Entourages n°19 : la montée en puissance des dircabs d'interco ; Législatives : Poligma et Cluster17 partenaires en données électorales ; nominations
La lettre des métiers politiques - vendredi 28 janvier 2022
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Métier
La montée en puissance des dircab d’intercommunalités
Avec les transferts de compétences accomplis ces dernières années, les intercommunalités ont gagné en puissance. Et avec elles, le directeur de cabinet. “On se retrouve avec des services plus importants, plus de salariés, ce qui implique un rôle plus important du président. La loi "engagement et proximité" fixe par exemple la nécessité d'informer régulièrement les élus municipaux de l'action de l'intercommunalité, la visibilité et la légitimité sont un enjeu depuis longtemps, et créent le besoin de communiquer” rappelle l’association Intercommunalités de France (AdCF).
En quoi le travail d’un dircab d’intercommunalité est-il différent du travail en commune ? “A mes yeux, la très grande différence c’est la « distance/proximité» aux citoyens qui n’est pas du tout la même, plus proche naturellement à l’échelle communale” estime Pierre Jaumain, directeur de cabinet de la communauté de communes Terre de Camargue. “La relation aux élus est du coup très différente aussi car cette dernière est fortement imprégnée par la nature de la relation citoyenne. Il y a donc un grand enjeu à construire cette relation citoyenne en intercos et le projet de territoire est un bon outil pour cela.”
La présence d’un directeur de cabinet dépend souvent de la population des “établissements publics de coopération intercommunale” (EPCI), appelés communément “interco” : “les communautés d'agglo ont presque toutes un directeur de cabinet, un poste qui est plus rare sur des territoires ruraux ; il arrive que des salariés jouent ce rôle sans avoir l'appellation" note l’AdCF.
Si les dossiers gérés par les interco sont techniques (développement économique, déchets, industrialisation, environnement…), l’AdCF observe que “les sujets auxquels touchent les interco deviennent de plus en plus politiques, mais pas au sens partisan. C'est en relation aux grands enjeux du territoire qui y sont liés. On plaide pour que l'intercommunalité fonctionne quand elle fait travailler tous les territoires ensemble et qu'elle met d'accord tous les élus de différentes communes pour créer des projets qu'elle ne pourrait pas faire à l'échelle communale.“
Ce qu’il faut savoir :
Est-il possible de cumuler les fonctions de dircab de commune et de dircab d'interco ?
“C’est possible en cas de mutualisation d’un service cabinet entre la commune et l’intercommunalité. C’est notamment le cas de l’agglo d’Issoire”Existe-t-il une règle définissant la rémunération du dircab d'interco ?
“C’est la même règle qui s’applique entre communes et intercommunalités : un plafond est prévu par le décret du 16 décembre 1987”
(source AdCF)
Témoignage
Pierre Izard a été directeur général des services de Lezignan DGS pendant 31 ans, avant d’être nommé dircab de l’intercommunalité de la “communauté de Communes Région Lézignanaise Corbières et Minervois”, dont le président est André Hernandez, maire de Canet d'Aude.
”La vraie singularité est le travail d'interface que le directeur de cabinet d’un EPCI est amené à faire entre le président de la communauté et les autres élus. Autant il y a une différence dans une commune entre un maire et les conseillers municipaux, autant dans EPCI il y a un maire qui devient président mais qui est "primus inter pares", premier parmi ses pairs, les autres maires, qui sont ses égaux. Gérer la relation entre ce président et les autres élus, qui sont majoritairement des maires comme lui, ne peut pas se comparer à la façon dont on peut gérer les relations entre maire et les autres élus de sa commune.
Le dircab se doit donc d'être une force de conseil, de préparer les bonnes décisions, et lier le président avec les autres maires, pour que dans chaque collectivité formant la mosaïque d'une communauté d'agglo, on puisse avoir le même niveau de fluidité, de transparence et de communication pour que les décisions soient mieux appréhendées, mieux comprises par les citoyens. Dans la politique de communication, il y a la liaison avec les médias, les associations, les entreprises, les corps constitués, le suivi des dossiers qui sont purement politiques, des fonctions de représentation et d’accompagnement du président. Il y a une relation particulière à établir, un niveau de confiance nécessaire entre le président d'une communauté de communes et son directeur de cabinet de la même manière qu'entre un maire et son dircab.
Le travail du dircab en EPCI est aussi d'appuyer sur une politique de communication qui fasse que les compétences de la communauté d'agglomération ou de communes soient véritablement identifiées par le citoyen. Aujourd'hui, ce n'est pas le cas, ce qui crée parfois des situations conflictuelles et conduit à des malentendus. Il faut aider le citoyen à connaître les missions des EPCI par rapport aux communes.”
