Entourages n°116 : Le mi-mandat, moment de pause et de relance • Les enfants de politiques ne sont plus “hors limite” • Recrutements • Nominations
Entourages n°116 : Le mi-mandat, moment de pause et de relance • Les enfants de politiques ne sont plus “hors limite” • Recrutements • Nominations
La lettre des métiers politiques
Au sommaire de ce numéro :
🍵 Bilan de mi-mandat : allez au-delà de la communication. Les recommandations de Bénédicte Baradel pour faire descendre la pression, ressouder les équipes et se projeter dans l’avenir.
🚸 Quand les enfants de politiques ne sont plus “hors limite”. Affaires Oudéa-Castera, Garrido-Corbière : “Les enfants de politiques deviennent une extension des parents en terme d'image” estime Philippe Moreau-Chevrolet, qui nous fournit sept conseils pour protéger ses proches.
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🍵Bilan de mi-mandat : aller au-delà de la communication
A mi-parcours, et même un peu plus, de ce mandat exceptionnel, c’est l’heure d’un point d’étape. Chacun pense au bilan des réalisations à partager avec les habitants. De mon retour d’expérience des formations que j’anime, avec des élus de communes différentes et en séminaires d’équipe, le besoin va en fait bien au-delà. Voici quatre aspects à mon sens sous-estimés dans cette étape stratégique - Par Bénédicte Baradel, Présidente de Change’R Conseil.
1- Prendre conscience du travail réalisé pour faire redescendre la pression
Depuis plus de 3 ans, les élus sont confrontés à la gestion de crises successives, aux exigences et aux inquiétudes croissantes des habitants, sans parler des injonctions réglementaires changeantes. Ils voient tout ce qui reste à faire, tout ce qu’ils ont le sentiment de ne pas avoir pu accomplir, les difficultés qui les attendent. Ils redoutent de ne pas pouvoir tenir leurs engagements et sont parfois en hyper stress, épuisés, physiquement et psychologiquement. Ce qui génère une tension dans toute la collectivité. Et pourtant ! Faire un “arrêt sur image” permet de retrouver de la perspective et de la relativité.
➡️Effectuer un bilan factuel de ce qui a déjà été réalisé ou au minimum engagé dans cette première partie de mandat ;
➡️Lister ce qui a été mis en œuvre en plus des projets initialement prévus ;
➡️Se remémorer les raisons pour lesquelles certains projets ont pris du retard ou ont évolué différemment des prévisions.
En menant collectivement cette réflexion, les élus prennent conscience de l’ampleur du travail accompli. Ils retrouvent une fierté partagée, et réalisent avoir largement matière à expliquer, argumenter avec les habitants sans se trouver dans la position de l’accusé insuffisamment actif. Cet exercice sort l’urgence du quotidien, fait redescendre la pression et permet d’envisager la suite plus sereinement.
2 - Ressouder les équipes
Le début exceptionnel de ce mandat, en pleine crise du Covid, a mis à mal la cohésion de certaines équipes, les relations entre les élus, et avec les services administratifs.
Des éléments ont fortement handicapé l’embarquement des élus : ne pas pouvoir former correctement les nouveaux élus en début de mandat ; ne pas avoir les échanges informels qui contribuent à la fluidité des relations ; être constamment sous la pression de l’urgence des situations de crise. On en ressent aujourd’hui les conséquences en termes de cohésion.
Un fossé entre l’exécutif – maire et adjoints – et les conseillers municipaux, souvent moins disponibles, a pu se creuser par la force des crises. Les décisions rapides, voire changeantes, ont pu se traduire par un leadership directif pas toujours bien vécu, et n’ont pas toujours laisser pas le temps à la concertation. En parallèle, certains maires/adjoints ont le sentiment de trop porter seuls et aimeraient une meilleure implication des autres élus, qui eux-mêmes ne savent pas toujours comment prendre leur part.
