Entourages n°18 : Philippe Gosselin veut clarifier la relation collaborateur-député ; à Orléans, l'apprentissage prépare aux métiers politiques ; cinéma ; nominations
La lettre des métiers politiques - vendredi 21 janvier 2022
Faites connaître Entourages autour de vous :
Assemblée nationale
Philippe Gosselin : «Il faut clarifier certains points de la relation député-collaborateur»
Fin décembre, le rapport d’évaluation de la loi confiance des députés Yaël Braun-Pivet (LREM) et Philippe Gosselin (LR) évoquait la question des collaborateurs sous différents angles : statut des collaborateurs, dialogue syndical, code de déontologie, harcèlement, collaborateurs familiaux… Les députés formulent plusieurs préconisations. Nous avons voulu revenir sur le sujet avec Philippe Gosselin.
Entourages : Parmi vos préconisations , vous reprenez l’idée d’un code de déontologie portée par l’ancienne déontologue Agnès Roblot-Troizier. Pourquoi ?
Phiilippe Gosselin : Parce qu’aujourd’hui un certain nombre de questions se posent. A défaut d’un statut figé des collaborateurs dans le règlement, qui paraît difficile à mettre en place, il faut clarifier un certain nombre de points dans la relation entre employeur et collaborateur.
Collaborateur n’est pas un travail salarié comme les autres. Cela demande une forte disponibilité. Les collaborateurs sont aussi au cœur du pouvoir législatif. Ils peuvent donc avoir un rôle d’influence. Concernant les conflits d’intérêts, il faut veiller qu’il ne soit pas porteur non identifié d’intérêt extérieur. Il importe de clarifier les obligations, et un code, adopté par le bureau et annexé au contrat de travail permettrait d’inscrire des choses noir sur blanc. Cela concerne également les cabinets ministériels.
-Votre rapport est critique sur le fonctionnement du dialogue social à l’Assemblée. Actuellement pour les députés, cela passe par l’Association des députés employeurs (ADE), présidée par le député Insoumis, Michel Larive, souvent en désaccord avec les questeurs, qui, in fine, ont le dernier mot.
L’Assemblée ne peut pas tout résoudre. Il y a 577 députés, et autant de dialogues sociaux. Les conditions d’exercice sont également très différentes en fonction des équipes. D’où les difficultés du dialogue unique.
-Autre problème, l’atomisation de la représentativité syndicale. Il n’y a pas d’élection des collaborateurs, ce qui conduit à l’existence de sept syndicats, dont cinq bénéficient de la représentativité nationale.
C’est un autre sujet. L’Assemblée pourrait s’inspirer du Sénat, où il y a des élections professionnelles. Cela permettrait d’établir une représentativité, éviterait l’émiettement, et renforcerait au final les salariés. Je note aussi qu’être collaborateur à Paris et en circonscription, ce n’est pas la même chose. Il importe de veiller aux collaborateurs de circonscription.
-Faut-il un statut du collaborateur ?
Il serait compliqué à mettre en place pour les collaborateurs, alors que parallèlement nous défendons l’unification des régimes. Un nouveau statut spécial serait difficilement compris par l’opinion. Mais cela ne signifie pas qu’il ne peut pas y avoir de cadre.
-Comment jugez-vous le dispositif de lutte contre le harcèlement ? Faut-il aller plus loin et créer une procédure de sanction administrative comme au Sénat ?
Depuis 2020, l’Assemblée a externalisé une cellule pour recueillir, à chaud et à froid, des signalements. Je pense que le cadre juridique est plutôt bien et que l’accompagnement est correct. Je ne suis pas certain qu’il faille évoluer. Par ailleurs, les premiers retours de la sanction du Sénat sont mitigés et montrent les limites de l’exercice.
-Depuis 2017, il existe une procédure de licenciement ad hoc pour les collaborateurs dont le parlementaire voit son mandat interrompu. Quel bilan en tirez vous ?
C’est une procédure particulière qui correspond à la vie particulière du collaborateur de député. Elle dispense le collaborateur d’exécuter le préavis, lui permet de bénéficier de certaines indemnités (indemnité compensatrice de préavis, indemnité de licenciement versée aux titulaires d’un CDI, indemnité compensatrice de congé) et oblige à la remise d’un certificat de travail, d’un solde de tout compte et d’une attestation d’assurance chômage. La loi a aussi mis en place un parcours d’accompagnement personnalisé pour les collaborateurs licenciés.
Mais la procédure reste méconnue par Pôle Emploi, du fait de sa rareté. Il pourrait y avoir un contact national Pôle emploi sur ce sujet, pour que collaborateurs et agences locales bénéficient d’un référent. Ce serait peut être un moyen d’harmoniser les pratiques.
