Entourages n°130: Cabinet Prisca Thévenot • Reconversion dans le privé • Réforme territoriale • Recrutements • Nominations
La lettre des métiers politiques
Au sommaire de ce numéro :
⛈️Ambiance électrique au cabinet de Prisca Thévenot : accusations de "harcèlement moral" de la part d'ex-membres du cabinet. Une équipe "qui lui fait vivre un enfer" et "attaque en meute" selon la ministre déléguée : l'ambiance est à l'orage dans le cabinet de Prisca Thévenot, porte-parole du gouvernement. Un déballage public extrêmement rare, alors la porte-parole disait de son équipe, il y a à peine quelques jours, "ce sont aussi des amis, je les salue". Après que six d'entre eux ont quitté leurs fonctions en un mois.
👔Reconversion de collaborateurs d’élus : quand l’ambiguïté du statut vous suit même après avoir quitté le métier. Pour Eric Kragbé, ancien directeur de cabinet, “l'entreprenariat est un sujet à mettre sur la table”. Car la reconversion dans le privé ne se fait pas simplement, et avec les même possibilités que pour les autres salariés. Son témoignage.
🗺️“Réforme territoriale : pour une démocratie locale à l'échelle des bassins de vie” : le nouvel institut Terram propose que les “700 bassins de vie quotidiens des Français qui regroupent 93 % de la population, soient demain les communes.” Une étude qui interpelle à l’approche d’une nouvelle réforme territoriale.
Et aussi du nouveau chez : Open Politics • Anticor • Décodeur de la Com’
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Ambiance électrique au cabinet de Prisca Thévenot
Margot Provot, (conseillère parlementaire et élus locaux), Barbara Frugier (conseillère spéciale), Maxime Boudet (conseiller en charge de l'argumentaire) ont récemment quitté leurs fonctions au cabinet de la porte-parole du gouvernement. On atteint donc six départs de collaborateurs en un mois (lire Entourages n°128). Sept si l’on ajoute la démission du conseiller discours Alexis Bétemps, après que Médiapart ait révélé sa proximité idéologique avec Alain Soral.
Dans un premier temps, Prisca Thévenot a présenté les choses avec une apparente sérénité. Elle indiquait au micro d’Hugo Couturier, qu’ayant “changé de portefeuille, il est normal que j’adapte l’équipe au regard de cela, ce sont aussi des amis, je les salue”. Des mots surprenants, car comme nous l’indiquions sur X, des collaborateurs ne sont pas des “amis”. Cette confusion entre relation professionnelle et personnelle est rarement durable. Si William Elman, son ancien directeur de cabinet, a été recasé rapidement (voir ci-dessous, rubrique “nominations”), ce n’est pas le cas du reste de l’équipe.
Et ce discours va changer radicalement deux jours plus tard : la ministre accuse la direction de son cabinet de lui avoir “fait vivre un enfer” depuis quatre mois et évoque “une attaque en meute”. Plus grave, elle laisse entendre que l’équipe aurait déjà porté préjudice à deux ministres, Elisabeth Moreno et Isabelle Rome : « Aucun homme [ministre] n’a subi ce qu’on a subi ».
Cette défense provoque la réaction outrée de plusieurs collaborateurs que nous avons contactés : “c’est ignoble”, “dégueulasse”, “indigne d’accuser ainsi son équipe”. D’autres évoquent des règlements de comptes entre anciens conseillers et directeurs de cabinet. Un conseiller communication nous indique “ne pas comprendre la stratégie de défense de la ministre déléguée, c’est contre-productif”. L’ambiance est délétère.
Car six anciens collaborateurs se sont confiés au journal Le Monde, et évoquent du «harcèlement moral», des «humiliations répétées», une ministre «manipulatrice», poussant ses conseillers à se confier «pour ensuite utiliser [leurs] points faibles contre [eux]». Des accusations qui ne sont formulés dans les médias qu’extrêmement rarement, les conseillers ministériels n’aimant pas faire les Une, et mettre en péril leur avenir professionnel.
Ces propos pourraient conduire à un procès aux prud’hommes, et rappellent l’affaire Laetitia Avia. [Cette dernière était poursuivie pour harcèlement moral sur sept ex-assistants parlementaires, et a été condamnée à six mois de prison avec sursis et deux ans d’inéligibilité. Elle a fait appel].
Fabrice Pozzoli-Montenay
Reconversion professionnelle : quand le statut de collaborateur est une gêne
Eric Kragbé a créé son cabinet de conseil “Jacobins et Girondins”, après avoir mis fin à son parcours de collaborateur d’élus, comme directeur de cabinet et chef de cabinet. Il suit de près les débats sur les évolutions du statut des collaborateurs ; il nous explique comment l’ambiguïté de ce statut génère du stress et des inégalités, et peut même vous poursuivre après avoir quitté le métier.
-Pourquoi s'exprimer sur la question du statut de collaborateur d'élu ?
D'abord parce que je l'ai été pendant douze ans. C'est une profession qui a beaucoup évolué : elle s'est professionnalisée, il y a une plus grande diversité des profils, un rajeunissement et une féminisation. Mais le statut, par certains aspects, dessert et met en insécurité les titulaires des postes. Ce que chaque collaborateur découvre plus ou moins à ses dépens. C'est un vrai problème.
Le statut très particulier devrait être à la hauteur de l'importance du poste. Or, les jobs de collaborateurs de cabinet sont perçus comme le fait du prince. Alors que l'élu se base sur des compétences, ce métier se trouve très peu reconnu et valorisé, et le statut n'aide pas. Si on ne fait rien aujourd'hui, il y aura de moins en moins de vocations pour les postes. Cela a déjà commencé. C'est une source d'inquiétude. Les collectivités et les élus ont besoin de collaborateurs politiques qui puissent faire le relais entre administrations et élus.
- Une mission d’information au Sénat se penche actuellement sur le statut et les missions des collaborateurs. Quel point vous parait important à aborder ?
Le statut des collaborateurs contient en lui-même de vraies sources de difficultés. J'espère que l'on va aussi se préoccuper des évolutions nécessaires du statut.
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