Ce bilan à mi-mandat doit aussi concerner le fonctionnement de l’équipe, voire des équipes. L’enjeu est que chacun puisse exprimer ses ressentis, ses besoins, ses interrogations, pour identifier les non-dits ou les incompréhensions. Et pour que ce soit vraiment utile, il faut clarifier, voire mettre en place, des principes de fonctionnement, de communication, des circuits d’information et de décision connus et acceptés. L’objectif est que chacun trouve sa place et sache comment procéder pour mener à bien les projets de la collectivité.
3-Se projeter sur l’avenir et reprendre la main sur le temps
Six ans, c’est à la fois très long et très court. Très court pour mener à bien ses projets. Très long à gérer, a fortiori dans une société vivant de plus en plus dans l’immédiateté. Pour ne pas se faire manger par le quotidien et les urgences, l’enjeu est d’anticiper les grandes échéances et de planifier la seconde partie de mandat en priorisant les projets. Cette étape est clé, d’autant plus que dans la réalité, ce sont aujourd’hui presque les 2/3 de ce mandat municipal qui sont écoulés. Procéder à ce travail aura au moins 3 vertus :
➡️Dépasser les enjeux de personnes pour ressouder la cohésion des équipes du projet ;
➡️Permettre à l’administration de faire ou de réviser son plan de travail à parti du cap et des échéances donnés par les élus ;
➡️Au-delà de la liste du programme et des problèmes du quotidien, partager avec les habitants sa vision pour sa ville à moyen terme. Et là aussi on retrouve du sens.
Et si de réels choix doivent être faits, avec d’éventuels renoncements à des projets, la pédagogie et la concertation dans la décision seront essentielles pour préserver la cohésion des équipes.
4-Porter collectivement le bilan et le projet
Quand on parle de communication, on pense souvent au print et au digital. Bref, aux supports. On oublie parfois que le premier vecteur de communication est l’échange, la relation directe. Écouter et discuter avec ses interlocuteurs permet de mieux comprendre leurs attentes, leurs sujets de préoccupation, les éventuelles méconnaissances ou incompréhensions. C’est l’opportunité d’adapter son discours, voire son action, pour rester en phase avec la population.
La communication institutionnelle ne pourra pas suffire à elle-seule. Quel meilleur vecteur de communication, quels meilleurs ambassadeurs que les élus, par leur présence sur le terrain ? D’où l’importance, en cohérence avec les points précédents, que le bilan soit établi et réellement porté collectivement, que les messages clés soient clairs, compris, partagés. L’enjeu est que les élus incarnent cette action en parlant d’une seule voix.
Bénédicte Baradel
Présidente de Change’R Conseil
Formatrice d’élus – Coach professionnelle certifiée
🚸Communication politique : quand les enfants ne sont plus "hors limite"
Depuis quelques années, les enfants d’élus se trouvent de plus en plus exposés. Nous avons interrogé Philippe Moreau-Chevrolet, président de MCBG Conseil, sur l'attitude à adopter, et les précautions à prendre.
-De récentes polémiques ont poussé des enfants de ministres et d’élus sous les feux médiatiques. Y-a-t-il une évolution vers plus d’exposition ?
Les enfants font maintenant partie de l'image des hommes politiques. Ce n'est plus un monde à part, alors qu’ils faisaient partie de la sphère privée. Avec la ministre Oudéa-Castera et les Garrido-Corbière, c'est la première fois que l'on a des dérapages graves, préjudiciables pour la famille comme pour l'enfant. Les enfants deviennent une extension des parents en terme d'image, il faut en tirer les leçons. Les protéger, les encadrer, et rappeler aux médias que ce n'est pas un terrain de jeu pour eux. Et qu’il y a une loi en France assez restrictive. L'utilisation polémique est problématique. On va utiliser ce que les enfants ont fait, leurs positions, pour attaquer les parents. C'est aujourd'hui assumé, alors que ce ne l'était pas.
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