-Vous vous opposez à l’idée d’interdire aux suppléants de devenir collaborateur parlementaire. Faut-il un statut du suppléant ?
Aujourd’hui, le suppléant n’a aucun statut. Avoir un cadre lui permettrait d’assurer quelques missions et de disposer de moyens. Mais les pratiques sont parfois disparates. De nombreux suppléants n’ont une existence qu’au moment du vote. Dans tous les cas, il n’est pas question que les suppléants votent à la place des parlementaires.
Propos recueillis par Pierre Januel
Formation
Se préparer aux métiers politiques via l’apprentissage
Depuis 10 ans, le Master d’accompagnement politique (MAP) de l’université d’Orléans mise sur l’apprentissage.
Le MAP d’Orléans est le seul master dédié à l’accompagnement politique qui propose l’alternance. Créé il y a 14 ans, alors que les parcours en IEP étaient les plus valorisés, il recense aujourd’hui une vingtaine d’étudiants, avec une propotioncroissante de femmes. Les champs professionnels qui s’en dégagent particulièrement : conseiller en communication des élus locaux, assistant parlementaire au Sénat, postes dans les Conseils régionaux, soit en cabinet soit dans les groupes politiques, en communication ou en accompagnement.
Avec 75% de taux d’insertion annoncé à la sortie du master 2, les apprentis misent sur la sécurité d’une formation qui assure l’accès à un CDD dans l’année qui suit. Par comparaison, ceux qui optent pour le stage (les étudiants n’ayant pas trouvé de contrat d’alternance), ne sont plus que 50% à se faire engager en fin d’études. Ce qui fait la différence ? « L’expérience sans aucun doute, appuie Gaël Rideau, co-responsable du master. Les apprentis, plus que les stagiaires, sont au contact avec le monde du travail au long cours. Cela rassure les futurs employeurs qui peuvent être ceux qui les ont connus comme alternants. »
La participation citoyenne a le vent en poupe
Les offres de mission abondent : « La Métropole d’Orléans, la mairie ou le Conseil régional accueillent de nombreux élèves » relève Gaël Rideau. Autres solliciteurs : les préfectures et tous les deux ans, la Mairie de Paris qui propose deux postes d’apprentis. Les demandes ont beaucoup évolué en 10 ans: « Les missions les plus représentées concernent la participation citoyenne. On demande aux apprentis d’organiser des sondages, des forums de consultation citoyenne, la mise en place d’assemblées consultatives. » Par comparaison, il y a 5 ans, l’accent était mis sur la communication interne, enjeu phare de la période. “La formation évolue en fonction des demandes du terrain, insiste l’enseignant. Même pour intervenir sur les réseaux sociaux, les employeurs recherchent le diplômé, donc les formations sont de plus en plus techniques.” Conséquence logique de cette technicité accrue, on note moins d’appétence de la part des recruteurs pour les profils militants : « Plus que des profils engagés politiquement, les recruteurs cherchent des expertises dans des domaines comme les réseaux sociaux, décrit Gaël Rideau. » En revanche, et c’est un paradoxe, on relève cette année, un regain d’engagement chez les jeunes pousses: “Il ne s’agit pas d’une politisation à proprement parler mais d’un engagement citoyen, d’une sensibilité à des problématiques, environnementales ou sociales.” Une tendance classique en période d’élection présidentielle qui pourrait bien séduire les employeurs qui cherchent précisément à se positionner sur ces grands thèmes de société.
Témoignage
Issu de la première promo 2010-2011 du MAP, Alexis Rousseau-Jouhennet est maire de Levroux (36) et Président de la Communauté de communes de la région de Levroux.
“À l’époque, sortant d’un Master d’histoire, j’ai été séduit par l’aspect terrain de cette formation. Je n’ai jamais autant appris que pendant cette année. Mon maître d’apprentissage était le directeur de cabinet du maire de Châteauroux, Gil Averous (actuel maire de la ville). Depuis 10 ans, je donne des cours dans le cadre du MAP en mettant l’accent sur la pratique concrète. Nous travaillons particulièrement la question des organigrammes qui est cruciale et souvent mésestimée. Certains aspects m’avaient manqué durant ma formation comme par exemple un cours sur les règles typographiques et une approche en profondeur de l’écriture. Je les enseigne désormais, convaincu que la collaboration politique passe par cette maîtrise.”
