Entourages n°17: quelle place pour le conseiller discours ? - Un nouvel "indice de populisme" - cyberattaques en Régions - Nominations
La lettre des métiers politiques - vendredi 14 janvier 2022
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Métier
“Dans un discours, le langage crée un univers, une narration”
Anne Pedron-Moinard est présidente de la “Guilde des plumes”, une association qui regroupe les conseillers discours, du public et du privé. Elle réagit aux propos de Franck Louvrier la semaine dernière (lire Entourages n°17), et précise le rôle et la place de la plume dans l’entourage des élus.
Entourages : Franck Louvrier a évoqué le travail entre le conseiller en communication, le dircab, l'élu, le conseiller discours ("plume"), vous ne partagez pas tout à fait son approche ?
Anne Pedron-Moinard : Pour moi, le conseiller communication intervient bien en amont du discours, dans une stratégie de communication au long terme ; et en aval sur la valorisation des éléments de communication. Mais la dimension communicationnelle du discours est assurée par la plume. Son travail n’est pas de transcrire des éléments de langage donnés par le conseiller en communication, mais d’installer une narration à travers le langage. On le constate parmi les membres de la Guilde des Plumes, la fonction de conseiller discours est à la fois une fonction de stratège du langage et de la narration, de veille, de prospective et de communication. Les élus n'ont ont pas assez conscience et ne s'en servent pas assez , alors qu'ils disposent là d'un réservoir incroyable d'histoires à raconter. Il n'y a pas ceux qui s'occupent de communication et ceux qui s'occupent d'écriture. Cela déconnecte la narration de la vision. La vision ne doit pas être construite que par les communicants mais aussi par des philosophes, des universitaires, des élus qui ont une vision politique autour de valeurs, d'idées, de lectures... Si la stratégie est faite par les communicants, alors il ne reste à la plume que la mise en mots d'une stratégie parfois peu claire, ou de court terme, et qui n'aboutit pas à une narration construite. Cela épuise le discours dans un langage technocratique. On constate que souvent les conseils en communication ne tirent pas parti des ressources de la plume.
- Vous refusez donc l’image d’un conseiller discours qui serait donc trop vu comme une “super-secrétaire”, pendant qu'il y a des gens qui s'occupent de stratégie ?
Toutes les plumes vous diront que leur premier souci est de créer du commun avec les mots et donc, non pas d'être dans la simplification mais dans la clarté, ce qui est différent. Le langage crée des paysages, des univers mentaux par des mots. les plumes n'écrivent pas pour la sonorité de l'oral, elles écrivent pour raconter des histoires et trouver les mots qui résonnent avec le ton, la parole, la voix de leur orateur pour que ce dernier puisse se l'approprier dans ce qu'il est intimement et politiquement. C'est un travail de construction d'une narration, de veille pour comprendre les mots qui émergent dans le débat public qui font écho à des préoccupations des citoyens et comment utiliser ces mots. Tous les élus sont confrontés à la question de "comment écrire des discours sur la crise climatique" , mais j'ai vu peu de conseillers en communication avoir des idées de génie sur les mots à utiliser. Les plumes regardent tout ce qui est publié, ce qui résonne avec le réel des vies et peut emporter l'adhésion et la conviction.
- Comment voyez-vous le travail avec le conseiller en communication ou le dircom, car on peut avoir le sentiment que parfois les rôles se bousculent autour de l'élu ?
L'écriture de discours nécessite beaucoup de travail en amont, plus que ce qui est fait aujourd'hui car le temps médiatique et les agendas politiques ne le permettent pas toujours. Ce travail en amont permettrait de sortir d'une forme de verticalité. Le plus souvent, la plume se voit exposer la nécessité d'écrire un discours, un éditorial, pour un événement ou une thématique. Elle écrit en consultant des experts techniques, des élus en charge de la question, va lire pour nourrir le discours et le transmettre au directeur de cabinet, qui va remonter ensuite soit au conseiller en communication, ou au conseiller politique, qui vont valider et modifier, et l'élu fait ses amendement; puis ça redescend à la plume, et on amende, en plusieurs aller-retour éventuels. Il y a une verticalité très forte dans la production des discours dans les cabinets politiques, et il y a peu d'horizontalité. On met trop rarement les gens autour d'une table en amont pour prendre le temps de réfléchir, et dire quel mot on utilise, et pourquoi... une évolution qui serait bénéfique à tout le monde serait de cesser ce travail en mille-feuilles et d'avoir des temps de travail plus collectifs et collaboratifs.
Propos recueillis par Fabrice Pozzoli-Montenay
Outil
Vox Populi, le nouvel “indice de populisme”
Le Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof), en partenariat avec 20 Minutes et Ouest-France, lance une voting advice application (VAA) dénommée « Vox Populi – l’indice des populismes ». L'équipe de recherche française, composée de Bruno Cautrès, Thomas Vitiello, Vincent Martigny, Sylvie Strudel, Gilles Ivaldi, a établi les positions des candidats déclarés à l’élection présidentielle de 2022 à partir de leurs programmes, discours et interviews. Les chercheurs ont codé les positions des candidats sur de très nombreuses dimensions et ont effectué ce codage en aveugle de manière pour qu’ils soient indépendants les uns des autres. Puis ils ont représenté le paysage politique en deux dimensions : un clivage politique gauche-droite et différents niveaux de populisme.