Fabrice Pozzoli-Montenay
Outils
Data électorales : Poligma et Cluster17 s’allient et visent les législatives
Entourages a rencontré Jean-Yves Dormagen, créateur de l’outil de sondage par cluster Cluster17 et professeur en sciences politiques, et Stéphane Boisson,directeur de Poligma, société spécialisée dans la data électorale et politique, à l’occasion de la mise en place de leur partenariat.
Entourages : En quoi consiste le partenariat entre Poligma et Cluster17 ?
Jean-Yves Dormagen: L'idée est de clustériser les circonscriptions, et d'y montrer les clusters dominants (multiculturalistes, progressistes, libéraux, identitaires par exemple). Donc de mieux comprendre quel est l'état de la demande politique et les sensibilités idéologiques des électeurs en les spatialisant. Un arme intéressante en période électorale.
Stéphane Boisson : Notre solution (logiciel RꓱCIT) permet de connaître son territoire de façon extrêmement fine, avec 4000 variables territoriales (habitants, électeurs, résidence, diplômes, catégorie socio-professionnelle...) , les données électorales, les données INSEE, comme la densité de médecins. C'est un outil pointu pour aller chercher de la data. Cela permet de mettre en place des campagnes de communication, du porte à porte, comprendre, analyser, trouver des stratégies, trouver le socle électoral, établir des campagnes de terrain, et faire de la prospection vers des gens que l'on ne rencontrerait jamais. Notre partenariat avec Zecible permet l'accès à des données optées politiquement qui vont permettre de faire de la prospection. Nous préparons aussi un partenariat pour la rédaction de messages politiques par mails et SMS. Tout ceci, allié à l'offre de Cluster17, constitue une offre politique pertinente, vous avez tout entre les mains. Auparavant, les militants prenaient des congés pour faire une campagne électorale. Ce n'est plus le cas. Quand on envoie une campagne de mails en amont d'un porte-à porte, et qu'on arrive sur le terrain, les gens vous accueillent mieux. Ils ont ouverts le bon mail, avec le bon contenu parce qu'on s'est adressé aux bonnes personnes, on a ré-intéressé les gens à la campagne électorale.
- Jean-Yves Dormagen, la note de la commission des sondages sur Cluster17 a soulevé des réactions négatives, et des hésitations. L'apparition de "nouveaux" outils de sondages à chaque élection, pas toujours fiables, ne rassure pas non plus. Comment comptez-vous établir une crédibilité ?
Jean-Yves Dormagen : La remarque de la commission des sondages me dérange assez peu sur le fond. Elle s'adressait plutôt à Marianne. Je répète depuis le début que nos sondages sont fait selon la méthode traditionnelle des quotas, avec un échantillon à vocation représentative. On applique ensuite une clusterisation. Aucun de nos clusters n'a moins de cinquante individus, ou même cent, même après pondération. Et la segmentation opérée par nos concurrents n'est pas différente. Nous sommes sur des échantillons de 1500 à 3000. Certains de nos concurrents sont sur des échantillons avec des effectifs utiles inférieurs à 1000, voire 800. Nous faisons un sondage par semaine, nous montrons les évolutions par cluster ; c'est un baromètre. On voit que les évolutions sont très réduites, malgré la division de l'échantillon en 16 clusters. J’y vois la preuve que la clusterisation est efficace. Il ne faut pas surinterpréter s'il y a un mouvement de quelques points dans un cluster sur une semaine. Si on regarde sur la durée, les régularités fortes apparaissent.
Stéphane Boisson : On part de l'opinion pour construire une segmentation croisée. au lieu de poser la question "pour qui avez-vous voté ? " et voir votre intention de vote, on part d'un état de segmentation de l'opinion qui repose sur des questionnements, des positions stabilisées. Et qui permettent de montrer comment se construit l'opinion pour après retrouver les critères de segmentation.
Jean-Yves Dormagen : La question de départ de Cluster17 est "quel est le bon principe de segmentation de l'électorat", et quelles sont les catégories qui sont aujourd'hui utiles pour comprendre comment les individus votent, entre quels candidats ils hésitent, pour lequel il n'y aucune chance qu'ils se prononcent, et comment comprendre les dynamiques électorales et la demande politique, la montée très rapide d'Eric Zemmour, ou comment comprendre l'état de grande faiblesse des partis de gauche traditionnelle...
J'ai eu des demandes de candidats demandant "qui sont nos électeurs ? à qui doit-on s'adresser ?" c'est une question classique des équipes de campagne. Et à l'évidence, l'analyse par les catégories sociales ne fonctionne pas. Un article américain montre que le vote de classe a disparu dans les années 80. En France, les ouvriers ne votent plus pour la gauche depuis 2002. Utiliser les catégories socio-professionnelles ne marche pas, les catégories politiques ne marchent plus très bien non plus, le clivage gauche-droite est devenu de moins en moins opérant.