Son conseil aux futurs collabs : “Quittez la région de votre apprentissage dès l’obtention de votre diplôme ! S’aventurer hors de sa zone de confort est toujours un plus dans un parcours. Les recruteurs recherchent ces profils qui osent aller voir ailleurs.“
Les enseignements majeurs du MAP :
Droit public : droit parlementaire, relation élus agents.
Histoire politique : cultures politiques, histoire de l’idée européenne
Communication : prise de parole publique, plurimodalité (interaction discours geste, différentes composantes d’un discours, posture, construction rhétorique)
Techniques de l’assistanat : démocratie participative, évaluation des politiques.
Le site de l’association des étudiants MAP
Frédérique Maupu-Flament
Parlement européen : Anne Sander et Fabienne Keller élues à la questure
Les euro-députées françaises Anne Sander (EPP) et Fabienne Keller (Renew) ont été élues à la questure du Parlement européen, dont les cinq membres siègent au bureau de l’institution.
Pourquoi c’est important : les questeurs sont responsables des affaires administratives et financières concernant les députés européens, participent à l’établissement des règles de fonctionnement, et à l’élaboration du budget du Parlement européen. Une fonction sensible, par exemple dans le cadre de l’affaire des assistants parlementaires du RN.
Cinéma politique
“Les Promesses”
On vous en avait parlé dès décembre, le film “les Promesses'“ arrive en salle ce mercredi 25 janvier. Des avant-première ont été organisées dans toute la France avec les associations de directeurs de cabinet Dextera et DirCab, dont les membres ont apprécié le réalisme du scénario. Reda Kateb incarne un directeur de cabinet qui n’hésite pas à aller sur le terrain, tout en menant sa carrière et en accompagnant sa maire (Isabelle Huppert) dans les choix difficiles de sa ville de banlieue parisienne. Une très belle performance, qui évite clichés et facilités.
La bande-annonce officielle :
“La Disparition ?”
Dans “La Disparition ?”, Jean-Pierre Pozzi (réalisateur) et le dessinateur Mathieu Sapin s'embarquent dans la longue histoire de la gauche au pouvoir, avec ses réussites et ses échecs, ses conquêtes et ses renoncements. Au fil de rencontres avec des “figures de l’ombre du parti socialiste” (Julien Dray, Gérard Colé, Laure Adler…), ils tentent de répondre à la question politique majeure du PS : « Comment la gauche en est-elle arrivée là ? »
Sortie le 9 février 2022
Nominations
Collectivités
Claire Dupouët, conseillère technique, est promue directrice de cabinet de la maire de Besançon, Anne Vignot (EELV), en remplacement de Jonathan Debauve devenu directeur de la communication et de la culture du CHU de la ville.
Louis-Mathieu Roux est nommé directeur de cabinet de la présidente du conseil départemental de Meurthe-et-Moselle, Chaynesse Khirouni (PS). Il a notamment été directeur de cabinet du maire de Grenoble (2016-2020), Éric Piolle (EELV).
Brigitte Ivars est nommée directrice de cabinet du maire d’Épinay-sur-Seine (93), Hervé Chevreau (DVD).
Clémence Carlyne Diet est nommée directrice de cabinet du maire de Camaret-sur-Aygues (84), Philippe de Beauregard (RN).
Jeanne Perrin est nommée directrice de cabinet du maire de Roquebrune-sur-Argens (83), Jean Cayron (DVC).
Kévin Alix est nommé directeur de cabinet du maire de Vire (14), Marc Andreu Sabater (Horizons), en remplacement de François Machado.
Martial Mossmann, collaborateur de cabinet depuis 2020, est promu directeur de cabinet du maire de Colombier-Saugnieu (69), Pierre Marmonier (SE).
Vincent Brault est nommé collaborateur de cabinet du maire du Teich (33), François Deluga (PS).
Gouvernement
William Elman est promu directeur de cabinet de la ministre déléguée chargée de l’égalité femmes / hommes, de la diversité et de l’égalité des chances, Élisabeth Moreno, en remplacement d’Amandine Giraud. Samira Jemai est promue directrice adjointe du cabinet.
Baptiste Blanchard, déjà conseiller environnement et transports, est également promu directeur de cabinet adjoint du ministre des Outre-mer, Sébastien Lecornu.
Enquête de lectorat
Si vous ne l’avez pas déjà fait, vous pouvez répondre jusque fin janvier à notre enquête de lectorat , pour que nous puissions évaluer, avec vous, si la ligne éditoriale d’Entourages correspond à vos attentes. 2022 sera une année d’évolutions pour notre titre.
Vous pouvez répondre en quelques minutes à cette adresse :
https://forms.gle/5EGSJsyZnGRQYPqp6
Merci, et à la semaine prochaine !