Les internautes répondent à une vingtaine de questions et ensuite sont « matchés » avec les profils des candidats.
« Cet indicateur politique assiste les citoyens dans leur décision de vote en proposant aux internautes de répondre à des questions et se positionner dans l’espace des candidats » détaille Bruno Cautrès. Peut-on imaginer d’utiliser cet outil pour une consultation régionale du type "êtes vous en faveur de l'implantation d'éoliennes dans votre région"? “Techniquement rien ne s'y opposerait” assure Bruno Cautrès. “Il faut simplement pouvoir coder les candidats ou propositions qui sont faites par les différentes formations politiques”.
En quoi cet outil se différencie-t-il des sondages d'opinion traditionnels ? « Ce n'est pas du tout un sondage d'intention de vote, et un sondage politique au sens classique du terme. Il est complémentaire. Nous faisons très attention à toujours le préciser : on ne parle pas des électeurs mais des utilisateurs de l'application. Il ne faut laisser croire que l'on parle de la population électorale” alerte-t-il.
Le site de “Vox Populi - l’indice des populisme” :
https://voxpopuliste.fr/fr/
Des centres régionaux pour mieux répondre aux cyberattaques
Alors que le nombre de cyberattaques visant les communes a fortement augmenté ces dernières années, l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (ANSSI) annonce annonce la signature avec sept régions d’une convention pour la création de centres régionaux de réponse aux incidents cyber (CSIRT : Computer Security Incident Response Team). Ces centres doivent soutenir le tissu économique et social de chaque territoire face aux cybermenaces. Dès février 2022, les CSIRT de Bourgogne Franche-Comté, du Centre Val de Loire, de Corse, du Grand Est, de Normandie, de Nouvelle Aquitaine et du Sud - Provence Alpes Côte d’Azur participeront au programme d’incubation mis en place par l’ANSSI. Ces centres régionaux travailleront avec des entreprises, collectivités et associations locales pour les sensibiliser et les former aux bonnes pratiques cyber, réceptionner leurs signalements d’incident et les qualifier, mettre en relation les victimes avec les structures adaptées pour les accompagner dans la résolution de l’incident.
Nominations
Collectivités
Arthur Bart, dircab du maire depuis 2020, est nommé conseiller spécial en charge des affaires politiques et stratégiques du maire et président de la communauté urbaine d’Arras (63), Frédéric Leturque (LC)
Bastien Joint, chef de cabinet depuis 2017, est promu directeur de cabinet du maire de Meyzieu (69), Christophe Quiniou (LR).
Pierre Logette est nommé directeur de la communication de Poitiers et de Grand Poitiers (86).
Axel Robin est nommé collaborateur de cabinet de la maire de Saint-Avé (56), Anne Gallo (DVG).
Guillaume Ménager est nommé directeur de cabinet du maire de Maromme (76), David Lamiray (DVG).
Sarah Siouala a été nommée directrice de cabinet du maire de Guebwiller (68), Francis Kleitz (UDI).
Yoann Semerdjian, dircab du maire de Pont-à-Mousson (54), est nommé chargé de mission au cabinet du président de l’Eurométropole de Metz (57), François Grosdidier (LR).
Xavier Voinchet est nommé collaborateur de groupe politique aux conseils de Clermont Auvergne Métropole et de la ville de Clermont-Ferrand (63).
Politique
Vincent Caure, chef de cabinet et conseiller spécial du ministre délégué aux transports, Jean-Baptiste Djebbari, a été nommé chef de cabinet adjoint d’En Marche!, selon une information de Politico. Antoine Khaitrine, data analyst à l’Élysée depuis 2019, rejoint EM ! aux mêmes fonctions.
Pierre Le Texier, conseiller, a été promu directeur de la communication de la délégation Renaissance au Parlement européen.
Sarah Zekri est nommée collaboratrice parlementaire de la députée du Var, Émilie Guérel (LaREM).
Gouvernement
Ziad Gebran est promu chef de cabinet, conseiller presse et communication du ministre des outre-mer, Sébastien Lecornu, en remplacement de Paul-Hugo Verdin. Étienne Loos est nommé chef de cabinet adjoint.
Claire-Anaïs Rigagneau, collaboratrice parlementaire depuis 2019, est nommée attachée de presse de la Présidence française de l'Union européenne.
Carmen Borissova-Ebrahim est nommée conseillère en charge de la communication numérique au cabinet de la ministre déléguée chargée de l’industrie, Agnès Pannier-Runacher, où elle était collaboratrice au service presse.
Ce qu’ils deviennent
Loïc Millois, conseiller en charge des ports et des transports maritimes au cabinet de la ministre de la mer, Annick Girardin, est nommé directeur général adjoint transports, infrastructures et mobilités durables au conseil régional des Pays de la Loire.
Helena Robyn, ex-conseillère affaires institutionnelles, parlementaires et élus locaux du secrétaire d’État chargé des affaires européennes, Clément Beaune, est nommée chargée des affaires européennes à la Française des Jeux.
Correctif
Julie Udron, dircom de la ville de Bois d’Arcy (78), a été nommée directrice de la communication, de l’événementiel et de la culture de la ville de Limeil-Brévannes (94) (et non 93, comme indiqué par erreur - la rédaction).