Après 3 ans de recherche, on a testé l'hypothèse que le plus important pour comprendre les comportements électoraux des individus, c'était leurs positions sur les clivages les plus saillants dans la société. D'où le questionnaire de Cluster17. Ces opinions sont durables, structurées, ce qui est déterminant en politique. Les candidats sont obligés de s'ajuster au système d'opinion des électeurs. Et les électeurs détectent dans l'offre ce qui est le mieux ajusté à leur système d'opinion. Les résultats montrent l'efficacité de la démarche.
- Certains défendent l’idée que les élections législatives seront avant tout définies par l’élection présidentielle ; qu’en pensez-vous ?
Stéphane Boisson : Le nombre de candidats qui va se présenter est en croissance exponentielle. Toutes les candidatures possibles, que ce soit à gauche ou à droite sont ouvertes : on a une offre politique qui est beaucoup plus abondante, du fait de l'arrivée de gens comme Zemmour, ou de la "maison commune" de la ReM, avec Horizon, Agir, le Modem, le parti radical valoisien… et le risque que certains partent en dissident ; on a des candidats qui nous disent "que j'ai l'investiture ou pas, je partirai". Il y aura une dispersion des voix extrêmement forte. On a des députés qui travaillent déjà avec notre solution, qui ont compris qu'il faut travailler en amont d'une campagne. Beaucoup de candidats considèrent qu'il faudra commencer la campagne après l'élection présidentielle : c'est désolant. Labourer un territoire politique se fait maintenant. Tous les candidats avec lesquels nous travaillons, entrants comme sortants ont bien compris que juin arrive très vite, et quel que soit le résultat de l'élection présidentielle, il faudra avoir fait du lien avec les électeurs. Quand on a transformé 5 à 10% des électeurs d'un territoire en contacts réguliers, ça vous donne un pouvoir énorme d'influence. Cela pèse dans la balance des investitures. Si on attend d'être investi pour faire campagne, c'est que l'on a rien compris à la politique. Une investiture se conquiert, elle ne tombe pas de Paris. Un politique est toujours en campagne.
Propos recueillis par Fabrice Pozzoli-Montenay
Saper Vedere déploie sa plate-forme de veille aux affaires publiques
L’application “Follaw.sv” est une plateforme de veille dédiée aux affaires publiques, développé par l’agence Saper Vedere, dirigée par Erwan de Rancourt. La plateforme sélectionne les informations à retenir du JO, des agendas des séances publiques, commissions, auditions, des nouvelles PPL et de l’écosystème politique (élus, gouvernement, think tanks, ONG) sur les réseaux sociaux.
Pour en savoir plus : https://www.saper-vedere.eu/follaw-sv-un-outil-de-monitoring-pour-la-veille-legislative-et-la-veille-institutionnelle/
Nominations
Collectivités
Jean Loevenbruck est nommé directeur de cabinet du maire de Pont-à-Mousson (54), Henry Lemoine (LR).
Pierre Colson est nommé directeur de cabinet du maire de Juvisy-sur-Orge (91), Lamia Bensarsa Reda (DVD).
Hélène Leborgne a été nommée cheffe de cabinet du président du conseil départemental d’Eure-et-Loir, Christophe Le Dorven (LR).
Léa Bardon est nommée directrice de cabinet et de la communication du maire de Carbon-Blanc (33), Patrick Labesse (EELV).
Carole Dubois-Veillard est nommée directrice de cabinet du maire de Crest (26), Hervé Mariton (DVD).
Ophélie Giordana a été nommée plume et collaboratrice de cabinet du président du Grand Belfort, Damien Meslot (LR).
Gouvernement
Olivier Ginez, directeur de cabinet adjoint de la ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation depuis octobre, est nommé chef de cabinet du Premier ministre, Jean Castex dont il a déjà été chef de cabinet adjoint (2020-2021). Il remplace Mathias Ott.
Margaux Pech, cheffe de cabinet de la ministre déléguée chargée des sports, est nommée conseillère communication et médias au cabinet du ministre de la justice, garde des Sceaux, Éric Dupond-Moretti.
Ludovic Pereira, adjoint à la cheffe de cabinet, est promu conseiller en charge des déplacements du ministre des solidarités et de la Santé, Olivier Véran.
Fabrice Jouhaud , conseiller sport de haut-niveau et économie du sport, est nommé directeur du cabinet de la ministre déléguée chargée des sports, Roxana Maracineanu.
Inès Boulant est nommée cheffe du cabinet de la secrétaire d’État chargée de l'économie sociale, solidaire et responsable, Olivia Grégoire.
Clément Tougeron, chef de cabinet, devient également conseiller presse et communication de la secrétaire d’État chargée de l'éducation prioritaire, Nathalie Élimas.
Parlement
Margaux Boulay-Finchelstein est promue conseillère communication et presse au cabinet du président de l’Assemblée nationale, Richard Ferrand (LaREM) où elle était conseillère communication depuis octobre 2018.