assistant parlementaire est souvent considéré comme une transition vers d’autres postes, pas comme une fin en soi. “Après une législature, de nombreux assistants évaluent l’impact de cette période sur leur vie privée” rappelle-t-il. “Les horaires, la pression, la disponibilité demandée peuvent être intenses ; cela a des conséquences sur les couples, les enfants. Des aspects qui paraissent souvent moins importants lors du premier mandat”.
Quelle conduite adopter durant la campagne électorale ?
Comme le rappelle Astrid Ribardière, ”il existe une règle de droit : le code électoral interdit à un député d’utiliser sa permanence parlementaire pour organiser des réunions de campagne ou de faire travailler ses assistants parlementaires pour des tâches qui ne concernent pas le mandat législatif.” Le non-respect de cette règle peut conduire à une inéligibilité. L’assistant qui souhaite donc accompagner un élu durant la campagne des législatives doit soit se mettre en congé sans solde, soit le faire en dehors de ses heures de travail.
C’est aussi l’occasion de rappeler qu’un candidat n’a aucune obligation d’embaucher des membres de son équipe de campagne pour l’accompagner à l’Assemblée nationale une fois élu. Ce qui a parfois créé des océans d’amertume.
“Puis-je faire campagne pour un autre candidat que mon élu(e) ?”
On assiste actuellement à une grande fluidité politique : changements de partis, ralliements, créations de nouveaux partis. Certains collaborateurs souhaitent participer à la campagne d’un autre candidat que leur élu(e) actuel. “On ne peut pas sanctionner un collaborateur pour ses opinions politiques, mais il existe une clause de loyauté dans le contrat qui le lie à l’élu” indique Astrid Ribardière. Clause de loyauté qui peut être invoquée si l’élu considère que les choix politiques de son collaborateur sont susceptibles de nuire à son mandat.
Que faire après la campagne ?
Pour les assistants parlementaires qui souhaitent continuer, l’été sera décisif pour continuer à travailler au Palais Bourbon. Les nouveaux élus auront parfois leur propre équipe, mais chercheront aussi des profils qualifiés pour les accompagner. L’expérience acquise lors de la 15e législature sera déterminante : certains collaborateurs ont développé des compétences spécifiques en relations presse, d’autres en communication politique, d’autres ont excellé dans le juridique… “Le profil de l’élu compte beaucoup pour un collaborateur. Et pas seulement son étiquette politique” précise Brayen Soorana. “Ses ambitions, ses attaches locales, son influence, ses dossiers favoris jouent aussi. Et il ne faut pas écarter son comportement individuel”. Comme le rappelait Mickaël Lévy dès le n°4 d’Entourages, “nous connaissons les employeurs les plus indélicats. Nous avons chacun, informellement en tête, les noms les moins recommandables : ceux et celles qui ont essoré 15, 20 ou 25 collaborateurs en quatre années et demie.”
Plusieurs démarches peuvent déjà être engagées : demandes d'augmentation de salaires, de primes, lettres de recommandation… En juin, les collaborateurs recevront leur salaire habituel, puis un treizième mois en août 2022, ainsi qu’une indemnité compensatrice de congés payés s'il n'y a pas eu de préavis.
Astrid Ribardière souhaite qu’en “cas de non-réélection de l’élu, l’assistant(e) puisse accéder à l’Assemblée pour mener des rencontres, des entretiens avec les nouveaux élus ; actuellement, son badge lui est retiré immédiatement. Nous n’avons pas reçu pas de réponse claire sur ce point”.
Enfin, les représentants des collaborateurs avaient demandé la mise en place d’une “bourse à l’emploi”, qui regrouperait les CV d’assistants parlementaires que les élus pourraient consulter. Mais Astrid Ribardière indique s’être heurtée à une « fin de non-recevoir » de la part de la questure et de la présidence de l’Assemblée nationale. Depuis, le site Emplois Politiques s’est développé et propose une “veille des postes”, sous la houlette d’Ariane Forgues-Enaud, elle-même… collaboratrice parlementaire.
Nous aborderons les autres choix de carrières qui s’ouvrent aux collaborateurs parlementaires (conseil, agences de communication, influence, collectivités territoriales…) dans une prochaine édition d’Entourages.
Fabrice Pozzoli-Montenay
Nominations
Collectivités
Éric Fournier, DGS de la mairie de Rodez depuis 2019, après avoir été directeur de cabinet du président de Rodez agglomération (2018-2019), est nommé chef de cabinet du maire de Toulouse, Jean-Luc Moudenc (LR).
David Teillet est nommé directeur adjoint du cabinet du maire de Nice et président de Nice-Côte d’Azur, Christian Estrosi (Horizons).
Julien Miallet est nommé directeur de cabinet adjoint du président de l’agglomération Paris-Saclay, Grégoire de Lasteyrie (LR).
Claude Tholance est nommé directeur de cabinet du président de Loudéac Communauté - Bretagne Centre, (22) Xavier Hamon (SE).
Marie Bouckaert a été nommée cheffe de cabinet du maire de Jouars-Pontchartrain (78), Philippe Emmanuel (DVC).
Lucie Hamon est promue directrice de la communication de la ville de Colmar (68) où elle était attachée de presse depuis 2018.
Yann Connan, conseiller, est promu directeur adjoint de cabinet du maire de Paris Centre, Ariel Weil (PS).
Christophe Magat est nommé conseiller technique en charge de l'action sociale et des solidarités humaines au cabinet du président du conseil départemental de la Seine-Maritime, Bertrand Bellanger (LaREM).
Parlement
Melody Mock-Gruet, conseillère législative, a été nommée conseillère spéciale du groupe Les Républicains à l’Assemblée nationale.
Gouvernement
Nicolas Chaillet est nommé directeur adjoint du cabinet de la ministre de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation, Frédérique Vidal, en remplacement d’Olivier Ginez.
Alexandre Bensimhon, conseiller prospective et discours, est nommé conseiller communication, discours et opinion au cabinet du ministre délégué chargé des transports, Jean-Baptiste Djebbari.
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