Entourages n°118 : Reconversion des conseillers ministériels • Myriam Tournoux, le goût des villes • Recrutements • Nominations

La lettre des métiers politiques

Au sommaire de ce numéro :

🎢 L’insaisissable reconversion des conseillers ministériels . Remaniement ! Si certains conseillers vont rejoindre des postes prestigieux, la plupart d’entre eux doivent chercher, expliquer, justifier avant de pouvoir se reconvertir dans le secteur privé. Parfois en passant par la case “chômage”. « La première chose à laquelle tu dois penser, c’est à ta reconversion » : Alexandre Dimeck-Ghione vous raconte ce que vous ne lirez pas sur LinkedIn.

📸Parcours : Myriam Tournoux, le goût des villes. La directrice de la communication du Pré Saint Gervais a aussi été cheffe de cabinet dans des communes dissemblables, avec un goût constant pour la politique de la ville et le lien avec les citoyens.

📆Agenda : association Dircab, Cercle des élus locaux.

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🎢 L’insaisissable reconversion des conseillers ministériels

La vie en cabinet ministériel est un passage. Et pour le conseiller qui ne se destine pas à entrer dans la fonction publique, la reconversion n’est pas aussi simple que l’on imagine. Passage dans le privé, héritage politique, difficile bilan de compétences : dans cette chronique, Alexandre Dimeck-Ghione vous raconte ce que l’on ne raconte pas sur LinkedIn.

Fumerolle blanche. Enfin ! Le gouvernement a été complété. Pour les équipes ministérielles, c’est le jeu du recasage qui commence. En vérité, il a commencé depuis des semaines. D’ailleurs, pour tout conseiller, il doit commencer dès l’instant où la mission débute.
Je le reconnais, j’ai pêché. Par ignorance et par orgueil, je n’ai pas suivi le (véritable) premier conseil que l’on m’ait donné quand j’ai rejoint un cabinet ministériel : « La première chose à laquelle tu dois penser, c’est à ta reconversion ». Cela me semblait cynique et éloigné du sens de l’État, je n’y ai pas prêté attention tout de suite. Quelle erreur.

Récit et réalité

Car c’est probablement le conseil le plus précieux quand on ne bénéficie pas d’une voie de sauvegarde dans la fonction publique post-cabinet, par placement ou par retour.  Surtout si l’on doit se reconvertir dans le privé, où l’on pense qu’on sera accueilli les bras ouverts. « Tu verras, tout le monde te voudra après ! Une expérience en cab ça vaut de l’or ». Le problème, chers amis, c’est que l’on manque d’orpailleurs. Alors bien sûr, il y a les cas médiatisés de untel qui va rejoindre tel grand groupe, ou untelle qui prend la direction générale de cette société très en vue. Mais ce sont les sequoias géants qui cachent la forêt.

Pour tous les ex de cab qui sortez de ministère, vous avez le redoutable honneur de vous inscrire à « France Travail », feu « Pôle Emploi », à l’instar de millions de Français. Sauf que, très clairement vous ne rentrez dans aucune case. La durée du CDD, la nature du contrat, le profil, les recherches … le caractère exceptionnel de votre mission se poursuit jusqu’après sa fin. Heureusement la réactivité des conseillers et conseillères France Travail est exemplaire et nous est d’une aide précieuse pour éviter un faux pas dans notre indemnisation chômage – période qui peut durer plus ou moins longtemps.

«J’ai pris 2 mois pour dormir, voir des amis, surtout voir ma famille. Ensuite j’ai pris 1 mois pour réfléchir à ce que je voulais faire vraiment. Je n’ai pas arrêté de lancer des perches partout pour reprendre un boulot. Après 6 mois à profiter d’un autre rythme mais à ne pas décrocher de job, j’ai commencé à paniquer un peu. On aimait bien mon profil, mais il y avait toujours quelque chose qui clochait. On m’a reproché par exemple de n’avoir pas d’expérience dans le privé. L’image que les gens ont de la politique ne nous aide pas au moment de notre reconversion » (un ex-conseiller).

“Il est sympa Macron ?”

Même si nous restons des collaborateurs, nous incarnons toute la part de fantasmes charriés par les affaires politiques et son univers soupçonné d’être opaque. La culture du secret propre au cabinet n’est d’ailleurs pas le seul inconvénient, la personnalité de l’autorité servie peut également le devenir. Combien d’entre nous avons eu le droit à des questions indiscrètes, impolies voir indécentes sur telle ou telle personnalité politique une fois l’entretien terminé ? Une réponse neutre, polie et ferme permet généralement de s’en sortir.
Parmi les recruteurs et les responsables RH, peu sont ceux qui se figurent ce qu’est une expérience en cabinet.

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