Entourages n°105 : Comment construire votre avenir professionnel ? • Lobbies, dircabs et associations : les précautions à connaître • Recrutements • Nominations
La lettre des métiers politiques
Cette semaine dans Entourages :
🔮 Quel avenir professionnel pour les collaborateurs d’élus ? Les réponses de Bénédicte Baradel, spécialiste de la transition professionnelle
👨⚖️👩💼Influence, lobbies et cabinets d’élus : les territoires, un terrain à conquérir. Depuis la crise du Covid, les représentants d’intérêts ont senti le besoin d’être plus présents en dehors de Paris, et de toucher plus finement les décideurs locaux. Parfois en passant par des associations. Que faut-il déclarer ?
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Collaborateur d’élu, comment construire son avenir professionnel ?
Entre le stress quotidien, les échéances électorales, la relation particulière avec “son” élu(e) , il est souvent difficile pour les collaborateurs d’élus de se projeter dans le futur. Et ils se retrouvent trop souvent décontenancés une fois sur le marché du travail. Comment préparer sa carrière ? Quelles questions se poser ? Par Bénédicte Baradel, spécialiste de la transition professionnelle.
-De nombreux collaborateur(ice)s d’élus s’interrogent sur leurs envies d’évolution professionnelle, ce qu’ils peuvent faire « après ». Qu’auriez-vous envie de leur dire ?
Bénédicte Baradel : C’est un métier qui requiert des compétences techniques, mais aussi du savoir être, et je pense beaucoup de psychologie. C’est ce que j’appelle de l’intelligence situationnelle : savoir s’adapter à une diversité d’interlocuteurs, avoir une vision globale d’un sujet et savoir en saisir les interactions. C’est un métier transversal, généraliste, qui ne rentre pas dans les cases de « l’expertise », qui le rend compliqué à expliquer à des profanes. C’est également difficile d’identifier ses « compétences transposables » quand on a envie de faire autre chose. Par ailleurs, le même intitulé de fonctions ne recouvrira pas le même travail. Tout dépend de ses propres appétences, des attentes de ses élus, des circonstances.
-Comment préparer son évolution ?
Tout d’abord, il est important de construire la bonne adéquation avec son(es) élu(s). Sinon cela peut se traduire par des incompréhensions, des frustrations, voire un licenciement, avec le risque de reproduire les mêmes erreurs si on n’identifie pas le problème. Cela peut ainsi créer une méfiance de la part des recruteurs et/ou un sentiment d’échec difficile à gérer dans ses recherches de postes ultérieures. Pour moi élu-collaborateur c’est comme un couple qui se construit et évolue avec le temps. D’où l’importance de savoir qui on est, ce qui nous donne envie de nous lever le matin, ce qu’on va apporter dans son poste. Et surtout de bien comprendre les attentes de son élu pour y répondre, car c’est au collaborateur à s’adapter à son élu, et pas l’inverse !
Par ailleurs, les attentes d’un élu peuvent évoluer au cours du mandat (voir l’article “Avec les députés novices, le rôle déterminant des collaborateurs parlementaires”).
Il est donc essentiel d’apporter la bonne compétence au bon moment, par exemple pour aider de nouveaux élus dans leur prise de fonction. Mais une fois qu’ils se sont appropriés les savoir-faire, ils n’ont plus forcément le même besoin d’accompagnement. L’enjeu par conséquent est de savoir changer de posture, et d’axer son travail sur les besoins réels : stratégie ? communication ? médiation pour faire travailler ensemble des profils différents ? réseau relationnel pour ouvrir des portes à son élu ? Avoir clarifié ces éléments permet aussi de préparer sa propre évolution en ayant identifié ses forces, ses limites et ses points de vigilance.
-Quelles sont donc les évolutions possibles ?
Pour faire simple, je dirais 3 types d’évolutions possibles :
- Verticale : on prend de nouvelles fonctions, par exemple passer de conseiller technique à directeur adjoint de cabinet ; et/ou on travaille avec un élu à responsabilités plus importantes et/ou on arrive dans une collectivité d’une strate supérieure.
- Latérale : on conserve le même type de métier qu’on va exercer dans un autre secteur, par exemple un organisme dans le parapublic.
- De rupture : changement complet, par exemple en rejoignant une entreprise privée. C’est l’évolution la plus importante, que je conseillerais de préparer soigneusement, éventuellement en plusieurs étapes. Car pour sécuriser son parcours, il faut changer une chose à la fois : quand on change de métier on ne change pas de secteur ; quand on change de secteur on ne change pas de métier.
Pour réussir ces évolutions, il importe de bien comprendre les attentes de ces différents environnements et fonctions, déjà pour confronter ses représentations à la réalité, et ensuite valider ses envies et compétences. Par exemple la réalité d’un collaborateur parlementaire à Paris et celle d’un autre en circonscription n’est pas la même. Par ailleurs, un collaborateur parlementaire travaille de manière étroite avec son parlementaire, alors que dans une collectivité territoriale existe un cabinet, avec une hiérarchie et une coordination par le directeur de cabinet. Il conviendra à mon sens de bien appréhender ces différentes réalités pour se positionner correctement, et construire les bonnes alliances dans sa stratégie de recherche de poste puis dans l’exercice de ses fonctions. Passer uniquement par les élus en négligeant leur entourage me parait une erreur psychologique.
Cette bonne compréhension est également essentielle pour rédiger un CV approprié, mettant en avant ses expériences et motivations en adéquation avec les prérequis du poste. Car un CV n’est pas une fiche de poste. Il doit permettre au recruteur de se projeter avec le candidat dans le poste futur.
-Il est parfois difficile d’anticiper dans ces métiers, où la pression du quotidien est forte, et la précarité la règle.
Tout dépend bien sûr si l’on est confronté à la nécessité de changer très rapidement ou si l’on se donne le temps de construire une évolution. Pour ma part, j’ai toujours essayé d’être dans l’anticipation, car un collaborateur d’élu est confronté entre autres aux inconnues des échéances électorales. Sans compter l’usure physique et morale de ce métier ! De plus, en cas de grand changement politique, tout le monde se trouve sur le marché en même temps, avec des opportunités qui se réduisent. J’ai été marquée de voir en 2012 certaines personnes mettre 2 ou 3 ans avant de retrouver un poste satisfaisant. Sans parler du turn-over sans précédent des collaborateurs à l’Assemblée Nationale ces dernières années !
Pour se préparer, je dirais là aussi de procéder en plusieurs étapes.
-Tout d’abord être au clair avec soi-même sur ses envies, ses valeurs, ses forces, sa proposition de valeur, ses cibles, ce que l’on veut, ce que l’on ne veut pas ou ce que l’on ne veut plus ;
- S’ouvrir à de nouveaux horizons en se renseignant sur les options possibles et les réalités, celle du poste, du secteur d’activité, de l’environnement de travail, du marché du recrutement dans ce domaine. Pour cela la démarche réseau est essentielle, et elle s’inscrit dans la durée.
- Préparer ses outils de recherche, notamment : un CV avec un projet professionnel clair ; un profil LinkedIn adéquat ; un pitch bien rodé pour ses entretiens réseau.
- Activer intelligemment son réseau avec une stratégie claire.
C’est un travail interactif entre ces différents éléments, pour lequel les regards extérieurs sont les bienvenus. Pour ma part, je me suis toujours fait accompagner par des professionnels dans cette réflexion car seul on peut tourner en rond. Ou alors nos amis projettent sur nous leurs propres représentations, qui ne correspondent pas toujours à nos envies ! Des accompagnements peuvent être pris en charge par son employeur ou par d’autres moyens, pourquoi s’en priver ?
Réfléchir à son avenir en étant en poste, sans urgence, permet aussi de prendre du recul et de faire la part des choses entre les énervements du quotidien et les éléments plus structurants, nécessaires à son épanouissement personnel et professionnel.
Bénédicte BARADEL est coach consultante Pôle public Group’3C et présidente de Change’R Conseil
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